Cinéphile m'était conté ...

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Oldies


Faisceau de vieux films (Juin/4)

Wives (Hustruer), Anja Breien, 1975

Wives, réponse directe au Husbands de Cassavetes, est un marqueur dans le cinéma norvégien, et connut même deux suites, avec les mêmes réalisatrice et actrices, 10 et 20 ans plus tard. Le film laisse une grande place aux improvisations des comédiennes, dans cette virée dans les rues d'Oslo où trois femmes mariées oublient pour une journée maris, enfants et routine. Trois femmes en liberté pour un film qui évoque sans lourdeur la condition féminine des années 70, dans un style direct inspiré du cinéma de la Nouvelle vague française. 

 

La dame de Constantinople (Sziget a szarazföldön), Judit Elek, 1969

Pionnière du cinéma direct et membre du jeune cinéma hongrois, qui s'affirme au début des années 60, Judit Elek réalise son premier long métrage de fiction en 1969. Proche du documentaire dans la description de la vie dans un immeuble surpeuplé de Budapest, le film s'attache à la solitude d'une vieille femme qui vit dans ses souvenirs et recherche un logement plus petit mais surtout plus calme. Dans cette quête un peu triste, une longue scène de fête dans son appartement bondé percute son quotidien dans une veine absurde, entre Tati et Fellini.

 

Le silence autour de Christine M. (De stilte rond Christine M.), Marleen Gorris, 1984

C'est l’histoire de trois femmes ordinaires, qui ne se connaissaient pas et qui ont assassiné le gérant d’une boutique de prêt-à-porter. Un geste inexplicable et sauvage  qu'une psychiatre tente de comprendre en discutant avec les meurtrières. Le film est une véritable déclaration de guerre féministe, pas la seule dans le cinéma des années 70 et 80, mais avec une véritable puissance réaliste et provocante destinée au débat et aux réactions indignées des tenants du patriarcat. Un film porté par une rage intérieure et des rires tonitruants pour se venger d'années d’offenses et d’humiliations quotidiennes vécues par les femmes. Impressionnant !

 


24/06/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/3)

Les tambours de la pluie (Yoru no tsuzumi), Tadashi Imai, 1958

Encore un excellent film du prolifique Tadashi Imai, réalisateur talentueux mais largement oublié. Dans le Japon du début du XVIIIe siècle, un samouraï revient d'Edo, où il a séjourné longtemps, et découvre qu'une rumeur persistante fait état d'une infidélité de son épouse avec un joueur de tambour. C'est presque à une enquête de polar que nous convie le scénario, pour savoir si les faits sont avérés, à travers plusieurs flashbacks. Rien à voir avec Rashomon du point de vue de style mais une belle illustration du code moral chez les puissants de l'époque, dans un mélodrame que l'on ne peut s'empêcher de trouver ironique, sachant que Imai n'a jamais caché son tempérament de gauche. Mais la veine reste réaliste, avec une interprétation impeccable et une atmosphère à couper au sabre. 

 

Les fleurs et les vagues (Hana to dotô), Seijun Suzuki, 1964

Un Suzuki plein jusqu'à la gueule de combats, de yakuzas, de geishas, d'ouvriers exploités et de morts violentes mais plutôt chiche en fleurs et en vagues. Qu'importe, et même s'il règne une certaine confusion dans une grande partie du film, tout débouche sur une histoire d'amour mélodramatique et forcément contrariée. D'une virtuosité élégante, ce Suzuki-là donne du grain à moudre à la réflexion, avec une belle brochette de personnages bien campés, en particulier ceux de la geisha et de la serveuse. 

 

Calendrier de femmes (Onna no koyomi), Seiji Hisamatsu, 1954

Comme 24 prunelles de Kinoshita, Calendrier de femmes est adapté d'un roman de Sakae Tsuboi, les deux films se déroulant au sud du Japon, sur l'île de Shôdoshima. C'est l'histoire de retrouvailles entre 5 soeurs, les deux plus jeunes étant les seules célibataires et vivant sur leur lieu de naissance. Rien d'extraordinaire ne se passe : les trois mariages sont plutôt malheureux, pour des raisons diverses, et aucune de ces femmes ne vit dans le confort. Mais l'on ressent la chaleur humaine entre elles, dans ce charmant film doux/amer qui laisse des pistes ouvertes pour comprendre chacune d'entre elles, notamment l'une des deux qui est célibataire et qui n'est pas décidée à changer de situation. 

 


21/06/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/2)

L'Occupation en 26 images (Okupacija u 26 slika), Lordan Zafranović, 1978

rois jeunes hommes : un Croate, un Italien et un Juif – sont les meilleurs amis du monde à Dubrovnik, avant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque leur pays est occupé par les Allemands et leurs complices, en 1941, la ville idyllique devient un lieu de terreur et de massacres atroces. L'Occupation en 26 images est le film le plus connu de Lordan Zafranović, présenté à Cannes en 1979, et interdit pendant plusieurs années après l'indépendance de la Croatie, en 1991. Il est vrai qu'y est évoquée une période peu glorieuse de l’État fantoche de Croatie, créé sous le contrôle des puissances fascistes. De la douceur de vivre d'avant-guerre à l'horreur des exactions à l'encontre des Serbes, des Juifs et des communistes, le film marque surtout par certaines scènes atroces mais déçoit un peu, par un montage pas toujours fluide.

 

La vallée de la paix (Dolina miru), Ftance Štiglic, 1956

Deux petits orphelins fuyant la guerre, un aviateur américain, un cheval blanc, des Allemands armés jusqu'aux dents et des partisans qui jouent un peu le rôle de la cavalerie dans les westerns. La guerre vue à hauteur d'enfants, un conte tragique et naïf, sorte de version slovène des Jeux interdits. Parfaitement réalisé, avec du doigté pour ne pas sombrer dans le sentimentalisme, La vallée de la paix, primé à Cannes 57 par le Prix d'interprétation masculine, est l'un des films majeurs de l'excellent France Štiglic et un classique indémodable du cinéma yougoslave.

 

La jeune fille (Devojka), Mladomir Đjorđević, 1965

Guerre et amour : un duo fréquent au cinéma et, en particulier, dans le cinéma yougoslave. 1965 y fut une année marquante avec Trois de Petrovic, le premier long métrage de Makavejev et Devojka de Djordevic. Un film allégorique, non linéaire et poétique qui fit impression à l'époque de sa sortie, avec ses 4 récits imbriqués, voix off comprises, autour de la romance tragique entre une jeune paysanne et un partisan. Aujourd'hui, sa construction déstructurée semble un peu trop maniérée.

 


09/06/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/1)

La 359e section (A zdori zdes tikhie), Stanislav Rotsotsky, 1972

Quel est donc le benêt qui a osé changé le titre original de Ici les aubes sont calmes pour l'impersonnel La 359e section ? Réalisé par Stanislav Rotsotsky, amputé de guerre, le film montre un épisode que Radio Moscou aurait pu qualifier de "combat d'intérêt local", expression ironique au vu de cui est raconté, avec, au premier plan, cinq  jeunes soldates russes, sous les ordres d'un adjudant-chef, aux prises avec une escouade de 16 allemands, dans la taïga profonde, qui se révélera mortelle. Clairement divisé en deux parties, le film ne démarre pas très bien avec des flashbacks en couleur un peu niais mais, une fois la présentation des combattantes achevée, le métrage prend vraiment son essor et captive de manière continue. C'est bien entendu un film patriotique mais sans excès, voire subtilement critique, qui rappelle, s'il en était besoin, à quel point l'URSS a versé son sang contre la barbarie.

 

Romance des amoureux (Romans o vlyublyonnykh), Andreï Kontchalovski, 1974

Entre Oncle Vania et Sibériade, Romance des amoureux montre l'éclectisme d'Andreï Kontchalovski. Dans ce remake très libre des Parapluies de Cherbourg, adapté au contexte de l'URSS du début des années 70, les amoureux s'expriment en vers et l'on y entonne des chansons, dans un style assez agressif, d'ailleurs. Rien à voir avec Michel Legrand, donc, et une intrigue trop simple pour séduire, avec l'éternelle histoire du fiancé disparu qui resurgit et s'aperçoit que sa dulcinée s'est mariée. Parti, revenir, pleurer. Quant au côté patriotique, assez présent, il est possible qu'il soit passablement ironique.

 

Le cheval qui pleure (Dorogoi tzenoi), Mark Donskoï, 1957

Mark Donskoï est surtout pour sa trilogie autour de Gorki. Le cheval qui pleure a lui les contours d'un conte, dans l'Ukraine et la Bessarabie de 1830, le Danube séparant des territoires où le servage est pratiqué, dans l'un et non dans l'autre. Histoire d'amour de de fuite, avec une vision très poétique et naïve, le film a beaucoup vieilli, notamment dans sa description stéréotypée des populations tziganes. Les histoires d'A finissent mal en général, et en particulier ici.

 


02/06/2025
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Faisceau de vieux films (Mai/2)

Balada o trobenti in oblau, France Štiglic, 1961

Le cinéma yougoslave s'est nourri longtemps d'histoires de partisans, que cela soit sur le mode réaliste, lyrique ou ... hallucinatoire, comme c'est le cas dans La ballade d'une trompette et d'un nuage. Un film funèbre avec un traître, une jeune fille pure, un vieillard qui s'engage enfin, mais bien trop tard. Et le chant des partisans qui s'élève dans les ténèbres, mélodie d'outre-mort alors que la nuit de Noël s'annonce, sinistre.

 

Une jeune fille étrange (Čudna devojka),  Jovan Živanović, 1962

Ce portrait de jeune femme, qui se jure de ne plus tomber amoureuse, après la fin douloureuse d'une liaison, brille par la vivacité de ses dialogues. Le récit manque parfois de clarté mais la mise en scène alerte et l'interprétation de son actrice principale, Spela Rozin, laquelle, d'ailleurs, tourne toujours en 2025, contribuent à dessiner un portrait réaliste de la vie à Belgrade, au début des années 60.

 

Lilika, Branko Pleša, 1970

Chronique d'une enfance saccagée. La petite voleuse, rejetée par sa mère, n'est pas aimée et se dirige tout droit vers une institution pour mineurs, autrement dit une forme de prison, pour la domestiquer. Narrativement éclaté, le film fait preuve d'une grande liberté, tentant de tirer un peu de poésie d'un univers sordide. Léopard d'or au Festival de Locarno. Sa licence stylistique fait beaucoup moins impression qu'à l'époque de sa sortie.

 


22/05/2025
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Faisceau de vieux films (Mai/1)

Le couple humide (Nureta futari), Yasuzô Masumura, 1968

La 19ème collaboration de Ayako Wakao avec Yasuzô Masumura est sans doute l'une des moins probantes mais elle reste la raison première de regarder Nureta futari, dont le titre français, Le couple humide, essaie de retranscrire son atmosphère charnelle. L'histoire d'adultère qui tient lieu de seule intrigue est peu crédible, eu égard au grotesque du comportement de son amant, être fruste, qui n'a de cesse de brutaliser ses conquêtes. Masumura tournait trop dans la fin des années 60, à cause de la pression des studios, avec la concurrence de la télévision. Mais un film à moitié raté de sa part vaut toujours mieux qu'un réussi de beaucoup d'autres cinéastes, surtout quand il y a la divine Ayako dedans.

 

Désirer, en toute saison (Shiki no aiyoku), Kô Nakahira, 1958

Habituellement, dans le genre "haha-mono', les mères souffrent des dysfonctionnements familiaux. Désirer, en toute saison en représente une satire, avec une femme de 48 ans qui mène une vie dissolue, au grand dam de ses enfants. Mais ces derniers, deux sœurs et un frère, sont loin d'être irréprochables, entre tromperies et comportements erratiques. Kô Nakahira, décidément un réalisateur à (re)découvrir, s'amuse à entrelacer plusieurs intrigues et de multiples personnages, sans jamais nous faire perdre le fil. De Tokyo à Nasu, en passant par Utsunomiya, les allers et retours sont fréquents, dans des péripéties sentimentales orchestrées avec une belle vivacité et un certain sens de l'ironie quant aux actes inconséquents dont sont capables les êtres humains, quand ils sont amoureux, ou pas.

 

Shiosai, Kenjirô Morinaga, 1964

Inspiré d'un livre de Yukio Mishima, Shiosai est une inoffensive bluette qui fleure bon l'iode. Son aspect documentaire, autour de la vie simple de pêcheurs sur une île, relève un peu le récit sentimental d'une idylle empêchée par la rumeur et un père revêche. mais l'on se doute bien vite qu'il ne s'agit pas d'une tragédie et que les bons triompheront et se marieront alors que les méchants n'en sont pas de véritables, dans cette petite communauté solidaire où le courage et l'humilité sont toujours récompensés.

 


17/05/2025
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Faisceau de vieux films (Avril/4)

Femmes de tokyo (Onna no saka), Kôzaburô Yoshiwara, 1960

Nonobstant son titre, Femmes de Tokyo se déroule presque intégralement à Kyoto. Porté notamment par la vive Mariko Okada et le ténébreux Keiji Sada, le Gregory Peck japonais, le film trace le portrait de Aeki, jeune femme qui a repris la vieille confiserie familiale. Son histoire d'amour avec un artiste marié et ses relations avec sa mère et son oncle, concurrent de sa petite entreprise, contribuent à rendre le long métrage mélancolique, dans son interrogation sur le statut de la femme japonaise, au début des années 60. Avec un montage tranchant et une mise en scène constamment élégante, Yoshimura délivre un petit film exquis, sans fioritures.

 

Le vent, encore (Kaze futatabi), Shirô Toyoda, 1852

En dépit de la finesse de la mise en scène de Shirô Toyoda et de la qualité de l'interprétation, avec notamment Setsuko Hara, Le vent, encore est un film mineur, une sorte de comédie romantique, avec quelques rebondissements et un épilogue prévisible. L'héroïne, jeune divorcée, doit en effet choisir entre un garçon de son âge, qui va exercer son métier de scientifique à Hokkaido, et un homme plus âgé, veuf et décidé à se remarier. Le long métrage est assez lisse et les seconds rôles pas vraiment valorisés.

 

Le tambour brisé (Yabure-daiko), Keisuke Kinoshita, 1949

Le cinéma de Kinoshita peut-être franchement mélodramatique ou glisser vers la comédie, comme dans Le tambour brisé, portrait d'un tyran domestique dont le pouvoir de nuisance sur ses 6 enfants et son épouse ne cesse de s'affadir, en même temps que son entreprise de construction se dirige vers la faillite. Le ton est à la gaieté, à la farce, même, parfois, mais le sujet, en lui-même, évoque les temps difficiles du Japon, quelques années après la capitulation, et une remise en question de la famille, jusqu'alors soumise à la figure autoritaire du père. Ce n'est pas l'un des meilleurs Kinoshita et comporte quelques longueurs mais on y retrouve la bienveillance du cinéaste envers ses personnages, avec la capacité qu'il leur donne à devenir plus humains.

 


29/04/2025
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Faisceau de vieux films (Avril/3)

Frénésie d'été (Frenesia dell'estate), Luigi Zampa

Un film choral très anecdotique qui n'ajoute rien à la gloire de Luigi Zampa, avec plusieurs petites histoires dont aucune ne mériterait un court-métrage. Il y a cependant quelques scènes amusantes et d'autres un peu plus gênantes, notamment en lien avec l'homosexualité. Les hommes sont dans l'ensemble couards et les femmes semblent les préférer plus idiots et hâbleurs que la moyenne. Un peu de piment avec de belles actrices dont une adorable Michèle Mercier mais Vittorio Gassman est, pour une fois, peu inspiré dans un rôle guère valorisant. Une comédie italienne à marée basse.

 

Sluzbeni polozaj, Fadil Hadzic, 1964

Le quatrième film de Fadil Hadžić se déroule dans une entreprise de l'industrie textile, dont le directeur commercial manipule les comptes, tout en corrompant ses collègues et en s'enrichissant lui-même. Nul doute qu'ici le "méchant" est particulièrement réussi dans un récit agencé avec une maîtrise de tous les instants. Les dialogues sont cinglants et l'idéal communiste bien écorné ("Mercure, dieu du commerce, n'avait pas lu Marx", peut-on entendre). Un classique du cinéma yougoslave au discours politique et social sans fioritures.

 

Chemie und Liebe, Arthur Maria Rabenalt, 1948

Réalisé en 1948 pour le compte de la DEFA, créée deux ans auparavant dans la zone allemande soviétique, Chemie und Liebe est un pur produit anti-capitaliste. Son côté propagandiste se marie assez subtilement à un style rapide, hérité des comédies américaines, avec un point de départ détonant : l'invention d'un chimiste, qui a réussi à transformer l'herbe en beurre, en se passant du lait des vaches. Incongru, de même que la présence d'un narrateur qui agit dans la peau de différents personnages. Délirant, mais pas trop, cela reste un objet de curiosité et de divertissement, loin de l'excellent niveau de certains films postérieurs de la DRFA, signés Staudte ou Maetzig, par exemple.

 


29/04/2025
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Faisceau de vieux films (Avril/2)

Condenados, Manuel Mur Oti, 1953

Troisième long métrage de Manuel Mur Oti, Condenados a été tourné après son meilleur film, Cielo negro. Ce drame rural d'une puissance visuelle certaine s'engage sur le chemin du mélodrame rural avec force mais la musique omniprésente de Beethoven, le surjeu occasionnel de Aurora Batista et un dénouement tragique trop attendu plombent quelque peu l'intérêt, bien que l'ensemble soit plus que décent dans sa noirceur, se critique sociale sous-jacente et son érotisme latent. Entre expressionnisme et néo-réalisme, son style seul suffit à en faire un classique du cinéma espagnol sous Franco, dont on sent bien les efforts pour ne pas irriter la censure de l'époque.

 

Les cruelles (Las crueles), Vicente Aranda, 1969

Wikipédia présente Les cruelles, parfois appelé Le cadavre exquis, ce qui lui convient mieux, comme un giallo. Voire. On est plus proche d'un Chabrol pervers et riche en sous-entendus. Le désir et la vengeance sont deux des moteurs du cinéma de Vicente Aranda et c'est ici le cas avec les mésaventures d'un coureur de jupons qui reçoit des colis macabres par la poste. C'est presque un film #Metoo avant la lettre qui flirte avec le fantastique, tout en évoquant sans fausse pudeur le lesbianisme. D'excellentes et belles actrices participent à un casting international : Capucine, Judy Matheson, Teresa Gimpera, et compensent l'interprétation assez fade du héros malmené, Carlos Estrada.

 

L'amour sorcier (El amor brujo), Francisco Rovira, 1967

De près de 20 ans antérieur à la version de Carlos Saura, le film de Francisco Rovira ne fait guère preuve d'inventivité mais se laisse voir, faute de mieux, pour ses parties dansées bien que son flamenco soit dépourvu de flamme. Dans le rôle de la belle de Cadix, hantée par le fantôme maléfique et grossièrement insistant de son ancien amant, la dénommée La Polaca, à la carrière plus fournie en tant que chanteuse et danseuse qu'actrice, séduit par sa beauté canaille. C'est beaucoup grâce à elle si le film reste à peu près regardable, et évite de sombrer dans une léthargie profonde.

 

 


15/04/2025
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Faisceau de vieux films (Avril/1)

Les bandits (Llanto por un bandido), Carlos Saura, 1964

Les bandits précède de deux ans le premier grand film de Carlos Saura, La chasse. Déjà, le film intrigue par son casting international peu adapté pour un récit profondément espagnol, autour d'un célèbre bandit du XIXe siècle, qui sévissait en Andalousie. Si Francisco Rabal tient son rang, vaille que vaille, Lino Ventura disparaît très vite, après un début musclé, et Lea Massari joue la femme soumise à son homme, de manière peu convaincante. La dimension politique existe mais se perd dans une confusion narrative, à peine stimulée par des airs populaires, chantés façon flamenco.

 

Stress es tres, tres, Carlos Saura, 1968

Tourné entre Peppermint frappé et La Madriguera, Stress es tres, tres reprend la thématique du couple, à travers le triangle classique : le mari, la femme et l'ami, potentiel amant. Saura livre une intrigue linéaire, lors d'un déplacement en voiture, entre Madrid et Almeria, cependant symbolique du mode de vie de la bourgeoisie en période franquiste. Mais c'est bien la jalousie maladive d'un homme à qui tout réussit qui est traqué par le cinéaste, via son voyeurisme et sa paranoïa, laquelle culmine dans l'une des toutes dernières scènes du film. En l'absence de réel rupture de rythme, le film manque un peu de vista mais rejoint, par sa minutie et sa cruauté sous-jacente, les premiers longs-métrages de Polanski. Geraldine Chaplin, affublée d'une perruque blonde, n'a pas de mal à exister face aux deux machos typiques qui l'entourent.

 

No es bueno que el hombre esté solo, Pedro Olea, 1970

S'il est naturel de penser à Grandeur nature de Berlanga (pour la poupée), d'un an postérieur, et évidemment à Psychose, d'Hitchcock, le film de Pedro Olea, cinéaste peu connu en dehors d'Espagne, possède cependant sa propre identité. Entre mélodrame, suspense et humour noir, le long métrage dégage une atmosphère malsaine, encore accentuée par la grisaille du climat de Bilbao, ville d'origine du réalisateur. Dans le rôle principal, José Luis López Vázquez, est absolument fabuleux. La critique franquiste, qui n'était visiblement plus ce qu'elle était en 1973, ne s'est apparemment pas émue de toutes les connotations sexuelles (et même homo) et perverses de ce film d'une grande maîtrise dans sa folie.

 


01/04/2025
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