Cinéphile m'était conté ...

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Oldies


Faisceau de vieux films (Août/1)

Une jeune fille à la dérive (Hikô shôjo), Kirio Urayama, 1963

Si Kirio Urayama est aussi peu connu parmi les cinéastes japonais de sa génération, c'est avant tout pour

le caractère peu prolifique de son œuvre, 9 longs métrages seulement, et sa-disparition prématurée, à

moins de 55 ans. Qui plus est, le réalisateur est assez à part dans l'univers de la Nouvelle vague japonaise.

Comme dans son précédent et premier film, La ville des coupoles, Une jeune fille à la dérive possède un

fort arrière-plan social, mais ne néglige pas non plus la veine romanesque, voire mélodramatique, à l'instar

des grands films nippons des décennies précédentes. Ce conte cruel de la jeunesse a comme fil rouge une

histoire d'amour sinueuse que l'environnement des deux tourtereaux, de même que leur tempérament

révolté, rendent compliqué. Plus fluide que son premier film, Une jeune fille à la dérive, bénéficie d'une mise

en scène particulièrement brillante dans les instants intimistes et presque embarrassants, comme celui du

café de la gare, au milieu de voyageurs qui n'en peuvent mais.

 

Le mur du silence (Sonokabe wo kudake), Kô Nakahira, 1959

Encore un excellent film de Kô Nakahira, noir, en l'occurrence, sur un scénario de Kaneto Shindô. Une

histoire de faux coupable, cela, on le sait d'emblée, qui aura toutes les peines du monde à être innocenté,

avec notamment la police locale qui n'en démord pas et a trop peur de se ridiculiser. Il faut admirer les

changements de perspective du récit, le personnage principal n'étant pas celui que l'on croyait, la mise en

scène aussi l'aise dans les scènes de procès que lors d'une formidable course-poursuite et, enfin, une

interprétation de haute tenue. Le suspense est relatif, car le dénouement ne saurait être autre, mais la

manière d'y parvenir est presque digne d'un Hitchcock. L'émotion n'est pas absente, loin de là, et la

dernière scène, rageuse, évite le cliché du happy end, avec une certaine jouissance. Le mur du silence est

le douzième film de Nakahira en trois ans, depuis ses débuts avec le mémorable Passion Juvénile.

 

Kiku et Isamu (Kiku to Isamu), Tadashi Imai, 1959

Sauf erreur, Kiku et Isamu est le premier film à évoquer le sort des enfants nés d'un père américain et d'une

mère japonaise, après la guerre. Une fille et un garçon différents, métissés, élevés par une grand-mère en

mauvaise santé, dans un petit village. De racisme, il en est évidemment question, à travers le regard cruel

des enfants et celui, curieux et hypocrite, des adultes. Mais le film ne se complait pas seulement à cette

illustration de l'intolérance, il s'attache aussi à la personnalité profonde de Kiku, la grande fille au physique

robuste, qui ne veut pas émigrer en Amérique, comme son petit frère, et s'efforce d'assumer sa féminité et

d'envisager son destin dans son pays natal, quelle qu'en soit la dureté. Un récit d'apprentissage autant,

voire plus, qu'un pamphlet contre le racisme, telle est la nature de ce film qui correspond à la traditionnelle

veine humaniste et sociale de Tadeshi Imai.

 


11/08/2025
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Faisceau de vieux films (Juillet/1)

Chronique des années de braise (Waqa'i' sanawat ed-djamr), Mohammed Lakhdar-Hamina, 1975

Le 24 mai dernier, le Festival de Cannes projetait la Palme d'Or 1975, Chronique des années de braise, unique film africain couronné jusqu'à maintenant sur la Croisette, dans une version restaurée. Son réalisateur, Mohammed Lakhdar-Hamina est mort la veille, à 95 ans, à Alger. Cette fresque épique, relatant 15 ans d'histoire de l'Algérie colonisée, de 1939,à 1954, aux prémices de la guerre d'indépendance, n'a rien perdu de sa puissance, ni de son intérêt historique. Si le film peut paraître confus, par endroits, à certains, il est surtout elliptique, alternant l'intime, avec la vie d'un homme chassé de ses terres par la sécheresse, rescapé d'une épidémie de typhus et de la Seconde Guerre mondiale, avec le collectif, ce peuple algérien sous le joug, subissant humiliations et répressions, avant de se résoudre à employer les mêmes méthodes que l'occupant : celles de la force. Avec son lyrisme mesuré et sa mise en scène qui magnifie les paysages du désert et le grouillement des foules, le film impose un style impressionnant de maîtrise, sur un sujet encore bien vif, en France, au moment de sa réalisation. Sa reprise en salles en août, est une excellente nouvelle pour la conquête d'un nouveau public qui ne doit pas s'effrayer de la longueur, près de 3 heures, de cette œuvre essentielle.

 

L'empire M (Emberatoriet M), Hussein Kamal, 1972

Mona, veuve d'une quarantaine d'années, travaille au ministère de l'Éducation et élève tant bien que mal ses six enfants, dont les prénoms commencent tous par la lettre M. Mais la révolte gronde à l'intérieur de sa maison, dans laquelle elle n'est pas loin d'être considérée comme une dictatrice. Cette malicieuse et chaleureuse comédie familiale symbolise à l'évidence l'histoire d'un pays, l'Égypte, toujours tourmentée par les aspirations à la démocratie, les révolutions populaires et l'émergence de personnalités autoritaires. Dans le sillage de la grande Faten Hamama, le film use d'humour, de fantaisie et de gravité, avec un brio incontestable.

 

Les Dupes (Al Makhdu'un), Tawfik Saleh, 1972

Le plus grand film syrien, restauré en 2023, a été réalisé par un Égyptien, Tawfik Saleh, et raconte la tentative de trois Palestiniens de fuir la misère, en atteignant le Koweït. Adapté d'une nouvelle de Ghassan Kanafani, le film raconte l'itinéraire de ces trois hommes de générations différentes dont le destin se rejoint dans la citerne d'un camion, chauffé à blanc par le soleil, torride comme l'enfer, le temps du passage de la frontière. S'il y a un peu de confusion dans sa première partie, Les Dupes devient un thriller démoniaque, dans sa dernière, comme une métaphore de la tragédie palestinienne. 

 


31/07/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/4)

Wives (Hustruer), Anja Breien, 1975

Wives, réponse directe au Husbands de Cassavetes, est un marqueur dans le cinéma norvégien, et connut même deux suites, avec les mêmes réalisatrice et actrices, 10 et 20 ans plus tard. Le film laisse une grande place aux improvisations des comédiennes, dans cette virée dans les rues d'Oslo où trois femmes mariées oublient pour une journée maris, enfants et routine. Trois femmes en liberté pour un film qui évoque sans lourdeur la condition féminine des années 70, dans un style direct inspiré du cinéma de la Nouvelle vague française. 

 

La dame de Constantinople (Sziget a szarazföldön), Judit Elek, 1969

Pionnière du cinéma direct et membre du jeune cinéma hongrois, qui s'affirme au début des années 60, Judit Elek réalise son premier long métrage de fiction en 1969. Proche du documentaire dans la description de la vie dans un immeuble surpeuplé de Budapest, le film s'attache à la solitude d'une vieille femme qui vit dans ses souvenirs et recherche un logement plus petit mais surtout plus calme. Dans cette quête un peu triste, une longue scène de fête dans son appartement bondé percute son quotidien dans une veine absurde, entre Tati et Fellini.

 

Le silence autour de Christine M. (De stilte rond Christine M.), Marleen Gorris, 1984

C'est l’histoire de trois femmes ordinaires, qui ne se connaissaient pas et qui ont assassiné le gérant d’une boutique de prêt-à-porter. Un geste inexplicable et sauvage  qu'une psychiatre tente de comprendre en discutant avec les meurtrières. Le film est une véritable déclaration de guerre féministe, pas la seule dans le cinéma des années 70 et 80, mais avec une véritable puissance réaliste et provocante destinée au débat et aux réactions indignées des tenants du patriarcat. Un film porté par une rage intérieure et des rires tonitruants pour se venger d'années d’offenses et d’humiliations quotidiennes vécues par les femmes. Impressionnant !

 


24/06/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/3)

Les tambours de la pluie (Yoru no tsuzumi), Tadashi Imai, 1958

Encore un excellent film du prolifique Tadashi Imai, réalisateur talentueux mais largement oublié. Dans le Japon du début du XVIIIe siècle, un samouraï revient d'Edo, où il a séjourné longtemps, et découvre qu'une rumeur persistante fait état d'une infidélité de son épouse avec un joueur de tambour. C'est presque à une enquête de polar que nous convie le scénario, pour savoir si les faits sont avérés, à travers plusieurs flashbacks. Rien à voir avec Rashomon du point de vue de style mais une belle illustration du code moral chez les puissants de l'époque, dans un mélodrame que l'on ne peut s'empêcher de trouver ironique, sachant que Imai n'a jamais caché son tempérament de gauche. Mais la veine reste réaliste, avec une interprétation impeccable et une atmosphère à couper au sabre. 

 

Les fleurs et les vagues (Hana to dotô), Seijun Suzuki, 1964

Un Suzuki plein jusqu'à la gueule de combats, de yakuzas, de geishas, d'ouvriers exploités et de morts violentes mais plutôt chiche en fleurs et en vagues. Qu'importe, et même s'il règne une certaine confusion dans une grande partie du film, tout débouche sur une histoire d'amour mélodramatique et forcément contrariée. D'une virtuosité élégante, ce Suzuki-là donne du grain à moudre à la réflexion, avec une belle brochette de personnages bien campés, en particulier ceux de la geisha et de la serveuse. 

 

Calendrier de femmes (Onna no koyomi), Seiji Hisamatsu, 1954

Comme 24 prunelles de Kinoshita, Calendrier de femmes est adapté d'un roman de Sakae Tsuboi, les deux films se déroulant au sud du Japon, sur l'île de Shôdoshima. C'est l'histoire de retrouvailles entre 5 soeurs, les deux plus jeunes étant les seules célibataires et vivant sur leur lieu de naissance. Rien d'extraordinaire ne se passe : les trois mariages sont plutôt malheureux, pour des raisons diverses, et aucune de ces femmes ne vit dans le confort. Mais l'on ressent la chaleur humaine entre elles, dans ce charmant film doux/amer qui laisse des pistes ouvertes pour comprendre chacune d'entre elles, notamment l'une des deux qui est célibataire et qui n'est pas décidée à changer de situation. 

 


21/06/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/2)

L'Occupation en 26 images (Okupacija u 26 slika), Lordan Zafranović, 1978

rois jeunes hommes : un Croate, un Italien et un Juif – sont les meilleurs amis du monde à Dubrovnik, avant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque leur pays est occupé par les Allemands et leurs complices, en 1941, la ville idyllique devient un lieu de terreur et de massacres atroces. L'Occupation en 26 images est le film le plus connu de Lordan Zafranović, présenté à Cannes en 1979, et interdit pendant plusieurs années après l'indépendance de la Croatie, en 1991. Il est vrai qu'y est évoquée une période peu glorieuse de l’État fantoche de Croatie, créé sous le contrôle des puissances fascistes. De la douceur de vivre d'avant-guerre à l'horreur des exactions à l'encontre des Serbes, des Juifs et des communistes, le film marque surtout par certaines scènes atroces mais déçoit un peu, par un montage pas toujours fluide.

 

La vallée de la paix (Dolina miru), Ftance Štiglic, 1956

Deux petits orphelins fuyant la guerre, un aviateur américain, un cheval blanc, des Allemands armés jusqu'aux dents et des partisans qui jouent un peu le rôle de la cavalerie dans les westerns. La guerre vue à hauteur d'enfants, un conte tragique et naïf, sorte de version slovène des Jeux interdits. Parfaitement réalisé, avec du doigté pour ne pas sombrer dans le sentimentalisme, La vallée de la paix, primé à Cannes 57 par le Prix d'interprétation masculine, est l'un des films majeurs de l'excellent France Štiglic et un classique indémodable du cinéma yougoslave.

 

La jeune fille (Devojka), Mladomir Đjorđević, 1965

Guerre et amour : un duo fréquent au cinéma et, en particulier, dans le cinéma yougoslave. 1965 y fut une année marquante avec Trois de Petrovic, le premier long métrage de Makavejev et Devojka de Djordevic. Un film allégorique, non linéaire et poétique qui fit impression à l'époque de sa sortie, avec ses 4 récits imbriqués, voix off comprises, autour de la romance tragique entre une jeune paysanne et un partisan. Aujourd'hui, sa construction déstructurée semble un peu trop maniérée.

 


09/06/2025
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Faisceau de vieux films (Juin/1)

La 359e section (A zdori zdes tikhie), Stanislav Rotsotsky, 1972

Quel est donc le benêt qui a osé changé le titre original de Ici les aubes sont calmes pour l'impersonnel La 359e section ? Réalisé par Stanislav Rotsotsky, amputé de guerre, le film montre un épisode que Radio Moscou aurait pu qualifier de "combat d'intérêt local", expression ironique au vu de cui est raconté, avec, au premier plan, cinq  jeunes soldates russes, sous les ordres d'un adjudant-chef, aux prises avec une escouade de 16 allemands, dans la taïga profonde, qui se révélera mortelle. Clairement divisé en deux parties, le film ne démarre pas très bien avec des flashbacks en couleur un peu niais mais, une fois la présentation des combattantes achevée, le métrage prend vraiment son essor et captive de manière continue. C'est bien entendu un film patriotique mais sans excès, voire subtilement critique, qui rappelle, s'il en était besoin, à quel point l'URSS a versé son sang contre la barbarie.

 

Romance des amoureux (Romans o vlyublyonnykh), Andreï Kontchalovski, 1974

Entre Oncle Vania et Sibériade, Romance des amoureux montre l'éclectisme d'Andreï Kontchalovski. Dans ce remake très libre des Parapluies de Cherbourg, adapté au contexte de l'URSS du début des années 70, les amoureux s'expriment en vers et l'on y entonne des chansons, dans un style assez agressif, d'ailleurs. Rien à voir avec Michel Legrand, donc, et une intrigue trop simple pour séduire, avec l'éternelle histoire du fiancé disparu qui resurgit et s'aperçoit que sa dulcinée s'est mariée. Parti, revenir, pleurer. Quant au côté patriotique, assez présent, il est possible qu'il soit passablement ironique.

 

Le cheval qui pleure (Dorogoi tzenoi), Mark Donskoï, 1957

Mark Donskoï est surtout pour sa trilogie autour de Gorki. Le cheval qui pleure a lui les contours d'un conte, dans l'Ukraine et la Bessarabie de 1830, le Danube séparant des territoires où le servage est pratiqué, dans l'un et non dans l'autre. Histoire d'amour de de fuite, avec une vision très poétique et naïve, le film a beaucoup vieilli, notamment dans sa description stéréotypée des populations tziganes. Les histoires d'A finissent mal en général, et en particulier ici.

 


02/06/2025
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Faisceau de vieux films (Mai/2)

Balada o trobenti in oblau, France Štiglic, 1961

Le cinéma yougoslave s'est nourri longtemps d'histoires de partisans, que cela soit sur le mode réaliste, lyrique ou ... hallucinatoire, comme c'est le cas dans La ballade d'une trompette et d'un nuage. Un film funèbre avec un traître, une jeune fille pure, un vieillard qui s'engage enfin, mais bien trop tard. Et le chant des partisans qui s'élève dans les ténèbres, mélodie d'outre-mort alors que la nuit de Noël s'annonce, sinistre.

 

Une jeune fille étrange (Čudna devojka),  Jovan Živanović, 1962

Ce portrait de jeune femme, qui se jure de ne plus tomber amoureuse, après la fin douloureuse d'une liaison, brille par la vivacité de ses dialogues. Le récit manque parfois de clarté mais la mise en scène alerte et l'interprétation de son actrice principale, Spela Rozin, laquelle, d'ailleurs, tourne toujours en 2025, contribuent à dessiner un portrait réaliste de la vie à Belgrade, au début des années 60.

 

Lilika, Branko Pleša, 1970

Chronique d'une enfance saccagée. La petite voleuse, rejetée par sa mère, n'est pas aimée et se dirige tout droit vers une institution pour mineurs, autrement dit une forme de prison, pour la domestiquer. Narrativement éclaté, le film fait preuve d'une grande liberté, tentant de tirer un peu de poésie d'un univers sordide. Léopard d'or au Festival de Locarno. Sa licence stylistique fait beaucoup moins impression qu'à l'époque de sa sortie.

 


22/05/2025
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Faisceau de vieux films (Mai/1)

Le couple humide (Nureta futari), Yasuzô Masumura, 1968

La 19ème collaboration de Ayako Wakao avec Yasuzô Masumura est sans doute l'une des moins probantes mais elle reste la raison première de regarder Nureta futari, dont le titre français, Le couple humide, essaie de retranscrire son atmosphère charnelle. L'histoire d'adultère qui tient lieu de seule intrigue est peu crédible, eu égard au grotesque du comportement de son amant, être fruste, qui n'a de cesse de brutaliser ses conquêtes. Masumura tournait trop dans la fin des années 60, à cause de la pression des studios, avec la concurrence de la télévision. Mais un film à moitié raté de sa part vaut toujours mieux qu'un réussi de beaucoup d'autres cinéastes, surtout quand il y a la divine Ayako dedans.

 

Désirer, en toute saison (Shiki no aiyoku), Kô Nakahira, 1958

Habituellement, dans le genre "haha-mono', les mères souffrent des dysfonctionnements familiaux. Désirer, en toute saison en représente une satire, avec une femme de 48 ans qui mène une vie dissolue, au grand dam de ses enfants. Mais ces derniers, deux sœurs et un frère, sont loin d'être irréprochables, entre tromperies et comportements erratiques. Kô Nakahira, décidément un réalisateur à (re)découvrir, s'amuse à entrelacer plusieurs intrigues et de multiples personnages, sans jamais nous faire perdre le fil. De Tokyo à Nasu, en passant par Utsunomiya, les allers et retours sont fréquents, dans des péripéties sentimentales orchestrées avec une belle vivacité et un certain sens de l'ironie quant aux actes inconséquents dont sont capables les êtres humains, quand ils sont amoureux, ou pas.

 

Shiosai, Kenjirô Morinaga, 1964

Inspiré d'un livre de Yukio Mishima, Shiosai est une inoffensive bluette qui fleure bon l'iode. Son aspect documentaire, autour de la vie simple de pêcheurs sur une île, relève un peu le récit sentimental d'une idylle empêchée par la rumeur et un père revêche. mais l'on se doute bien vite qu'il ne s'agit pas d'une tragédie et que les bons triompheront et se marieront alors que les méchants n'en sont pas de véritables, dans cette petite communauté solidaire où le courage et l'humilité sont toujours récompensés.

 


17/05/2025
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Faisceau de vieux films (Avril/4)

Femmes de tokyo (Onna no saka), Kôzaburô Yoshiwara, 1960

Nonobstant son titre, Femmes de Tokyo se déroule presque intégralement à Kyoto. Porté notamment par la vive Mariko Okada et le ténébreux Keiji Sada, le Gregory Peck japonais, le film trace le portrait de Aeki, jeune femme qui a repris la vieille confiserie familiale. Son histoire d'amour avec un artiste marié et ses relations avec sa mère et son oncle, concurrent de sa petite entreprise, contribuent à rendre le long métrage mélancolique, dans son interrogation sur le statut de la femme japonaise, au début des années 60. Avec un montage tranchant et une mise en scène constamment élégante, Yoshimura délivre un petit film exquis, sans fioritures.

 

Le vent, encore (Kaze futatabi), Shirô Toyoda, 1852

En dépit de la finesse de la mise en scène de Shirô Toyoda et de la qualité de l'interprétation, avec notamment Setsuko Hara, Le vent, encore est un film mineur, une sorte de comédie romantique, avec quelques rebondissements et un épilogue prévisible. L'héroïne, jeune divorcée, doit en effet choisir entre un garçon de son âge, qui va exercer son métier de scientifique à Hokkaido, et un homme plus âgé, veuf et décidé à se remarier. Le long métrage est assez lisse et les seconds rôles pas vraiment valorisés.

 

Le tambour brisé (Yabure-daiko), Keisuke Kinoshita, 1949

Le cinéma de Kinoshita peut-être franchement mélodramatique ou glisser vers la comédie, comme dans Le tambour brisé, portrait d'un tyran domestique dont le pouvoir de nuisance sur ses 6 enfants et son épouse ne cesse de s'affadir, en même temps que son entreprise de construction se dirige vers la faillite. Le ton est à la gaieté, à la farce, même, parfois, mais le sujet, en lui-même, évoque les temps difficiles du Japon, quelques années après la capitulation, et une remise en question de la famille, jusqu'alors soumise à la figure autoritaire du père. Ce n'est pas l'un des meilleurs Kinoshita et comporte quelques longueurs mais on y retrouve la bienveillance du cinéaste envers ses personnages, avec la capacité qu'il leur donne à devenir plus humains.

 


29/04/2025
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Faisceau de vieux films (Avril/3)

Frénésie d'été (Frenesia dell'estate), Luigi Zampa

Un film choral très anecdotique qui n'ajoute rien à la gloire de Luigi Zampa, avec plusieurs petites histoires dont aucune ne mériterait un court-métrage. Il y a cependant quelques scènes amusantes et d'autres un peu plus gênantes, notamment en lien avec l'homosexualité. Les hommes sont dans l'ensemble couards et les femmes semblent les préférer plus idiots et hâbleurs que la moyenne. Un peu de piment avec de belles actrices dont une adorable Michèle Mercier mais Vittorio Gassman est, pour une fois, peu inspiré dans un rôle guère valorisant. Une comédie italienne à marée basse.

 

Sluzbeni polozaj, Fadil Hadzic, 1964

Le quatrième film de Fadil Hadžić se déroule dans une entreprise de l'industrie textile, dont le directeur commercial manipule les comptes, tout en corrompant ses collègues et en s'enrichissant lui-même. Nul doute qu'ici le "méchant" est particulièrement réussi dans un récit agencé avec une maîtrise de tous les instants. Les dialogues sont cinglants et l'idéal communiste bien écorné ("Mercure, dieu du commerce, n'avait pas lu Marx", peut-on entendre). Un classique du cinéma yougoslave au discours politique et social sans fioritures.

 

Chemie und Liebe, Arthur Maria Rabenalt, 1948

Réalisé en 1948 pour le compte de la DEFA, créée deux ans auparavant dans la zone allemande soviétique, Chemie und Liebe est un pur produit anti-capitaliste. Son côté propagandiste se marie assez subtilement à un style rapide, hérité des comédies américaines, avec un point de départ détonant : l'invention d'un chimiste, qui a réussi à transformer l'herbe en beurre, en se passant du lait des vaches. Incongru, de même que la présence d'un narrateur qui agit dans la peau de différents personnages. Délirant, mais pas trop, cela reste un objet de curiosité et de divertissement, loin de l'excellent niveau de certains films postérieurs de la DRFA, signés Staudte ou Maetzig, par exemple.

 


29/04/2025
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