Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Sorties 2025


Un casse d'école (L'ultime braquage)

 

Que L'ultime braquage soit inspiré de faits réels, survenus au Danemark, en 2008, n'exonère pas le film d'approfondir quelque peu les préparatifs du grand casse qui a choqué le Royaume et de donner un peu de densité à ses protagonistes principaux. Sur les deux aspects, le long métrage de Frederik Louis Hvild est loin d'être une réussite, en tous cas à mille lieux de la célèbre Ultime Razzia de Kubrick, puisque le titre choisi pour l'exploitation française semble y faire référence. Quoiqu'il en soit, passé une première scène glaçante et impressionnante, mais somme toute hors sujet, le restant du film n'innove en aucun point dans ce genre balisé, ce qu'on ne lui demandait pas nécessairement, mais se révèle surtout confus dans ses scènes d'action et morne dès qu'il s'agit de placer l'attention sur des personnages précis qui ne possèdent guère d'étoffe psychologique. Reda Kateb, déjà habitué de ce genre de rôles virils, ne démérite pas mais n'a guère à forcer son talent tandis que la principale touche féminine du casting ne semble avoir été ajoutée que pour ne pas être taxé de film de mâles, ce qu'il est cependant, indubitablement. L'ultime braquage séduira peut-être les amateurs du genre, mais avec une satisfaction limitée, eu égard à son manque de caractère spécifique, au moins, ou d'humour, ce qui l'aurait rendu un peu plus personnel et excitant. Mieux qu'un casse d'école, en tous cas.

 

 

Le réalisateur :

 

Frederik Louis Hviid est né le 25 juin 1988 à Copenhague. Il a réalisé Shorta.

 


29/05/2025
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Deuil en beige et bleu (Another End)

 

Les avancées technologiques des prochaines années rendront-ils la mort des êtres aimés plus supportables et, partant, le deuil moins douloureux, surtout en cas de décès accidentel ? Le point de départ de Another End est fascinant, parfait pour un récit légèrement dystopique où l'humain semble être l'essentiel, bien plus que la représentation d'un monde nouveau, lequel, en l'occurrence, semble composé de deux seules couleurs : le bleu et le beige. Mais d'emblée, le film entretient une certaine confusion et l'approfondissement du sujet évoqué plus haut ne semble pas préoccuper plus que cela le réalisateur, Piero Massina, qui mise trop sur son esthétique et sur un prolongement aseptisé des bases de son scénario. Et que dire du twist final, censé nous faire sursauter, dans une mauvaise imitation de Shyamalan ou de Amenabar, ? La construction narrative, déjà fragile, s'écroule sous ce dernier effet de style qui confirme l'artificialité de l'ensemble. Gael Garcia Bernal et Bérénice Béjo ne sont pas à blâmer, réussissant tout de même à nous intéresser mollement au récit filandreux. L'actrice norvégienne Renate Reinsve se distingue bien davantage mais son rôle aurait mérité d'être étoffé et même mis au premier plan.

 

 

Le réalisateur :

 

Piero Massina est né le 30 avril 1981 à Caltagirone (Italie). Il a réalisé L'Attente.

 


28/05/2025
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Un abri et un refuge (Jeunes mères)

 

Pathos ? Misérabilisme ? Les mots ont un sens et leur définition ne recouvre pas vraiment ce que filment inlassablement les frères Dardenne. Pour Jeunes mères, dans lequel on entre sans préliminaires, parlons plutôt de détresse, d'avenir bouché, de précarité mais pas de refus d'espérer pour des jeunes filles qui viennent d'accoucher et ont trouvé un refuge dans une maison maternelle de Liège. Les cinéastes belges ont choisi de les mettre sur un pied d'égalité, avec des situations différentes selon les cas, avec ou non des petits amis, des mères, une sœur, plus ou moins fiables et aimants. Étonnamment, ces jeunes femmes ont assez peu de scènes communes et on les voit très peu dialoguer ou "fraterniser" alors qu'elles ont le même toit pour les abriter, temporairement. L'aspect choral du film est un peu déstabilisant, au moins au début, et il peut être un temps difficile de distinguer qui est qui et qui fait quoi. Mais la confusion ne dure pas et l'énergie et la volonté de s'en sortir de ces adolescentes ne peut que prendre aux tropes. Pas de jugement moral chez les Dardenne mais des existences prises sur le vif, avec une empathie indéniable, jouées par des apprenties actrices parfois maladroites mais toujours touchantes. Comme des sœurs, pas si lointaines, d'une certaine Rosetta, qui révéla la magnifique et regrettée Émilie Dequenne au monde entier.

 

 

Les réalisateurs :

 

Jean-Pierre Dardenne est né le 21 avril 1951 à Engis et Luc Dardenne le 10 mars 1954 aux Awirs (Belgique). Ils ont réalisé 13 films dont Rosetta, Le silence de Lorna et Le gamin au vélo.

 


27/05/2025
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Le temps du romanesque (La venue de l'avenir)

 

Jusqu'à maintenant, les projets les plus ambitieux de Cédric Klapisch, Peut-être et Paris, étaient ceux qui affichaient les résultats artistiques les moins probants, même si la part de subjectivité, dans l'avis que l'on professe, reste importante. Tout ce préambule pour manifester un certain enthousiasme à la vue de La venue de l'avenir, ce qui n'était pas gagné d'emblée, eu égard à un sujet propice à s'échouer dans le ridicule, voire dans le grotesque. Oui, mais,, le film est bien écrit et la mise en scène d'une grande fluidité, pour passer d'une époque à une autre, de 1895 à 2025, avec un fil ténu et original pour les relier, ce qui ne pose pas de problème majeur, à partir du moment où l'on accepte que le vent du romanesque nous emporte, puisque chaque vie mérite d'être contée, avec ses douleurs et ses épiphanies. La venue de l'avenir parle non pas du futur mais d'un passé qui nous touche, celui des impressionnistes, et d'un présent qui nous interroge (désespère ?), celui des créateurs de contenu. Ces derniers termes auraient fait gausser les Monet, Nadar, Hugo et les autres et tant pis si l'on accuse Klapisch et son excellent coscénariste, Santiago Amigorena, de passéisme, ou peut-être de démagogie, en sous-entendant que les véritables talents sont désormais absents de notre époque, remplacés par une médiocrité consensuelle. Admirable directeur d'acteurs, l'auteur de l'Auberge espagnole a trouvé en Suzanne Lindon une interprète vibrante et intemporelle et le reste du casting est on ne peut plus solide, avec notamment Vincent Macaigne, Julie Platon et Zinedine Soualem. La venue de l'avenir va plaire à tous les férus de généalogie, de plus en plus nombreux, mais aussi à ceux qui n'oublient pas d'où ils viennent, alors même que l'avenir rend sceptique ou effraie. Il y a un côté doudou dans le film auquel on peut s'abandonner sans culpabiliser une seule seconde.

 

 

Le réalisateur :

 

Cédric Klapisch est né le 4 septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine. Il a réalisé 15 films dont Chacun cherche son chat, L'auberge espagnole et En Corps.

 

 


23/05/2025
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La terreur des femmes (Les Maudites)

 

Pour son premier long-métrage, le réalisateur espagnol Pedro Martín-Calero a sacrément chiadé la forme (il a beaucoup tourné de clips et de publicités et cela se voit un peu trop). Il a aussi crypté ses deux intrigues, qui se répondent évidemment, à 20 ans de distance, sur des continents différents et avec des personnages qui,le sont également mais reliés, de manière plus ou moins artificielle. Le cinéaste a choisi la forme de l'épouvante pour parler des violences faites aux femmes mais cette manière symbolique d'évoquer un sujet autant traité ces dernières années, sur grand écran, n'est pas loin d'être contre-productive, avec des interprètes féminines un peu trop jolies et des scènes en club bien trop fréquentes. Malgré cela, le film reste assez fascinant, car il ne livre pas toutes ses clés et interroge sur son traitement du dérangement mental au féminin, ou supposé tel par une société aveugle et forcément machiste. On peut se demander pourquoi le film cherche absolument à faire compliqué plutôt que simple mais c'est un parti pris qui a au moins le mérite de laisser la porte ouverte à l'imagination du spectateur.. Séducteur et irritant, El Llanto (les pleurs) peut être vu ainsi et concomitamment.

 

 

Le réalisateur :

 

Pedro Martín-Calero est né en 1983 à Valladolid (Espagne).

 


21/05/2025
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Sexe, drogue et corruption (The Shameless)

 

Dans son cocktail de sexe, drogue et corruption, le réalisateur bulgare Konstantin Bojanov (Avé) livre un film brutal, dans le monde de la prostitution indienne. En tant qu'étranger, il a sans doute cette liberté de décrire un monde sordide que les cinéastes locaux ne pourraient autant évoquer, du fait de la censure et aussi, vraisemblablement, des réactions d'une large partie de la population du pays, masculine, cela va sans dire. Depuis sa présentation à Cannes, en 2024, le film a cependant pu être diffusé en Inde mais seulement dans trois festivals, pas en sortie nationale qui risque de ne jamais avoir lieu. Si The Shameless ne cède pas au misérabilisme, il flirte tout de même avec et l'impression d'être parfois voyeur malgré soi survient à plusieurs reprises. Le film vaut en grande partie pour ses deux portraits de femmes, l'une insolente et libre, sinon dans son corps mais dans sa tête, et l'autre, en apprentissage de la férocité des réalités sociales qui l'entourent, qui cherche le moyen de s'extraire de son prévisible avenir, autrement d'un déterminisme implacable. Mis en scène avec une énergie souvent galvanisante, le métrage emprunte les chemins du film noir où les violences physique et verbale s'enchaînent, à peine adoucies par quelques grammes de romance. Mais dans ce sous-monde de brutes, l'espoir semble réduit à une lumière bien ténue.

 

 

Le réalisateur :

 

Konstantin Bojanov est né en 1968 en Bulgarie. Il a réalisé Avé et Light thereafter.

 


19/05/2025
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Roue arrière (Partir un jour)

 

Réaliser une roue arrière, à moto, pour séduire les filles, c'est évidemment un truc adolescent. Le refaire, des années plus tard, est à la fois régressif et nostalgique, et qui ne l'est pas, peu ou prou, en ce bas monde. C'est un peu cela, Partir un jour, une bouffée de mélancolie assortie d'un léger regret vis-à-vis d'une vie que l'on a pas eue, parce que l'existence n'est qu'une succession de choix. Le sujet du film fort humble mais a le mérite de parler à tout le monde, enfin ceux qui sentent le temps passer trop vite. La mise en scène d'Amélie Bonnin manque très certainement de brio mais les dialogues non et le choix des chansons, qui rythment et emballent l'ensemble, surprennent positivement, sans esprit de chapelle, dans un registre populaire, qui n'est pas un gros mot, il est bon de le rappeler. Mais c'est dans la direction d'acteurs que la réalisatrice se montre la plus convaincante. Julie Armanet est plus que parfaite, et pas seulement parce qu'elle est la seule chanteuse professionnelle du lot et elle forme un couple plus qu'attachant avec le toujours impeccable Bastien Bouillon. Le film réussit aussi à saisir, dans la seconde, la psychologie des seconds rôles incarnés par François Rollin, Dominique Blanc et Tewfik Jallab, tous d'une justesse irréprochable. Alors, d'accord, Partir un jour est un petit film, pour qui l'ouverture de Cannes est peut-être un trop grand privilège mais son cœur battant s'offre avec une telle générosité qu'il serait désobligeant de le mépriser.

 

 

La réalisatrice :

 

Amélie Bonnin est née en 1985 à Châteauroux. Elle a réalisé 2 courts-métrages.

 


18/05/2025
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La voie de l'identité (Transmitzvah)

 

Au début des années 2000, Daniel Burman représentait une valeur sûre dans le cinéma argentin, au rayon des comédies juives douces-amères. Après une éclipse de 8 ans sur grand écran, son retour avec Transmitzvah ne crée certes pas l'événement mais suscite une réelle curiosité, si l'on se passionne pour le cinéma latino-américain, surtout au vu de son sujet, qui n'est pas tant la transition sexuelle mais davantage la recherche identitaire, marquée ici par le poids des traditions religieuses. Ainsi, l'héroïne du film, chanteuse pop spécialiste des vieilles chansons yiddish, née garçon, et qui a refusé de faire sa bar-mitzvah, cherche t-elle sa voie, tout en ayant perdu sa ... voix. Il est difficile de se connecter au long métrage, non pas à cause de son thème mais pour son traitement, difficile à définir entre surréalisme, comédie musicale, fantaisie et drame. L'histoire prend des raccourcis et abandonne certaines pistes pour se rendre à une conclusion sans aucun doute extravagante mais finalement assez satisfaisante, eu égard à son cheminement pour le moins erratique. Pour nuancer le constat général teinté de déception, signalons tout de même que l'interprétation de Pénélope Guerrero, actrice trans espagnole, est tout à fait impeccable.

 

 

Le réalisateur :

 

Daniel Burman est né le 29 août 1973 à Buenos Aires. Il a réalisé 11 films dont Le fils d'Elias et Les lois de la famille.

 


16/05/2025
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La grande imposture (Marco, l'énigme d'une vie)

 

 

L'affaire Enric Marco avait déjà fait l'objet d'un roman très documenté de Javier Cercas, paru en France en 2015, sous le titre de L'Imposteur. Un sujet sur lequel planchent depuis un certain temps les cinéastes espagnols Aitor Arregi et Jon Garaño, avec pour première idée d'en faire un documentaire, projet qui n'a finalement pas abouti. Et c'est donc sous la forme d'une fiction qu'ils l'ont repris, avec Eduard Fernández dans le rôle principal, absolument remarquable. Le film suit cette grande imposture, celle d'un homme, président de l'association des déportés espagnols, sans avoir jamais été interné dans un camp de concentration, à partir du moment où ses mensonges sont proches d'être découverts. Avec quelques courts flashbacks, qui résument parfaitement le cheminement de ce mystificateur qui ne craignait pas de se regarder dans un miroir, sans éprouver le moindre remords. Le film retranscrit parfaitement le pouvoir de conviction de l'affabulateur et son éthique pathétique mais réussit également à en faire un individu qu'on ne peut totalement vouer aux gémonies, eu égard au bien qu'il a fait, paradoxalement, pour les vrais déportés espagnols, ignorés pendant longtemps dans leur pays, même après la fin de Franco. Avec sa mise en scène sobre et efficace, Marco, l'énigme d'une vie est une bénédiction pour tous ceux que les méandres de l'âme humaine passionnent.

 

 

Les réalisateurs :

 

Aîtor Arregi est né le 20 mai 1977 à Ognate et Jon Garaño le 19 novembre 1974 à Ergobia (Espagne). Ils ont réalisé 6 films dont Une vie secrète.

 

 

 


15/05/2025
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Jeunesse sans repères (Le Domaine)

 

Au même titre que La troisième guerre, le film précédent de Giovanni Aloi, Le Domaine va diviser son monde. Il prend son inspiration dans un fait divers datant de 1985 mais ce n'est qu'un prétexte à une œuvre au noir, dont le réalisme est détourné par le récit rétrospectif des faits, envisagés uniquement du point de vue de l'un des protagonistes, qui exprime ses souvenirs contaminés par les fantasmes par l'entremise d'une voix off, omniprésente. Une fois encore, le cinéaste nous présente une jeunesse sans repères et sans idéaux; à travers son héros qui vogue dans un no man's land émotionnel, à la fois fasciné et dégoûté par l'univers sordide qu'il côtoie. Même si les lieux sont précis, le film est envahi par le flou des réminiscences de la mémoire qui installent une atmosphère trouble et vénéneuse. Les amateurs de thrillers n'y trouveront sans doute pas leur compte tant Aloi cherche à imposer son style singulier et y parvient, parfois, mais pas toujours, y compris dans des scènes éthérées où des jeunes filles habillées de blanc semblent tout droit sorties de Pique-nique à Hanging Rock. C'est par son curieux traitement et peut-être même ses imperfections que Le Domaine séduit cependant, avec l'interprétation pénétrée de Félix Lefebvre et la personnalité de ses comparses dont le puissant Patrick D'Assumçao et la gracile Lola Le Lann.

 

 

Le réalisateur :

 

Giovanni Aloi est né le 22 octobre 1984. Il a réalisé 5 films dont La troisième guerre.

 


14/05/2025
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