Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Espagne/Portugal


Le combattant des frontières (Sidi)

"Il y a de nombreux Ruy Díaz dans la tradition espagnole, et celui-ci est le mien." Le Cid d'Arturo Pérez-Reverte est donc très personnel, fruit du mariage fécond entre histoire, légende et imagination. Et par conséquent, loin de celui de Corneille ou du brillant film éponyme de Anthony Mann. Plutôt qu'une biographie exhaustive, l'écrivain a choisi de se concentrer sur une courte période de l'existence du héros, d'une bataille à une autre, toujours à proximité des frontières, au moment de son exil et de son passage au service d'un souverain Maure. Se vendre au mieux offrant, alors que les alliances sont alors fluctuantes dans l'Espagne chaotique du XIe siècle, semble une obligation économique pour celui qui ne craint pas d'être traité de mercenaire. Dans Sidi, Pérez-Reverte insiste sur la qualité de chef de guerre de Ruy Díaz, stratège habile et meneur d'hommes sans pareil. Si l'auteur excelle dans la description des batailles et de la cruauté du traitement des vaincus, la partie la plus passionnante du livre, bien que nécessairement en grande partie imaginée, est celle de la psychologie d'un héros humble, courageux et madré et de ses relations, parfois à la limite de l'insolence, avec les puissants de l'époque, comme un homme soumis aux ordres mais néanmoins libre de ses pensées et de ses faits et gestes. Tout juste manque t-il à ce récit flamboyant, bien dans la manière d'un auteur qui ne cesse de revisiter l'histoire de son pays, une touche féminine. L'on se prend à rêver d'une vie de Chimène, loin des fracas des combats de son époux, narrée par le romancier de La peau du tambour. Qui sait s'il ne l'écrira pas, un jour ?

 

 

L'auteur :

 

Arturo Pérez-Reverte est né le 25 novembre 1951 à Carthagène (Espagne). Il a publié 27 romans dont Le club Dumas, La peau du tambour, Le tango de la vieille garde et Deux hommes de bien.

 


24/06/2023
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Le théâtre du crime (Étude en noir)

A première vue, Étude en noir semble ne pas s'inscrire dans l'univers habituel de José Carlos Somoza, à partir du moment où l'action se déroule vers la fin du XIXe siècle, mais il contient suffisamment d'éléments de fantastique, surtout dans ses derniers chapitres, pour ne pas annoncer un verdict aussi définitif. Fascinant, en tous cas, ce nouveau roman de l'écrivain espagnol l'est assurément, avec pour principaux protagonistes une infirmière (et narratrice) et son patient qui ne bouge presque jamais de sa chambre située dans un établissement psychiatrique haut de gamme à Portsmouth. Au moment où ces deux-là se rencontrent, une série de crimes horribles commence, frappant les mendiants de la ville. N'en disons pas plus car les surprises et les retournements de situation dans ce roman presque "à la Dickens", qui s'intéresse beaucoup aux théâtres clandestins dont les spectacles peuvent être qualifiés d'obscènes et de scandaleux (ce dernier terme, en italique, est celui qui revient le plus dans le roman). Ah oui, il y a également un autre protagoniste d'importance à signaler : un médecin nommé Conan Doyle qui griffonne déjà dans son temps libre des aventures mettant en scène un certain Sherlock Holmes. Thriller, roman gothique ou récit d'horreur, Étude en noir se nourrit aussi de surnaturel dans une ambiance délicieusement glauque. Moins vertigineux que la plupart des autres livres de José Carlos Somoza, le présent ouvrage est sans doute, par ricochet, le plus immédiatement accessible. Mais ce n'est pas le moins brillant de tous, certainement pas.

 

 

L'auteur :

 

José Carlos Somoza est né le 13 novembre 1959 à La Havane. Il a publié 19 livres dont La théorie des cordes, L'appât et L'origine du mal.

 


07/05/2023
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En mode Majorque (Le château de Barbe Bleue)

Troisième et dernier épisode de la série Terra Alta, Le château de Barbe Bleue se situe en grande partie sur l'île de Majorque, dans un avenir proche (2035). Si l'on y perd un peu de l'atmosphère de la région qui donne son nom à la trilogie, Melchor, son personnage principal, est fort heureusement bien de la partie. Cet ancien taulard puis policier est devenu bibliothécaire et mène à présent une vie rangée où toute son attention va à sa fille, désormais adolescente. L'enlèvement de cette dernière va l'obliger à sortir de nouveau de ses gonds, jusqu'à à une opération d'envergure et vengeresse. Le suspense et l'action sont au rendez-vous mais Javier Cercas signe surtout un roman introspectif où les relations père/fille prennent la première place, marquées par les peines rétrospectives et les mensonges protecteurs et maladroits. Le cheminement du livre n'offre pas de surprise majeure et sa toile de fond, autour des violences faites aux femmes, ne peut qu'inciter à adhérer à son propos, mais le livre fourmille de petits détails ou de digressions qui le rendent très attachant. Et Melchor reste toujours fascinant et terriblement humain, avec ses failles et ses cicatrices, son appétit pour les sandwiches au thon, son abstinence et ses lectures de Tourgueniev. Accessoirement, et comme dans son roman précédent, une mise en abyme fait apparaître l'auteur, avec un sens de l'auto-dérision qui ne manque pas de piquant. A vrai dire, si la lecture du Château de Barbe Bleue est aussi plaisante, cela est dû, en assez grande partie, aux deux tomes précédents, qui permettent de nombreux non-dits qui enrichissent notre compréhension des faits, gestes et pensées de son héros, de son désir de tranquillité comme de ses colères irrépressibles contre les injustices et les saletés du monde qui l'entoure.

 

 

L'auteur :

 

Javier Cercas est né le 6 avril 1962 à Ibahernando (Espagne). Il a publié 12 romans dont Les lois de la frontière, L'imposteur et Le monarque des ombres.

 


22/04/2023
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Tous pourris (Château de cartes)

A l'origine Journaliste économique, le portugais Miguel Szymanski dresse un portrait terrifiant du monde bancaire dans son pays avec Château de cartes, premier volet d'une série qui met en scène un ancien journaliste reconverti en chef de brigade financière, le dénommé Marcelo Silva. Ce dernier est le héros de Château de cartes, l'un des seuls personnages positifs d'un livre très documenté qui tombe à bras raccourcis sur un système corrompu jusqu'à la moelle, dont la vilenie ruisselle des banquiers aux journalistes en passant par les politiques. Tous pourris dans une ville de Lisbonne transfigurée, dont l'authenticité s'est perdue face à l'invasion touristique et à la gentrification galopante. L'auteur ne fait pas dans la mesure, ce n'est pas ce qu'on lui demande, mais il a en revanche le tort de multiplier les sous-intrigues et les protagonistes, en omettant de resserrer l'action sur l'enquête et la personnalité de son personnage principal. Lequel, d'ailleurs, au-delà de son amour des femmes et du vin, manque un peu de substance. Souvent efficace, quand il évite de se disperser, Château de cartes aurait gagné en fluidité en limitant son caractère choral. Mais il y a du potentiel, comme le montrera sans doute le deuxième volume de la série, déjà publié au Portugal.

 

 

L'auteur :

 

Miguel Szymanski est né en 1966 à Faro (Portugal). Il a publié 2 romans.

 


20/06/2022
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Battre la campagne (Un amour)

On retrouve dans Un amour de Sara Mesa une situation de départ qui rappelle celle de nombreux films de suspense et/ou d'horreur, avec une femme, Natalia, qui a tout quitté, la ville et son travail, entre autres, pour un coin de campagne isolé (Men ou L'Ogre commencent ainsi). Un exil qui correspond à la recherche d'une vie nouvelle et à l'oubli d'un traumatisme récent. Un amour est écrit à la troisième personne mais il donne l'impression de l'être à la première tant les moindres faits et gestes ou surtout pensées de Natalia nous sont livrées par le détail. Sara Mesa est tout aussi à l'aise pour créer une ambiance lourde pour son héroïne, avec son lot de personnages masculins inquiétants ou incompréhensibles, tout du moins dans l'esprit de Natalia, qui commence à battre la campagne (mais jusqu'à quel point ?), c'est le cas de le dire. Toujours dans l'entre-deux entre réalité et fantasmes, Un amour se dirige tout droit vers une tragédie, croit-on deviner, mais la romancière sait jouer avec les nerfs des lecteurs sans laisser s'échapper ses réelles intentions. Le livre est court, trapu et svelte à la fois, assez différent des autres grands livres espagnols parus ce printemps sous la plume de Almudena Grandes, Javier Cercas et Arturo Pérez-Reverte. Sa singularité oppressante n'en est que plus passionnante à découvrir.

 

 

L'auteure :

 

Sara Mesa est née en 1976 à Madrid. Elle a publié 8 romans dont Quatre par quatre et Cicatrice.

 


15/06/2022
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Sexe, mensonges et vidéo (Indépendance)

C'est un beau printemps pour les amoureux de littérature espagnole contemporaine avec la parution successive des romans de Almudena Grandes, Arturo Pérez-Reverte et Javier Cercas. Pour ce dernier, la suite de son splendide Terra Alta était impatiemment attendue et ce deuxième volet d'une trilogie annoncée, intitulé Indépendance, ne risque pas de décevoir les aficionados de l'auteur. Il est moins question de la région de Terra Alta, cette fois-ci, que de Barcelone, dans une légère dystopie, puisque l'action du livre est censée se passer en 2025, alors que la capitale catalane est dirigée par une première édile ultraconservatrice et xénophobe, entourée de conseillers issus de la grande bourgeoisie de la ville. Indépendance est un roman policier, bien sûr, avec une enquête sur un chantage à la sextape concernant la maire de Barcelone, mais aussi social et politique, où la question de l'indépendance de Catalogne, proclamée en 2017 puis suspendue par le gouvernement espagnol, représente une toile de fond prégnante. Le personnage principal du livre, ce flic meurtri auquel la lecture des Misérables a sauvé la vie et qui rêve de devenir bibliothécaire, prend encore plus d'épaisseur dans ce deuxième tome de Terra Alta, avec ses méthodes et sa moralité très particulières, qui le hissent à la hauteur des plus grands policiers de la littérature. Il y a beaucoup d'humour et de malice aussi dans le roman et une mise en abyme délicieuse du précédent livre de Javier Cercas. Passionnant de bout en bout, Indépendance trouve une sorte d'acmé peu avant son dénouement, avec un entrecroisement virtuose de dialogues, situés dans des temporalités différentes, sans que jamais le lecteur ne perde de vue les différents fils narratifs. Après ce deuxième épisode qui aurait pu s'intituler Sexe, mensonges et vidéo, il n'y a plus qu'à attendre avec gourmandise l'ultime volet du triptyque, déjà paru en Espagne.

 

 

L'auteur :

 

Javier Cercas est né en 1962 à Ibahernando (Espagne). Il a publié 12 romans dont Les lois de la frontière, L'imposteur et Terra Alta.

 


15/05/2022
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Deux ans à Bahreïn (Une datcha dans le Golfe)

Bahreïn, pour les amateurs de sport, n'est pas totalement une terra incognita, ne serait-ce que pour son Grand prix de Formule 1 ou encore ses athlètes qui, pour la majorité, viennent d'Afrique et ont été naturalisés contre espèces sonnantes et trébuchantes. Comme l'explique le journaliste espagnol Emilio Sanchez Mediavilla dans Une datcha dans le Golfe, le pays dépense beaucoup d'argent pour redorer son image, même si ses efforts semblent moins voyants que ceux du Qatar ou des Émirats arabes unis, par exemple. L'auteur a passé deux ans à Bahreïn, au côté de sa femme en mission professionnelle, et a essayé de comprendre le fonctionnement d'une contrée pas vraiment connue pour être un havre de liberté, même si elle est largement moins blâmable que ses puissants voisins, L'Iran et l'Arabie Saoudite. Avec sa forme de grand reportage, très documenté, Une datcha dans le Golfe pose la question de la vision occidentale des choses, inévitable, et dont l'auteur semble conscient, raison pour laquelle il donne très souvent la parole à des Bahreïniens, en particulier à ceux qui dénoncent les exactions du régime. Le livre revient très longuement sur les événements de 2011, le "printemps arabe" local, et insiste sur la domination sunnite et les pressions (euphémisme) subies par les chiites, ceux-ci représentant pourtant la majorité de la population. C'est d'une manière journalistique plus que littéraire que Sanchez Mediavilla trace un portrait très à charge d'un pays qu'il n'hésite pas in fine à comparer à l'Argentine de Videla. Des regrets tout de même pour cet ouvrage : que la partie allouée à ses impressions personnelles et à son quotidien ne soit pas plus développée et puis que la main d’œuvre asiatique (en vérité, des esclaves modernes), très nombreuse, n'apparaisse que comme personnage secondaire. Il est vrai que recueillir les témoignages de ces "invisibles" était difficile et sans aucun doute dangereux pour cet immigré temporaire qu'était Sanchez Mediavilla, au statut privilégié.

 

 

L'auteur :

 

Emilio Sanchez Mediavilla est né en 1979 à Santander (Espagne).

 


11/05/2022
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Combattants contre l'ombre (Les secrets de Ciempozuelos)

Les secrets de Ciempozuelos est le cinquième roman de la grande fresque sur l'époque franquiste (Épisodes d'une guerre interminable) que Almudena Grandes devait parachever avec un sixième et dernier volet. Devait, oui, malheureusement, parce que la grande écrivaine espagnole est décédée le 27 novembre 2021. Quelle tristesse qu'elle n'ait pu achever son œuvre et quels sentiments contrastés se bousculent inévitablement pendant la lecture de ce qui restera son ultime roman. Les secrets de Ciempozuelos (La madre de Frankestein en V.O) se passe en grande partie dans une asile pour femmes, non loin de Madrid, au milieu des années 50, en une époque très sombre pour le peuple espagnol. Trois narrateurs prennent la parole alternativement : Germán, psychiatre, María, aide-soignante et Aurora, internée car meurtrière, cette dernière ayant réellement vécu. Les différents récits s'entrelacent dans le présent des années 50 mais s'éloignent aussi pour raconter le passé tumultueux des susnommés. A ces trois personnages principaux, s'ajoute une multitude d'autres, pas vraiment secondaires, dont le nombre doit avoisiner la centaine (pas de panique, il y a une liste complète des protagonistes à la fin du livre, même si, étonnamment, la clarté de l'écriture de l'autrice fait qu'il n'est finalement pas utile de la consulter). Au-delà de ses innombrables et très romanesques péripéties et drames, Les secrets de Ciempozuelos s'impose comme le digne successeur des 4 premiers opus de la série orchestrée par Almudena Grandes. C'est le portrait terrible d'une Espagne isolée du reste de l'Europe, encore marquée la haine entre les deux camps de la guerre et sous le joug d'un pouvoir obscurantiste dans une société figée et sinistre. Dans une atmosphère aussi délétère, l'humanité qui coule dans les veines de deux de ses héros (Germán et María), combattants contre l'ombre, avec leurs faibles moyens, est la source de lumière qui rend le livre tellement attachant et émouvant. Le testament littéraire d'Almudena ne pouvait être autre.

 

 

L'auteure :

 

Almudena Grandes est née le mai 1960 à Madrid et décédée le 27 novembre 2021. Elle a publié 13 romns dont Le coeur glacé, Inès et la joie et Le lecteur de Jules Verne.

 


28/04/2022
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Murnau, Kropotkine, Simenon et des centaines d'autres (La multiplication des feux follets)

Pour tout cinéphile qui se respecte, qui plus est lorsqu'il n'a de cesse de découvrir de nouveaux romanciers (ères), la quatrième couverture de La multiplication des feux follets ne peut que se révéler alléchante, semblant annoncer une œuvre flamboyante, dans laquelle la figure du grand Murnau (Nosferatu, L'aurore, Tabou) semble jouer un rôle prépondérant. Toutes les espérances sont pourtant assez vite ruinées après un début encourageant, laissant accroire qu'il y a une vraie trame dans le livre, ce qui est bien peu le cas, avec une noyade progressive dans mille et une digressions successives, historiques, philosophiques, existentielles et surtout hautement intellectuelles et cérébrales, rejetant le simple amoureux de romans dans un tréfonds de sidération et, c'est plus grave, de grand ennui devant la forme disloquée de l'ouvrage. La quatrième de couverture (encore) parle d'un livre déjanté, ce qui parait moins juste que le qualificatif d'obsessionnel comme si la romancière avait voulu évoquer un maximum de personnages célèbres en un minimum de pages. Et elle s'en vante d'ailleurs, Raquel Taranilla, puisqu'elle ne dédaigne pas s'adresser de temps à autre au lecteur, citant à un moment un chiffre excédant les 300 noms. Les notes en pied de page sont par ailleurs légion, avec entre autres l'idée de documenter la vie des célébrités lorsqu'ils avaient 32 ans (l'âge de la narratrice), de Gauguin à Rohmer en passant par Kropotkine, Magellan ou Cartier-Bresson (entre autres). Si le style de La multiplication des feux follets est plutôt agréable, son contenu, qui se voudrait à la fois ludique et profond, ressemble tout de même fort à un exercice de style prétentieux et même, osons le mot, d'atrocement pédant.

 

 

L'auteure :

 

Raquel Taranilla est née en 1981 à Barcelone.

 


13/04/2022
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Un Catalan à New York (Le roi reçoit)

Comme le temps passe ! La ville des prodiges, le livre qui a imposé Eduardo Mendoza, date de 1988 (parution française) et depuis, l'auteur catalan nous a régalé régulièrement de ses histoires parfois loufoques, dans un style élégant où l'humour n'était pas le moindre de ses atouts. Mais sans nouvelles depuis 2015 et l'âge aidant (78 ans), il y avait à craindre que Mendoza n'ait plus le feu sacré et ne produise plus rien de neuf. Sauf que, sans crier gare, Le Seuil nous offre enfin Le roi reçoit, premier volet d'une trilogie qui devrait nous téléporter par la suite vers Tokyo puis Moscou. En attendant, l'opus qui vient de paraître se partage entre Barcelone et New York, de la fin des années 60 à 1973, dans les pas d'un journaliste devenu fonctionnaire, dont les aventures s'inspirent beaucoup de la jeunesse d'Eduardo Mendoza, sans qu'il s'agisse d'une autobiographie, stricto sensu. Le héros du livre, plutôt du genre contemplatif et passif, n'est pas le plus flamboyant parmi ceux que le romancier a imaginé dans sa longue bibliographie mais son caractère "d'éponge" en fait un observateur avisé de l'évolution des sociétés américaine et surtout espagnole. C'est un livre en creux, qui passionnera en priorité ceux qui aiment l'écrivain depuis toujours, même si l'humour grinçant a fait place à une ironie un peu triste, qui est celle d'une certaine nostalgie. Pour quelques moments absurdes (les épisodes avec le "roi" de Livonie), les errements sentimentaux de son personnage principal et toujours cette écriture limpide, Le roi reçoit ne doit pas être négligé par les aficionados de la littérature espagnole, avec l'espoir que son éditeur français ne tarde pas trop à traduire son prochain roman au titre alléchant : El negociado del yin y el yang.

 

 

L'auteur :

 

Eduardo Mendoza est né le 11 janvier 1943 à Barcelone. Il a publié 18 romans dont La ville des prodiges, L'année du déluge et Une comédie légère.

 


21/11/2021
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