Cinéphile m'était conté ...

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Inédits


Miki (Slovaquie)

Miki, Jkub Kroner, Slovaquie, 2024

Une comédie musicale peut-elle se révéler sapide, en dépit d'une intrigue minimale, voire quasi inexistante ? L'histoire du cinéma, notamment américain, nous révèle que oui, c'est envisageable, mais il faut alors des ingrédients parfaits dans tous les domaines : mise en scène, interprétation, musique, costumes, etc. Nul ne pourra prétendre que Joli joli, de Diastème, frise la perfection dans tous ses aspects mais l'énergie de l'ensemble, la bonne tenue de la plupart des chansons, un sens du rythme narratif indéniable, la reconstitution colorée d'une époque, les années 70, qui paraît déjà lointaine participent au plaisir simple et vif que l'on prend devant le film. Ceci à la condition d'accepter que son seul sujet est celui des amours contrariées, déclinées sous le mode hétéro ou homo, et que les quelques clins d’œil à notre monde d'aujourd'hui (des téléphones portables au mouvement #MeToo) ne brillent pas véritablement par leur finesse. Mais si on se laisse faire sans renâcler (question d'humeur du spectateur), Joli joli est un charmant voyage rétro, où l'on appréciera autant sinon plus les rôles secondaires (Laura Felpin, Vincent Dedienne et Victor Belmondo) par rapport à ses têtes d'affiche que l'on attendait plus étincelantes (Clara Luciani et William Lebghil) ou encore, autrement dit, plus glamoureuses.

 

 

Note : 4,5/10

 


14/01/2025
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La jeune vendeuse (Mongolie)

La jeune vendeuse (Khudaldagch ohin), Sengedorj Janchivdorj, Mongolie, 2021

Yourtes, grands espaces et chevaux sauvages : oubliez tout ce dont le cinéma mongol est le plus souvent synonyme. The Sales Girl se déroule dans le centre moderne d'Oulan-Bator et son héroïne, étudiante en physique nucléaire, ne se déplace jamais sans son casque sur les oreilles (la B.O du film est d'ailleurs charmante). Pour autant, cette sage jeune femme obéit à ses parents et rien ne la prédestinait à devenir vendeuse dans un sex-shop, avant d'avoir à remplacer une amie dans un univers qu'elle ignore totalement. Cela dit, le magasin en lui-même n'est qu'un prétexte pour un récit d'apprentissage dans lequel la vieille et excentrique propriétaire de l'établissement joue un grand rôle. Le film file à une allure modérée mais satisfaisante, bourré de détails amusants et insolites, se situant quelque part entre Kaurismäki et Yerzhanov. Une jolie histoire de transmission et d'épanouissement personnel, que le réalisateur, Sengedorj Janchivdorj, illustre avec fantaisie et tendresse.

 

 

Note : 7/10

 


13/01/2025
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Ce genre de petites choses (Irlande)

Ce genre de petites choses (Small things like these), Tim Mielants, Irlande, 2024

Ceux qui ont vu The Magdalene Sisters de Peter Mullan (2003) savent ce qu'est ce long "scandale" irlandais qui imprègne Small things like these, un faux conte de Noël écrit par Claire Keegan, adapté avec une grande fidélité par Tim Mielants, dans le film éponyme. Cela dit, le livre est largement supérieur à sa transposition sur grand écran, celle-ci cherchant davantage à créer une atmosphère, avec une économie de mots et une lenteur du récit, sans tout à fait y parvenir. Par exemple, les flashbacks consacrés au personnage principal, ce charbonnier qui n'a pas oublié son enfance, par exemple, n'ont pas la force qu'ils ont dans le roman. La construction narrative et la réalisation se veulent pudiques, en offrant un regard latéral à ce qui se joue entre les murs du couvent, mais ce parti pris, aussi louable soit-il, ne contribue pas à augmenter l'intérêt, d'autant que Cillian Murphy joue son rôle en essayant d'être le plus effacé possible, lui, l'homme foncièrement bon et sans aucun doute pétri de foi, comme tous ceux qui l'entourent et qui se taisent, tout en sachant la vérité. La comparaison avec The Quiet Girl, sublime film irlandais qui jouait aussi sur la retenue et les non-dits, est nettement en défaveur de Small Things like these, en dépit de qualités d'ambiance, indéniables.

 

 

Note : 6/10

 


12/01/2025
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Disco Afrika (Madagascar)

Disco Afrika, Luck Razanajaona, Madagascar, 2023

Disco Afrika est le premier film malgache, réalisé par un cinéaste local, Luck Razanajaona, à accéder à un grand festival international, en l'occurrence la Berlinale ((il a aussi été présenté à Marrakech et à Toronto, entre autres). Un événement pour un film qui a bénéficié de plusieurs coproductions étrangères , au service d'un récit actuel des maux de l'île rouge, récurrents depuis plusieurs décennies, à commencer par la corruption généralisée, l'inflation, la violence de l’État pour réprimer les révoltes du peuple. Le héros de cette histoire malgache est un garçon fier qui a perdu son père des années plus tôt, à la suite d"émeutes, et qui revient dans sa ville natale de Tamatave où vivent toujours sa mère et le meilleur ami de son père. Une intrigue simple, joliment mise en lumière et accompagnée d'une musique entêtante, qui résonne comme un récit d'apprentissage tout autant qu'un portrait d'un pays qui ne parvient pas à sortir de chaos. La jeunesse, seule, peut représenter un espoir pour l'avenir mais le chemin sera long et escarpé.

 

 

Note : 6,5/10

 


10/12/2024
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As Neves (Espagne)

As Neves, Sonia Méndez, Espagne, 2024

Le premier long métrage de Sonia Méndez se déroule dans une commune isolée de Galice et raconte une histoire que l'on a déjà vu à de nombreuses reprises au cinéma, au moins pour la moelle de son scénario. Il s'agit de la disparition d'une adolescente, après une fête, et juste avant une tempête de neige. Ce qui intéresse la réalisatrice, c'est cette petite communauté de jeunes gens, qui se connaissent tous, et que leurs parents ont peu ou prou délaissé. Nous sommes en milieu rural et pour tromper l'ennui, quoi d'autre pour passer le temps que des ébauches d'histoires sentimentales, que la découverte de substances plus ou moins autorisées, dans un microcosme de rumeurs et d'éventuelles rancœurs qui transitent par tel ou tel réseau social. Jamais sans mon portable, tel est leitmotiv de ces adolescents, quitte à en faire un usage immodéré et, peut-être, à provoquer des drames. Le film, qui tient les adultes à distance, cherche à installer une atmosphère étouffante, sans y parvenir tout à fait, avec des comédiens pour la plupart débutants qui ajoutent un soupçon d'amateurisme dans un scénario qui, hélas, s'avère des plus prévisibles, bien qu'il cherche à s'imposer comme suspense psychologique. Mais ni la tension, ni la profondeur requises n'y sont vraiment.

 

 

Note : 4,5/10

 


02/12/2024
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Ciao ciao Bourbine (Suisse)

Ciao ciao Bourbine (Bonschuur Tecino), Peter Luisi, Suisse, 2023

Sans être de nationalité suisse, il est très possible d'apprécier Ciao ciao Bourbine (Bonschuur Tecino) à sa juste valeur, à savoir un savoureux éloge du plurilinguisme de nos voisins Helvètes, à base de satire gentiment déjantée. Imaginer que la Suisse, à la suite d'un vote populaire, adopte le Français comme seule langue nationale et provoque, de ce fait, une résistance acharnée de la population non francophone, voire même quelques actes terroristes et un début de guerre civile, tel est le sujet du film de Peter Luisi, à la mise en scène inexistante mais au rythme trépidant, riche en péripéties plus ou moins loufoques. Le film a fait rire les Suisses, son potentiel comique peut aussi susciter une certaine hilarité dans les pays limitrophes, eu égard au côté peu sérieux de la chose poussé aux extrémités de l'absurde. L'interprétation est aux petits oignons et l'on peut se repaître de splendides paysages. De quoi passer un bon moment devant ce long métrage à la langue bien pendue, qui célèbre la diversité et le vivre ensemble, même lorsqu'on ne comprend pas toujours ce que disent les habitants du canton voisin.

 

 

Note : 6/10

 


05/11/2024
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La Práctica (Argentine)

La Práctica, Martin Rejtman, Argentine, 2023

Après pratiquement dix ans d'absence des écrans, le cinéaste argentin Martín Rejtman revient en nous livrant le portrait d'un homme sujet à une crise existentielle. Le susdit, prénommé Gustavo,, est un professeur de yoga argentin qui a suivi son épouse à Santiago du Chili..Lorsqu'ils se séparent, chacun doit reconstruire sa vie et le film les suit dans leur quête mais en insistant davantage sur lui que sur elle..Entre des séances avec une psychologue et des retraites de yoga, séparés par l'administration de cours,, la vie de Gustavo semble partir de plus en plus à-vau-l'eau. Le cinéma de Martín Rejtman n'a pas tellement changé depuis ses débuts avec des scènes qui s'enchaînent dans une certaine linéarité, avec quelques pas de côté, des dialogues assez lapidaires et à la limite de l'absurde, et un ton languissant dans lequel percent de nombreux traits d'humour, plutôt pince-sans-rire. La Práctica appartient à une veine minimaliste qui n'incite certes pas à l'euphorie mais qui amuse par ses motifs répétitifs et ses running gags qui évoquent la dépression avec un brin de légèreté dans une société formatée, y compris pour ceux qui sont à la recherche d'une identité qui leur correspond, avec l'aide du yoga, du végétarisme et, pourquoi pas, de veillées au coin du feu, en reprenant des chansons populaires, en chœur.

 

 

Note : 6,5/10

 


17/09/2024
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Le pays des phrases courtes (Danemark)

Le pays des phrases courtes (Meter i sekundet), Hella Joof, 2023

Paru aux excellentes éditions Le bruit du monde, en 2022, Le pays des phrases courtes a connu un certain

succès en France, permettant de découvrir l'autrice danoise Stine Pilgaard. Le livre alterne courriers,

chansons et aphorismes dans un récit qui ne se départit jamais d'une bonne dose d'ironie et d'humour,

sous la plume de la narratrice, qui n'arrive absolument pas à s'intégrer dans son nouvel environnement,

dans le Jutland, elle qui a connu toutes les possibilités offertes par Copenhague. Le film est une adaptation

fidèle du roman, au moins pour l'humeur générale et le décalage social dont souffre son héroïne, en proie à

une sorte de dépression heureuse, si l'on peut utiliser cet oxymore. Bien interprété, correctement réalisé,

ce long-métrage parle évidemment davantage aux Danois qu'aux autres peuples mais exprime des

sentiments tellement humains qu'il n'est pas besoin d'habiter Esbjerg ou sa région pour les comprendre.

 

 

Note : 6/10

 


04/09/2024
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Escort (Croatie)

Escort, Lukas Nola, Croatie, 2023

Escort est le dernier film du cinéaste croate Lukas Nola, mort en octobre 2022, à l'âge de 58 ans. Le film est centré sur les ennuis de Miro, producteur de vidéos commerciales, marié et père de deux enfants, auquel ses amis ont "offert" une call girl à son hôtel, après une soirée de célébration passablement arrosée. Suspense et chantage, le cocktail est classique dans ce thriller en pente douce qui décrit la morgue d'une certaine élite et les aspirations des classes plus modestes à s'élever, y compris par des manœuvres douteuses. La soirée festive de Miro s'est mal terminée et ce sont ses conséquences qui vont lui pourrir la vie, dans un schéma plutôt attendu où la mise en scène se fourvoie parfois dans des afféteries esthétiques. Le film montre des comportements excessifs : sexe, drogue et alcools, ne surprenant finalement que dans son dénouement. Rien à redire sur l'interprétation, si ce n'est que ce sont, comme souvent, les "méchants" qui se révèlent les plus impressionnants.

 

 

Note : 4/10

 


19/08/2024
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Kalak (Danemark)

Kalak, Isabella Eklöf, Danemark, 2023

Le résumé de Kalak en dit déjà trop, même si le film d'Isabella Eklöf ne joue pas sur les ressorts du suspense. C'est autour de la personnalité de Jan, plutôt complexe, et de notre rapport à lui, mouvant, que se trouvent les véritables enjeux d'un long-métrage qui se déroule, pour la plus grande partie, au Groenland. Mais rien de pittoresque dans ce que décrit la réalisatrice, ni de lyrisme paysager, avec un personnage principal qui a pris du champ vis-à-vis de ses traumatismes de Copenhague. Si Jan nous semble de prime abord une victime et un homme à la recherche d'un équilibre psychologique, son attitude à l'égard des jeunes femmes groenlandaises, sa responsabilité de père de famille et d'autres détails jamais anodins, nous confrontent à une personnalité insaisissable dont l'envie de devenir un authentique Kalak, soit un "sale groenlandais", dans une acception ironique de l'expression, reste une chimère, puisqu'il ne sera toujours, comme ses compatriotes danois, qu'un étranger. Beaucoup trop long et languissant entre ses scènes-clés, presque toutes calées vers le dénouement, Kalak gâche un peu ses atouts mais demeure marquant grâce à son pourtant peu sympathique héros.

 

 

Note : 6/10

 


13/08/2024
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