Cinéphile m'était conté ...

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Europe centrale et orientale


Dans le marigot slovaque (Colère)

Dans Colère, Arpád Soltész raconte la Slovaquie indépendante, d'après 1993, avec le prisme de la criminalité dans la deuxième ville du pays, Košice, située à l'est de son territoire, non loin des frontières de la Hongrie et de l'Ukraine. L'auteur, qui est un journaliste d'investigation, sait de quoi il parle mais ce n'est évidemment qu'une facette de la Slovaquie, comparable à des situations vécues au même moment dans la plupart des nations d'Europe de l'Est, qui reste un pays fascinant et accueillant pour ses visiteurs, que cela soit soit précisé pour les lecteurs impressionnés par la corruption et la violence contenues dans un livre qui ne fait pas de quartiers. Colère est un long fleuve intranquille, où le sang coule et les trahisons abondent, et il faudrait parfois un GPS pour se situer dans un environnement où grenouillent politiciens véreux, recyclés après le communisme, services de renseignement, flics et mafieux de tous bords. Dans ce marigot, deux personnages émergent : un journaliste incorruptible et un policier qui combat le crime organisé par des méthodes pas toujours très orthodoxes. Le livre est une saga qui s'étend sur plusieurs années, avec moult rebondissements et scènes bien gratinées, le tout noyé dans un déluge d'alcool et d'humour noir. Oui, on perd parfois le fil mais cela n'a guère d'importance, par rapport à une action trépidante, des personnages bien dessinés et truculents et une écriture qui va droit au but.

 

 

L'auteur :

 

Arpád Soltész est né en 1969 à Košice (Slovaquie). Il a publié Il était une fois dans l'Est et Le bal des porcs.

 


23/04/2024
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Une gamine de Croatie (Scènes villageoises sans cochon)

Le plus difficile, dans un récit à hauteur d'enfant, est de ne pas céder à la tentation d'employer un vocabulaire trop sophistiqué et à une vision des choses un peu trop clairvoyante pour l'âge présumée de la narratrice. De ce point de vue-là, dans Scènes villageoises sans cochon, Željka Horvat Čeč réussit parfaitement à nous faire ressentir ses sentiments de fillette, dans la Croatie en guerre, sans que l'exercice de mémoire ne paraisse feint ou outrancier. Les chapitres sont très courts et sont imprégnés d'un humour subtil dans la description de l'existence de Željka, entre sa famille, l'école, les garçons, l'hôpital, où elle passe beaucoup de temps, la guerre, faussement lointaine, les voisins et le monde telle que le perçoit cette gamine intelligente mais fragile. Ce sont de petites vignettes pittoresques que nous offre la romancière, très personnelles, qui rendent le livre touchant dans sa modestie mais qui aurait peut-être pu marquer une plus grande ambition, notamment dans sa construction, pour s'imprimer plus durablement. Quoi qu'il en soit, il n'y a effectivement pas de cochon dans le livre et c'est peut-être un peu dommage.

 

 

L'auteure :

 

Željka Horvat Čeč est née en 1986 en Croatie. Elle a publié 2 romans.

 


04/04/2024
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Chaos slave (Dans le fossé)

Il y a quelque chose de très slave dans l'enchaînement des situations de Dans le fossé de Sladjana Nina Perkovic. La référence ultime en la matière pourrait être le Kusturica de la grande époque, très à l'aise pour installer un foutoir inextricable, agrémenté de personnages hauts en couleur. Le premier roman de l'autrice bosnienne est de cette veine là, même sans images, car son style très visuel s'impose à nos yeux ébahis, notamment dans plusieurs scènes totalement dingues dont celles, inénarrables, du cimetière. La jeune narratrice, globalement passive et atterrée par ce qu'elle voit, dans le capharnaüm ambiant, semble être la seule personne équilibrée de cet aréopage délirant mais il ne faut peut-être pas vraiment s'y fier. Quoi qu'il en soit, dans cette chronique familiale loufoque transparaît en arrière-plan un portrait acide du fonctionnement chaotique de la société bosnienne d'après-guerre, dans un pays où les routes de campagne sont défoncées, où l'alcool sert de médicament à la dépression et où l'avenir semble pour désespérément bouché pour le commun des citoyens, à moins d'appartenir à une caste de privilégiés. Gorgé d'humour noir et méchant, Dans le fossé avance à un rythme rapide où l'on ne s'étonne plus de rien, y compris de l'atmosphère horrifique qui règne dans les toutes dernières pages du livre. De temps à autre, Sladjana Nina Perkovic s'adresse directement au lecteur comme pour s'excuser du côté dérisoire de son intrigue et des errements de ses pitoyables personnages. Tout est parfaitement en place pour nous divertir comme le faisait en son temps, dans une manière pas si dissemblable, Arto Paasilinna. La seule chose que la romancière rate, sans doute, est son dénouement, qui ne ressemble à rien. Mais dans un récit volontairement sans queue ni tête, quoique maîtrisé, en fin de compte, la conclusion pouvait-elle être rationnelle et raisonnable ?

 

 

L'auteure :

 

Sladjana Nina Perkovic est née en 1981 à Banja Luka (Bosnie-Herzégovine).

 


05/03/2024
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Paix à ses cendres (Kremulator)

Début février, à Berlin, s'est jouée une pièce adaptée du roman de Sacha Filipenko, Kremulator. Il est vrai que le livre de l'écrivain biélorusse, désormais exilé car opposant notoire à Loukachenko et Poutine, se prête idéalement à une représentation théâtrale, avec les interrogatoires qui constituent la plus grande partie de cet ouvrage, qui trace l'étonnante trajectoire du dénommé Piotr Nesterenko, directeur du crématorium de Moscou, lorsqu'il est arrêté en 1941. Ce personnage historique condense à lui seul l'histoire tumultueuse de la Russie de la première moitié du XXe siècle, de la révolution bolchevique à la seconde guerre mondiale. Engagé dans l'armée blanche puis rouge, pilote d'avion, chauffeur de taxi à Paris, espion pour le NKVD : Nesterenko a vécu mille vies avant d'être un témoin privilégié des purges staliniennes, dont il était le Terminator, en tant qu'incinérateur en série. Filipenko a récupéré les archives existantes et utilisé les carnets de Nesterenko, tout en recourant à la fiction quand c'était nécessaire. Le résultat est brillant, notamment dans les dialogues entre l'accusé et le commissaire enquêteur, un sommet d'ironie et d'humour noir. Impossible, évidemment, de ne pas penser à la Russie autocratique d'aujourd'hui, dans les réflexions avérées ou prêtées au héros du livre, quant à la permanence de l'âme russe et à la démence continuelle de ses dirigeants. Paix à ses cendres : Nesterenko, aussi fluctuant et opportuniste fut-il, est un incroyable sujet d'observation pour qui s'intéresse un tant soit peu à ce qui s'est passé hier et se déroule aujourd’hui dans le pays le plus vaste et le plus fou du monde.

 

 

L'auteur :

 

Sacha Filipenko est né le 12 juillet 1984 à Minsk (Biélorussie). Il a publié 6 romans dont Croix rouges et Un fils perdu.

 

 


05/02/2024
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Chaos bolchévique (Le cœur de Kiev)

Si L'oreille de Kiev avait pu marquer, pour les amours de toujours d'Andreï Kourkov, une légère déception, sa suite, Le Cœur de Kiev (notons que le titre français n'a rien à voir avec celui d'origine, Samson i Nadezda) nous permet de retrouver l'écrivain ukrainien au meilleur de sa forme, bien que l'aspect loufoque de la plupart de ses romans précédents (à commencer par Le Pingouin) ait désormais disparu. Cependant, l'absurde des situations, qui est une marque de fabrique de l'auteur, est lui bien présent dans ce deuxième volet d'une trilogie qui dresse le portrait de la ville ukrainienne au printemps 1919, certes préservée de la guerre qui fait rage à l'extérieur mais néanmoins soumise à un chaos plus ou moins organisée par les nouveaux maîtres bolcheviques. Nous retrouvons Samson, l'homme à l'oreille coupée, qui officie au sein de la milice et est chargé d'une enquête sur le commerce illégal de viande. Dans une cité affamée, où notre héros jouit pour ce qui le concerne de certains privilèges, le sujet est prétexte à une vraie radioscopie de Kiev, extrêmement détaillée car très documentée et d'un réalisme saisissant, même assaisonnée d'une pincée de burlesque. Le personnage principal de Kourkov, bien plus affiné que dans L'oreille de Kiev, tente de rester humain face au désordre ambiant, aux menaces de la redoutable Tchéka et aux lois iniques qui ne cessent de changer. Ouvrage à la fois historique, policier, politique et sociologique, Le cœur de Kiev, réussit pleinement le difficile exercice de nous apprendre de nombreuses choses sur une période particulière de l'histoire de l'Ukraine, tout en nous divertissant avec une intrigue et des protagonistes hauts en couleur. En ces temps tragiques pour l'Ukraine, le livre est aussi, sans nul doute, une manière de saluer la résistance à l'adversité de sa population.

 

 

L'auteur :

 

Andreï Kourkov est né le 23 avril 1961 à Boudogochtch (Russie). Il a publié 18 livres dont Le Pingouin, Laitier de nuit et Les abeilles grises.

 


14/12/2023
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Deux hommes peu aimables (Frapper le ciel)

Après son brillant recueil de nouvelles, Ce que l'on ne peut confier à sa coiffeuse, les excellentes éditions Tropismes nous offrent un nouvel aspect du talent de l'écrivaine slovène Agata Tomažič avec un roman paru en 2016 dans son pays, Frapper le ciel. A travers deux personnages, dont on suit les faits et gestes, en parallèle, l'autrice décrit un monde qu'elle connaît d'expérience, celui des journaux écrits, dont l'influence ne cesse de se réduire comme peau de chagrin. Ces deux protagonistes semblent a priori très opposés dans leurs évolution professionnelles : l'un est le rédacteur en chef usé d'un support quotidien de Ljubljana à bout de souffle ; l'autre, également d'origine slovène, s'est adapté à la vie américaine et a construit sa fortune dans la Silicon Valley, Mais de fait, ils se ressemblent beaucoup, handicapés sur le plan des relations humaines et incapables d'aimer ou de se faire aimer. Agata Tomažič les décrit avec une précision d'entomologiste, perçant leurs pensées les plus intimes sans une once de bienveillance. Le roman a un aspect de comédie noire mais sa structure est rigide et quelque peu austère, avec une quasi absence de dialogues et, en revanche, un excès de métaphores. Le sentiment d'une petite déception après ses nouvelles est en partie gommé par l'impression que l'autrice est capable d'écrire dans des styles très différents, selon le sujet abordé. Rendez-vous est pris pour un prochain ouvrage.

 

 

L'auteure :

 

Agata Tomažič est née en 1977 à Ljubljana.

 


28/11/2023
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La vierge mûrit (Merle, merle, mûre)

Présenté en mai dernier, au Festival de Cannes, au sein de la Quinzaine des cinéastes, le film de la Géorgienne Elene Naveriani, Blackbird Blackbird Blackberry, a commencé à jouir d'une flatteuse réputation, lui valant d'enfin sortir sur les écrans français, à compter du 13 décembre, sous le titre raccourci de Blackbird, Blackberry. Mais avant cela, à la grande surprise de ceux, comme votre serviteur, qui ignoraient que le film était une adaptation, le roman de Tamta Mélachvili a été publié par ces si précieuses éditions Tropismes, le 20 octobre, sous le titre français (c'est nettement mieux, non ?) de Merle, Merle, Mûre. Le film n'a pas trahi l'essence du livre mais disons qu'il est plus léger, traçant un portrait largement plus sympathique de son héroïne, une femme géorgienne de 48 ans, Etéri, qui gère son petit magasin loin de la capitale Tbilissi, avec un caractère farouchement indépendant, qui se retrouve également dans sa vie personnelle, de célibataire endurcie qui n'a jamais connu l'amour. Là où le film est factuel et souvent comique, le roman se présente sous la forme d'un monologue d'Etéri qui nous fait partager ses bonheurs (la confiture de mûres) et ses malheurs, dans un langage fréquemment fleuri, surtout quand elle envoie balader tout le monde, y compris celles qui sont censées être ses amies, mais dont elle se moque ouvertement du mariage qui les réduisent au rang de servantes. Cette femme, qui manifeste aussi souvent son aigreur que sa liberté de penser et d'agir, n'est pas traitée de façon si tendre par la romancière, même si elle parvient à la rendre sympathique in fine, dans un dénouement identique à celui du film. En tous cas, même en connaissant les grandes lignes du récit, avant même d'en avoir commencé la lecture, le style tranchant et truculent de Tamta Mélachvili se révèle souvent plaisant et incite à espérer de nouvelles traductions d'une autrice d'un pays dont la littérature n'est que rarement disponible en français.

 

 

L'auteure :

 

Tamta Mélachvili est née en 1979 à Ambrolauri (Géorgie). Elle a publié 3 romans.

 


23/11/2023
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Deux voix emprisonnées (La peur des barbares)

La peur des barbares de l'écrivain macédonien Petar Andonovski a obtenu le Prix de littérature de l'Union européenne en 2020. D'à peine plus de 80 pages, ce roman à deux voix fascine par l'atmosphère qu'il dégage, sombre et oppressante, à mesure que progressent les récits de Oxana, Ukrainienne, et Pinelopi, Grecque, deux femmes "échouées" sur une petite île dépeuplée face à la Crète. Les deux s'adressent chacune à une amie chérie durant leur jeunesse, avant que l'une travaille à Tchernobyl et que l'autre soit mariée de force à un homme qu'elle déteste. Leurs histoires se complètent et font intervenir des personnages étonnants comme la femme du gardien de phare, à l'esprit dérangé, ou deux sœurs albinos, craintes par la population. Il y a comme une touche de réalisme magique dans ce livre étrange et pénétrant où les femmes cherchent à fuir une île où les hommes imposent leur loi, n'ayant de cesse de faire la chasse aux étrangers (barbares) qui auraient le malheur de vouloir les déranger sur leur terre, comme Igor, un ami de feu le mari d'Oxana, à laquelle il raconte les histoires locales. Cette île-prison est comme le symbole du destin des femmes face au patriarcat, condamnées à ne jamais pouvoir vivre leurs amours. Il y a une force et une intensité peu communes dans ce "petit" roman d'un auteur venu d'un pays encore bien méconnu pour sa littérature.

 

Un grand merci à Maria Béjanovska, la traductrice de La peur des barbares.

 

 

L'auteur :

 

Petar Andonovski est né en 1987 à Kumanovo (Macédoine du Nord). Il a publié 4 romans.

 


19/11/2023
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Le petit garçon et la mort (Terre, mère noire)

Publié en 2013 en Croatie, Terre, mère noire est le deuxième roman de Kristian Novak, a été traduit en français de très brillante façon par Chloé Billon, aux éditions Les Argonautes. Après un court prologue, qui évoque des faits tragiques remontant à 1991 : 8 suicides successifs, en 2 mois, dans un petit village de la région du Medjimurje, au nord de la Croatie, le livre commence véritablement, 20 ans plus tard avec un romancier prénommé Matija, dont les deux premiers ouvrages ont connu le succès et qui vit une belle relation avec sa fiancée. Sauf que son troisième roman, pas encore paru, est jugé irrémédiablement désastreux par les amis qui en ont eu la primeur et que son couple se brise, à la suite de ses mensonges de plus en plus fréquents. S'opère alors un flashback vers l'enfance de Matija, depuis longtemps refoulée, précisément dans le village ont eu lieu les suicides, alors que la Yougoslavie se délitait. Terre, mère noire est un roman très étonnant où les dialogues enlevés et prosaïques de la première partie cèdent la place à un environnement très sombre, dans la majeure partie du livre. Si l'humour et le pittoresque persistent encore un peu, ils s'effacent devant une terrible noirceur maléfique, à laquelle deux follets surgis de l'imagination de Matija enfant ne contribuent pas qu'un peu. Certains passages sont assez atroces par ce qu'ils décrivent de ce village en proie à la peur et à la haine mais aussi par ce qu'ils disent des pensées d'un petit garçon perturbé (euphémisme). Le roman est aussi haletant qu'un thriller mais ses côtés obscurs et morbides ont vraiment de quoi faire frissonner d'horreur.

 

 

L'auteur :

 

Kristian Novak est né le 14 mai 1979 à Baden-Baden (Allemagne). Il a publié 4 romans.

 


31/10/2023
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Le train de la faim (Convoi pour Samarcande)

Gouzel Iakhina a du souffle, elle l'a prouvé dès son premier roman, Zouleikha ouvre les yeux, qui révélait son immense talent de narratrice, dans un récit exigeant mais éblouissant. Après Les enfants de la Volga, reçu comme en confirmation, avec quelques bémols tout de même, pour une propension à surcharger son récit de descriptions, Convoi pour Samarcande ajoute une pierre de plus, toujours dans le même registre historique et épique mais, cette fois, l'excès de détails n'est sans doute pas étranger au fait que certains passages apparaissent comme très arides, pour ne pas dire éprouvants. L'époque auquel se déroule le livre est des plus rudes, les années 1920 dans une Russie post-révolutionnaire où la famine fait rage, en particulier dans la région de la Volga. D'où le convoi qui s'ébranle de Kazan, avec 500 enfants à son bord, et qui doit rejoindre le Tatarstan, après un long voyage ferroviaire, synonyme d'aventure où la peur, la faim et les maladies feront office de voyageurs clandestins. Même si la romancière reste une conteuse picaresque étonnante, Convoi pour Samarcande est une lecture parfois fastidieuse, de par ses digressions et son souci de tout décrire par le menu, y compris les éléments les plus sordides de cette incroyable odyssée. A force de multiplier les arrêts, le récit s'enlise et surtout suscite plus l'effroi que l'émotion. Sauf que la répétition dans l'horreur et l'accumulation d'épisodes où l'héroïsme triomphe du malheur ont tendance à assommer un lecteur qui n'en peut mais de tant de situations inextricables et tragiques. Tant mieux si certains se passionnent pour le roman mais prendre du plaisir à Convoi pour Samarcande apparaîtra comme une gageure impossible pour d'autres, qui n'auront de cesse de voir enfin arriver le train dans sa gare de destination, après un périple aussi harassant.

 

 

L'auteure :

 

Gouzel Iakhina est née le 1er juin 1977 à Kazan (Russie). Elle a publié Zouleikha ouvre les yeux et Les enfants de la Volga.

 


14/10/2023
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