Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

G Bretagne/Irlande


Une nuit au centre d'appels (Wonderfuck)

Insolence, provocation et cynisme. Il faut avoir bien du talent pour faire tenir debout un roman, tout en nous égayant, avec de tels ingrédients. Bien entendu, il y a de l'humour dans Wonderfuck mais il est permis de le trouver le plus souvent graveleux et parfois incompréhensible (le livre a dû être une torture à traduire de l'anglais). Cette nuit dans un centre d'appels, destiné aux touristes en souffrance, nous devons la passer avec le dénommé Jimmie, un garçon en surpoids, aux ascendances italiennes, dont les préoccupations sont principalement sentimentalo-sexuelles y compris à destination de ses collègues, de nationalités diverses, ce qui nous vaut quelques clichés assez lourds sur les peuples représentés. Le roman tangue entre pensées scatologiques et pornographiques, entrecoupées de dialogues lunaires avec des clients peu amènes, renvoyés le plus souvent dans leurs 22 mètres par un Jimmie à l'humeur constamment chafouine. On voit bien où l'autrice, Katharina Volckmer, après Jewish Cock (elle a décidément l'art de trouver des titres "délicats"), veut en venir, à savoir montrer l'inhumanité des centres d'appels, comme symboles de notre société capitaliste et partant, de nous sensibiliser à la solitude et au mal-être de son héros rebelle aux codes en vigueur. Le sujet de Wonderfuck aurait pu convenir à ses visées mais la vulgarité et l'agressivité de l'ensemble servent plutôt de repoussoir et les dernières pages, censées susciter de l'empathie pour ce satané Jimmie, viennent bien trop tard, le mal est fait depuis longtemps.

 

 

L'auteure :

 

Katharina Volckmer est née le 9 avril 1987 en Allemagne. Elle a publié Jewish Cock.

 


02/03/2024
0 Poster un commentaire

La pie qui enchante (Premières plumes)

Charlie Gilmour a un père célèbre, David, mais Premières plumes ne lui est pas consacré, pas plus d'ailleurs qu'à la vie des flamants roses. C'est d'un autre oiseau qu'il est question dans ce livre grandement autobiographique, une pie nommée Benzene, que l'auteur a nourri et "élevé", trouvant en elle un réconfort certain, non pas parce que son propre couple battait de l'aile (oups) mais bien parce que, depuis toujours, ses rapports avec son père biologique, Heathcote Williams, poète, acteur, dramaturge et à l'occasion magicien, ont été marqués par l'absence de ce dernier, son comportement erratique et un refus presque continuel de donner un semblant d'affection à son rejeton. Le récit est obsessionnel et pourrait parfois sembler répétitif puisqu'une grande partie de la vie de Charlie Gilmour tourne autour de ses relations avec la pie (qui enchante) et avec son paternel (avec lequel il ne cesse de déchanter). Étonnant livre qui narre par le détail la croissance et les postures d'un oiseau attachant et intelligent, à l'encontre des préjugés qui accompagnent les corvidés, cette famille de passereaux qui regroupe corbeaux, corneilles, geais et pies. Ce livre, dit l'éditeur, a la capacité de modifier notre regard sur la nature et la vie sauvage qui nous entourent. Et surtout, en apercevant le noir et blanc d'une pie au-dessus de nos têtes, pourrons-nous désormais la considérer différemment d'un oiseau réputé bavard et chapardeur.

 

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié.

 

 

L'auteur :

 

Charlie Gilmour est né en 1989 à Londres.

 


11/01/2024
0 Poster un commentaire

Les stations du souvenir (Au bon vieux temps de Dieu)

Les bons livres de Sebastian Barry ne manquent pas (Y en a t-il un de vraiment moyen ?) mais avec Au bon vieux temps de Dieu, l'intensité de son écriture et son lyrisme douloureux n'ont sans doute jamais été aussi brûlants. On peut y ajouter l'humour, aussi surprenant que cela puisse paraître, dans un roman aussi sombre, mais qui permet de tempérer la noirceur de son sujet. Le narrateur, Tom Kettle, policier retraité depuis 9 mois, on va s'en apercevoir assez vite, vit dans le passé et va remonter les stations de ses souvenirs, dans un désordre savamment organisé par l'auteur, et d'une fiabilité plus que douteuse. Il n'empêche, le personnage principal du roman a subi plusieurs deuils successifs, dont celui de son épouse adorée, et que son esprit batte plus ou moins la campagne, alors que la vieillesse l'a rattrapé, n'a rien d'étonnant. Parti sur les bases d'un polar, Au bon vieux temps de Dieu ménage un grand suspense qui ne se dénoue que progressivement mais c'est définitivement le style de Sebastian Barry qui transcende un récit dont la toile de fond est l'épouvantable époque des viols d'enfant par les prêtres irlandais, méfaits commis dans le silence assourdissant d'un environnement social qui savait, peu ou prou. Difficile de dire qu'un livre est splendide, lorsqu'il traite d'un sujet pareil, mais il est pourtant touché par une grâce éthérée, si l'on ose l'écrire ainsi.

 

 

L'auteur :

 

Sebastian Barry est né le 5 juillet 1955 à Dublin. Il a publié 11 romans dont Du côté de Canaan, Des jours dans fin et Des milliers de lunes.

 


19/11/2023
0 Poster un commentaire

Le héros intrépide (Le Romantique)

Cela fait près de 40 ans que l'imagination fertile de William Boyd nous divertit, sans que sa verve et sa prédilection pour les personnages hors normes ne se tarisse. Cashel Greville Ross, le héros de Le Romantique, ne fait pas exception à la règle, arpentant 4 continents durant le XIXe siècle, goûtant à la gloire et à la déchéance, s'en remettant à son cœur plus qu'à sa raison, fidèle à ses amitiés comme à ses amours, même quand ces dernières sont empêchées et malheureuses. Le voici d'abord orphelin en Irlande puis combattant à Waterloo, avant d'être témoin des exactions de l'armée britannique aux Indes. Il séjourne en France et en Italie, s'éprend de la vie femme de sa vie, ce qui ne l'empêche pas de repartir sur les routes de l'aventure, vers les sources du Nil , puis en Amérique, avant d'occuper un poste de diplomate à Trieste. Parfois trahi et ruiné, sa capacité de rebond est prodigieuse, même si elle s'accompagne de regrets mélancoliques pour ce qu'il a raté dans sa longue existence. Comme à son habitude, Boyd n'a aucun mal à nous attacher au caractère de son intrépide protagoniste, qui côtoie aussi bien les salons mondains que la prison et rencontre Byron, Mary Shelley ou Richard Burton (l'explorateur, pas le mari de Liz), au gré de ses pérégrinations. Le style de l'auteur, enlevé mais qui ne cherche pas la flamboyance à tout prix, teinté d'humour, fait une fois encore merveille. Cashel prend place tout naturellement aux côtés de tous les personnages de fiction de William Boyd, de la trempe de ceux qui, en d'autres temps, auraient alimenté les feuilletons des journaux. Du nanan que cette vie romanesque, comme l'aurait certainement dit Bernard Pivot, en recevant l'écrivain dans Apostrophes (vous vous souvenez de Comme neige au soleil ?).

 

 

L'auteur :

 

William Boyd est né le 7 mars 1952 à Accra (Ghana). Il a publié 16 romans dont Comme neige au soleil, Les nouvelles confessions, La vie aux aguets et Trio.

 


08/06/2023
0 Poster un commentaire

Au grand dam d'Amsterdam (La maison dorée)

Le classicisme a parfois du bon et le simple désir d'un auteur de délivrer une histoire palpitante à ses lecteurs, sans artifices superfétatoires ni colifichets narratifs fait du bien en ces temps où les écrivains aiment à complexifier jusqu'à plus soif la forme de leurs récits. La maison dorée se présente comme la suite de Miniaturiste, 18 ans plus tard, et il n'est nul besoin de connaître le roman antérieur (quoique cela aide un peu) pour apprécier le style limpide de Jessie Burton, au service d'une histoire qui tient en haleine, avec un twist, comme on ne disait pas encore au début du XVIIIe siècle à Amsterdam, imparable et follement romanesque. L'autrice a soigné ses décors et ses costumes, nous faisant toucher du doigt tout ce qui faisait l'essence et la vacuité de la bonne société du grand port néerlandais. L'être mais surtout le paraître, tout n'y semble que vanité humaine. Autre atout du livre : ses personnages, les deux principaux, notamment, une jeune femme de 18 ans et sa tante, avec l'étroit parallèle entre leurs existences respectives, avec la distance temporelle. Mais là où la romancière excelle encore davantage, c'est dans sa manière de conduire un récit, en alternant phases psychologiques ou descriptions avec une action qui s'emballe soudain au détour d'une page, nous faisant palpiter le cœur presque aussi vite que celui de ses héroïnes. Y aura t-il une suite à La maison dorée ? Ce n'est pas impossible. Elle ne pourrait qu'être d'une flamboyance tranquille comme on en a pris l'habitude avec Jessie Burton. Il faut bien avouer que ce serait, pour tous ses lecteurs, l'ananas sur le gâteau, si vous veuillez bien excuser ce clin d’œil à l'un des "protagonistes" inattendus de ce délicieux ouvrage. Au grand dam d'Amsterdam ?

 

 

L'auteure :

 

Jessie Burton est née le 17 août 1982 à Londres. Elle a publié Miniaturiste, Les filles au lion, Les secrets de ma mère.

 


10/05/2023
0 Poster un commentaire

Avec peur et reproches (La vie en fuite)

Comme pour Le garçon en pyjama rayé, dont La vie en fuite constitue une suite, le dernier roman de John Boyne pose la délicate question de la fabrication d'une fiction dont des éléments majeurs ont à voir avec l'Holocauste. Il y a toujours un aspect embarrassant à marier le romanesque avec l'horreur absolue et La vie en fuite n'y échappe pas, avec son héroïne qui a été sinon coupable, tout du moins témoin et par conséquent complice, de l'atrocité humaine, en dépit de son jeune âge à l'époque. Dans sa postface, Boyne écrit qu'il est "fasciné par l'Holocauste" depuis l'âge de 15 ans, avide de trouver des explications à cette monstruosité. Au demeurant, on ne peut reprocher à l'auteur de ne s'en servir que comme simple ressort dramatique, il s'agit de bien plus que cela, d'un poids et d'un remords essentiel dans le portrait d'une femme définitivement marquée, dressé dans La vie en fuite. Le livre alterne le passé lointain, après la guerre, à Paris, puis à Sydney et à Londres, avec le présent, pour une désormais nonagénaire qui a fait sa vie sans jamais que la peur ne la quitte. John Boyne est l'un des romanciers contemporains parmi les plus brillants et machiavéliques- il suffit de citer Les fureurs invisibles du cœur ou L'audacieux monsieur Swift, par exemple- et il montre ici de nouveau toute sa maîtrise d'une intrigue bourrée de suspense et d'émotion. Même si l'on trouve son sujet de fond indécent, pour ne pas dire plus, il est presque impossible de ne pas être tenu en haleine tout au long du livre, en dépit de quelques coïncidences forcées et d'un dénouement difficile à avaler. L'art de la narration de Boyne est indéniable mais quelqu'un pourrait-il lui conseiller, à l'avenir, de cesser de revenir à une période lugubre de l'Histoire dont on a du mal à concevoir qu'elle puisse servir de tremplin à une fiction, aussi captivante soit-elle, avec ses sentiments de culpabilité et d'effroi à chacune de ses pages.

 

 

L'auteur :

 

John Boyne est né le 30 avril 1971 à Dublin. Il a publié 11 romans dont Il n'est pire aveugle, Les fureurs invisibles du coeur et L'audacieux monsieur Swift.

 


23/04/2023
0 Poster un commentaire

Flamboyance écossaise (Reine d'un jour)

Clio Campbell, sa vie, son œuvre. La chanteuse folk écossaise, au succès éphémère, et activiste inlassable, s'est suicidée à 51 ans. Elle est le personnage principal de Reine d'un jour, mais même s'il s'agit d'un roman et donc d'une personnalité fictive, le fait est que le talent d'évocation de Kirstin Innes la rend incroyablement réelle, nous plongeant dans plus de trente ans d'histoire de la Grande-Bretagne, notamment à travers les luttes sociales, de l'époque de Thatcher au Brexit, en passant par le référendum sur l'indépendance de l’Écosse. Le livre est brillant, dense et le plus souvent intense, du fait de la rousse flamboyance de Clio Campbell, de son caractère rebelle, de ses tendances à la dépression, et surtout du savoir-faire de l'auteure pour donner énormément de vivacité à un récit qui n'épargne aucun de ses personnages, à commencer par son héroïne, carrément agaçante par certains côtés de sa personnalité mais aussi touchante à cause de ses nombreuses failles. Le roman, tricoté façon puzzle, dans un désordre chronologique constant, commence par désorienter par la multitude de ses protagonistes avant que le lecteur ne fasse la seule chose qui s'impose, comme dans une fiction russe au long cours : se référer constamment à la liste des susdits qui figure avant le début de l'ouvrage. Ceci dit, il est permis de se demander si Reine d'un jour n'aurait pas été plus efficace et émouvant s'il n'était pas aussi éparpillé entre différentes périodes. La comparaison avec Le Royaume désuni de Jonathan Coe, dont le roman de Kirstin Innes est un contrepoint intéressant, apparait en tous cas pertinente, dans des styles très différents, et avec une touche écossaise marquée et un aspect nettement plus politique et moins ludique, pour le second.

Merci à NetGalley et aux éditions Métailié.

 

 

L'auteure :

 

Kirstin Innes est née en 1980 à Edimbourg.

 


03/02/2023
0 Poster un commentaire

Postures et imposture (Assemblage)

Qualifié de "déflagration littéraire" en Grande-Bretagne, Assemblage, le premier roman de Natasha Brown, est un drôle d'objet, en définitive. Au point que le terme de "roman" ne lui convient qu'à moitié, il s'agit aussi d'une sorte de monologue composite de la narratrice, et presque d'un pamphlet, quoique le mot soit trop fort, disons quelque chose comme une dissertation souvent brillante mais parfois opaque. Ce sont d'abord les fragments de vie d'une femme noire dans l'Angleterre d'aujourd'hui : elle s'est élevée socialement avec un poste jalousé dans une banque et a un petit ami issu d'une famille huppée. Tout devrait aller bien si ce n'était qu'elle a de plus en plus l'impression que ses postures relèvent de l'imposture et qu'elle ne supporte plus l'hypocrisie et le cynisme des milieux qu'elle fréquente. Si l'on peut comprendre sa lassitude, qui témoigne d'une grande lucidité, son comportement vis-à-vis de la maladie est plus problématique, élément quelque peu superfétatoire et inutilement mélodramatique. Le texte est court, hélas, et aucun personnage autre que la narratrice n'a l'espace suffisant pour exister. Reste un colère froide contre les diktats de "l'assimilation" et une analyse fine du racisme larvé dans une société prétendument ouverte mais qui souffre toujours d'un syndrome de supériorité colonialiste bien ancré. Une centaine de pages de plus et une intrigue plus généreuse : dans ce cas là, oui, la déflagration aurait eu davantage de chance de se faire entendre.

 

 

L'auteure :

 


28/01/2023
0 Poster un commentaire

Gloire et décadence (Actrice)

Il ne faut pas trop attendre d'Actrice, une fiction écrite par l'Irlandaise Anne Enright. La narratrice du livre est la fille d'une grande vedette de la scène et de l'écran avec laquelle la relation a été complexe, alors que la seconde cheminait entre gloire éphémère et triste décadence. Une destinée classique que l'autrice ne rend guère flamboyante, avec par exemple une morne évocation d'un Hollywood qui mâche et recrache ses actrices sans états d'âme. Plus qu'à la carrière de la star déchue, avec quand même quelques réminiscences façon Boulevard du crépuscule, le roman examine davantage les relations entre une mère et sa fille, devenue écrivaine, mais sans véritable flamme, tablant sur des non-dits qu'il est plus ou moins aisé de saisir. A force de parler de tout, sur les plans public et privé, en suivant avec difficulté une trame chronologique, Actrice finit par ne plus rien dire, semblant avoir épuisé ses arguments narratifs dès les 50 premières pages, le reste n'étant en définitive que redites et atermoiements. Et le personnage de la narratrice, qui essaie de tracer sa route, dans l'ombre encombrante de sa mère, n'a vraiment rien de fascinant. Ce n'est pas que l'on s'ennuie mais le temps est un peu long dans ce roman stagnant qu'est Actrice.

 

 

L'auteure :

 

Anne Enright est née le 11 octobre 1962 à Dublin. Elle a publié 7 romans.

 


30/12/2022
0 Poster un commentaire

Et tout le tintouin (Le royaume désuni)

Jonathan Coe fait partie des rares écrivains contemporains dont les lecteurs fidèles savent qu'il ne les décevra pas, dans un cocktail miraculeusement équilibré entre ironie, tendresse, cruauté et humour. Par ailleurs, s'il est un conteur délicieux, il est aussi à sa manière sociologue et historien, implacable et suave narrateur de la "Britannitude." Dans Le royaume désuni, il parcourt ainsi 75 ans d'histoire anglaise, en s'attardant sur plusieurs événements marquants, du 8 mai 1945 au Covid de 2020, en passant par le couronnement de la reine, la coupe du monde de football victorieuse de 1966 ou la mort de Diana. Soit autant de moments marquants de communion populaire mais vus aussi d'un œil moqueur, à travers l'intimité d'une famille dont les membres évoluent au fil du temps. Le personnage principal, Mary, enfant en 1945, est une femme ordinaire, qui s'inspire de la propre mère de Jonathan Coe, et qui représente un éléments de stabilité autant qu'un fil conducteur dans un livre qui parle d'une quantité de sujets, dont par exemple la croustillante guerre du chocolat entre l'Union Européenne et le Royaume-Uni, sans perdre un seul instant son inventivité et son écriture narquoise. Le rapport des sujets britanniques à la royauté y prend une large place de même que, plus épisodiquement, les réminiscences de la seconde guerre mondiale, le libéralisme de Thatcher "et tout le tintouin", selon l'expression favorite de Mary. Quant à l'évolution des mentalités, la persistance de certains préjugés raciaux ou sexuels, ils sont pareillement abordés au fil d'une variété d'intrigues qui ne souffrent pas des ellipses temporelles entre chacun des chapitres. Bref, comme toujours avec Coe, c'est un régal, et une occasion renouvelée de s'intéresser à ces drôles de Britanniques, si éloignés et si proches de nous. Ne sont-ils pas ?

 

 

L'auteur :

 

Jonathan Coe est né le 19 août 1961 à Birmingham. Il a publié 14 livres dont La vie privée de Mr Sim, Expo 58 et Billy Wilder et moi.

 


24/11/2022
0 Poster un commentaire