Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Légendes


Gael Garcia Bernal

 

Biarritz, le 26 septembre 2023.

 


26/09/2023
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Alice au pays des pionnières

 

La première cinéaste de l'Histoire s'appelait Alice Guy-Blaché et a tourné en France et aux États-Unis, avant même la création de Hollywood. Alice qui ? Cette pionnière du 7ème art est pourtant moins connue que les frères Lumière, Méliès, Feuillade ou même que Germaine Dulac, sa consœur, qui a seulement débuté en 1917. Faut-il pour autant souscrire à la thèse du documentaire de Pamela B; Green, Be Natural, qui assure révéler son histoire (délibérément) cachée ? C'est faire peu de cas de Looking for Alice, par exemple, un autre documentaire, plus modeste, réalisé en 2008 et qui, il est vrai, semble parfois minimiser le rôle d'Alice, la faisant notamment débuter en tant que réalisatrice en 1900 (et non en 1896). Il existe également depuis peu plusieurs DVD de ses films dont un coffret sorti par Gaumont. Be Natural, avec son rythme frénétique qui emporte tout son passage et des dizaines d'intervenants dont certains ne prononcent qu'une seule phrase ou disent simplement qu'ils ignoraient son existence, a tout de même un grand mérite : celui de faire entendre une interview de cette héroïne. Certes, ce n'est que par fragments, entre deux témoignages plus ou moins captivants, mais ces moments sont particulièrement touchants, autant que les extraits trop rares de ses films. En vérité, il faut s'extraire de la cadence frénétique du documentaire et des multiples digressions, pour retenir le récit de ses aventures incroyables, en France tout d'abord, au côté de Léon Gaumont puis au New Jersey où se tournèrent les premiers films américains. Alice Guy, scénariste, réalisatrice et productrice a donc été pionnière des deux cinémas qui ont l'un après l'autre dominé le monde. Ce n'est pas rien et sa chute, due d'une part à la mauvaise gestion financière de son mari (dont elle divorça) et de la migration du cinéma américaine vers Hollywood, n'en fut que plus cruelle. La leçon de tout cela, c'est qu'une fois que le cinéma devint une industrie, avec de lourds enjeux commerciaux, les hommes prirent les rênes et les femmes comme Alice Guy n'y eurent plus leur place. Ce qui est bien, en définitive, avec Be Natural, c'est que l'on peut se faire son propre film et au-delà de son caractère démonstratif y voir avant tout le portrait d'une femme étonnante et admirable qui mérite que l'on parle davantage d'elle et, c'est essentiel, que l'on redécouvre son œuvre encore largement méconnue et qui vaut largement le coup (voir par exemple The Detective's Dog, tourné en 1912).

 

 


29/06/2020
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Claude Autant-Lara

On le sait : les dernières années du cinéaste Claude Autant-Lara, celles d'après son dernier tournage, ne sont pas très glorieuses. Des livres rageurs où il règle ses comptes, son élection au Parlement européen sur les listes FN, ses invectives ignobles et antisémites ... Mais comment celui qui fut considéré assez longuement de gauche et même proche du parti communiste dans les années 50 a t-il pu tomber si bas au point que son oeuvre cinématographique a pu en être occultée ? Cette question, son biographe, Jean-Pierre Bleys y répond de façon précise montrant un homme qui aimait se battre seul contre le reste du monde et qui, depuis longtemps, ne dissimulait pas une xénophobie latente, notamment vis-à-vis de l'impérialisme culturel américain. Une personnalité complexe, colérique, paranoïaque, mais aussi fidèle en amitié avec ses collaborateurs, au premier rang desquels son scénariste Jean Aurenche et sa propre épouse dont la mort marqua une sorte de bascule de sa part vers un lâcher-prise dangereux dans des prises de position radicales où son sentiment d'être rejeté par le cinéma français depuis l'avènement de la Nouvelle Vague n'avait cessé de croître. Mais le plus gros du livre, et le plus passionnant, réside dans le récit des tournages de l'auteur de La traversée de Paris, Douce, L'auberge rouge et Le diable au corps, entre autres classiques incontestables du cinéma français. Jean-Pierre Bleys donne mille et un détails pour chaque projet du réalisateur, y compris ceux, et ils sont nombreux, qui n'ont pu voir le jour. Coriace, procédurier, cassant voire humiliant avec ses acteurs et ses techniciens, Autant-Lara avait la certitude de construire une oeuvre importante, malgré les compromis, malgré son incapacité à s'apercevoir que le cinéma évoluait au contraire de son propre style. Cette biographie est d'une richesse confondante autour d'un cinéaste sans doute plus illustrateur que véritable créateur mais pas moins auteur et qui a, en son temps, su aborder des sujets "difficiles" comme l'objection de conscience ou l'avortement. Un réalisateur qui a tourné avec Gérard Philipe, Michèle Morgan, Jean Gabin, Brigitte Bardot, Bourvil, Danielle Darrieux, Miche Simon, etc. Le Claude Autant-Lara de Jean-Pierre Bleys est ce qu'on appelle une biographie définitive, nuancée et complète, dans l'esprit d'une collection Institut Lumière/Actes Sud tournée vers la plus haute qualité.

 

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18/08/2018
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Les excentriques du cinéma français

Excentrique : éloigné du centre. Comme tous ces acteurs des années 30 à 60, seconds rôles au mieux, le plus souvent comparses, mais capables de voler une scène au nez et à la barbe des vedettes consacrées. Les excentriques du cinéma français de Raymond Chirat et Olivier Barrot, jamais réédité depuis 1985, est devenu une référence pour tous ceux que le patrimoine cinématographique intéresse. Le livre est remarquable, croquant avec une verve précise et drôle le portrait de 150 hurluberlus qui ont tracé leur route entre chefs d'oeuvre de Clouzot, Becker ou Duvivier et navets onvaisemblables. Le style de Chirat est inimitable, chamarré et enlevé, tout l'inverse d'un article wikipédia. Tous les acteurs et actrices présents en ressortent grandis y compris les obscurs et les sans grade. Bussières, Carette, Dalio, Debucourt, Dorziat, Dubost, Fabre, Frankeur, Grey, Larquey, Le Vigan, Roquevert, Tissier et tant d'autres, méconnus et incongrus, trouvent leur place, de façon thématique avec une belle iconographie en noir et blanc, évidemment. Un cortège d'anti-stars au talent parfois incertain mais à la personnalité affirmée. Ce livre, c'est du nanan !

 

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16/08/2018
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Hideko chez Mikio

Dans la très riche carrière de Mikio Naruse, l'actrice Hideko Takamine occupe une place de choix. Elle a tourné 17 films sous sa direction, et pas des moindres. 25 ans séparent Hideko, receveuse d'autobus de Délit de fuite. Entre les deux, que de merveilles : L'éclair, Nuages flottants, Au gré du courant, Quand une femme monte l'escalier, Chronique de mon vagabondage, Une femme dans la tourmente ... Le visage délicat d'Hideko était le réceptacle idéal de la mélancolie et du pessimisme de Mikio Naruse.

 

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Nuages flottants

 

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Une femme dans la tourmente

 

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Quand une femme monte l'escalier

 

 


02/08/2017
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Bon anniversaire mademoiselle Darrieux !

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Radieuse, élégante, gracieuse, impertinente. Danielle Darrieux fête ses cent ans ce 1er mai. Bon anniversaire !

 

10 films à voir (entre autres) :

 

Mayerling d'Anatole Litvak, 1936

Premier rendez-vous d'Henri Decoin, 1941

L'affaire Cicéron de Jospeh Mankeiwicz, 1952

Madame de ... de Max Ophüls, 1953

Le rouge et le noir de Claude Autant-Lara, 1954

Marie-octobre de Julien Duvivier, 1959

Landru de Claude Chabrol, 1963

Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, 1967

Le lieu du crime d'André Téchiné, 1986

Huit femmes de François Ozon, 2001

 

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01/05/2017
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Piccoli au fil des décennies

Le 27 décembre dernier, il a fêté ses 91 ans. Michel Piccoli, après plus de 200 rôles au cinéma ou à la télévision, tournait encore un court-métrage en 2015. Cela fait 7 décennies qu'il est sur nos écrans, acteur atypique et qui a toujours refusé la facilité. J'espère le voir comme chaque année ou presque cet été au Festival de cinéma de La Rochelle.

 

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Nathalie (1957)

 

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Le mépris (1963)

 

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Vincent, François, Paul et les autres (1974)

 

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Adieu Bonaparte (1985)

 

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La belle noiseuse (1991)

 

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Ce jour-là (2003)

 

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Habemus papam (2011)


19/04/2017
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C'était le 3 mars ... 1917

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John Ford en 1915

 

 

Cela s'est passé il y a un siècle jour pour jour. Le 3 mars 1917, le premier film de John Ford, d'une durée de 30 minutes, est présenté au public sous le titre de The Tornado. Il s'agit -déjà- d'un western et Ford interprète le rôle principal. Le film est aujourd'hui considéré comme perdu.

 

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Le cheval de fer, le premier grand western de John Ford (1924).


03/03/2017
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Un homme et une femme, et deux Oscars

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En avril 1967, les Oscars récompensent Un homme pour l'éternité de Fred Zinnemann vainqueur de Blow up (Antonioni), Qui a peur de Virginia Woolf ? (Nichols), Les professionnels (Brooks) et Un homme et une femme (Lelouch). Elizabeth Taylor s'impose comme meilleure actrice et Claude Lelouch repart avec deux Oscars : meilleur scénario original et meilleur film en langue étrangère.

 

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26/02/2017
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Un flashback de 50 ans

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Marcello Mastroianni dans La dixième victime

 

 

 

Quels films sortaient sur les écrans français en février 1967 ? Le bal des vampires, de Roman Polanski, une comédie sanglante qui n'a rien perdu de son mordant. le voleur de Louis Malle, l'un des films les plus singuliers d'un auteur qui semble malheureusement commencer à sombrer dans l'oubli. La dixième victime d'Elio Petri, un film d'anticipation pas très réussi avec un Marcello Mastroianni blond. Que vienne la nuit d'Otto Preminger qui, là non plus, n'est pas ce que le cinéaste a fait de mieux. Accident de Joseph Losey, l'un des films les plus "British" de Losey avec deux acteurs formidables : Stanley Baker et Dirk Bogarde. A propos des chansons paillardes au Japon de Nagisa Oshima, film happening très symbolique de l'époque avec son contenu existentialiste.

 

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Accident de Joseph Losey

 

Pour le plaisir, une petite liste des auteurs à l'affiche dès le mois de mars 1967 : Rohmer, Skolimowski, Demy, Godard, Chabrol, Ritt, Germi, Petrovic, Bresson. "Muy rico" comme on dit en Espagne !

 

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Le bal des vampires de Roman Polanski


20/02/2017
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