Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Sorties 2016


Ma fille est une rebelle (American Pastoral)

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La densité et le caractère poignant d'American Pastoral sont une évidence. Pour ce qui concerne le roman de Philip Roth, s'entend, Prix Pulitzer. Que Ewan McGregor s'attaque à une telle adaptation, pour ses débuts à la mise en scène, montre une ambition sans doute louable, mais aussi un peu d'inconscience, là où il aurait fallu un P.aul Thomas Anderson ou un James Gray aux commandes, pas moins. Tout n'est pas raté dans le film, loin de là mais l'atmosphère générale n'y est pas malgré une reconstitution (un peu trop) léchée des années Vietnam, Woodstock et contestation générale de l'American Way of Life. Sur cette période, toile de fond violente, le film se contente de la perception du personnage principal que McGregor n'aurait jamais dû jouer. Plus mystérieux est celui brillamment interprété par Jennifer Connelly mais qui n'a qu'un second rôle. Dakota Fanning, de son côté, est assez remarquable mais là encore, elle n'a droit qu'à la portion congrue et sa rébellion maladroitement exposée. Outre quelques problèmes de vieillissement au gré des années qui passent, le film est sagement mis en scène, sans donner de densité à cette histoire tragique de lien filial brisé. Donc, pour l'intensité et la puissance, voir plutôt le roman originel.

 

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Classement 2016 : 181/263

 

Le réalisateur :

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Ewan McGregor est né le 31 mars 1971 à Crieff, en Ecosse. Il a commencé sa carrière d'acteur en 1993. American Pastoral est sa première réalisation.


02/01/2017
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Chronique d'une jeunesse cambodgienne (Diamond Island)

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Le cinéma cambodgien a connu son âge d'or dans les années 60 et au début de la décennie suivante avant que l'horreur des khmers rouges ne le réduise à néant. Pas question de s'emballer et de parler de nouvelle vague alors que Diamond Island débarque sur nos écrans mais il y a des raisons d'espérer. Il y a de nombreuses scènes somnambules dans le film de Davy Chou, des déambulations nocturnes en moto dans les décors irréels de Diamond Island, projet immobilier que l'on qualifiera au choix de pharaonique ou de mégalomaniaque. La mise en scène, flottante, presque onirique, flirte avec l'esthétisme sans outrance. Les personnages du film ont une grâce toute adolescente dans cette chronique tour à tour réaliste, mélancolique et sublimée de la jeunesse cambodgienne. La mondialisation, le travail des mineurs (esclaves ?), la pauvreté se heurtent à des préoccupations plus terre à terre comme celle de l'amour et des relations familiales (belle évocation du lien entre frères). Un peu rêveur, Diamond Island séduit par son ambiance (entre Weerasethakul, Wong Kar-wai et Tran Anh Hung, dans les grandes lignes) plus que par sa trame narrative, fort ténue. Mais cela suffit pour en faire un objet cinématographique précieux pour ce qu'il dit d'un pays qui sort à peine d'un traumatisme inimaginable.

 

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Classement 2016 : 77/262

 

Le réalisateur :

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Davy Chou est né le 13 août 1983 à Fontenay-aux-Roses. Cinéaste franco-cambodgien, il a réalisé un documentaire : Le sommeil d'or.


28/12/2016
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Avec cholestérol (Le ruisseau, le pré vert et le doux visage)

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Le ruisseau, le pré vert et le doux visage ? Trois éléments qui caractérisent le paradis selon la poésie arabe. Nous sommes en Egypte et le film de Yousry Nasrallah est on ne peut plus kitsch, du moins si l'on se réfère aux critères occidentaux. Mais il s'agit bien d'un héritier des grandes comédies, musicales ou pas, du cinéma égyptien des années 50 et 60. Un déluge de couleurs chatoyantes, de nourritures plantureuses et de chansons et danses orientales. Le cholestérol menace ! Il y a des éléments dramatiques aussi dans le film mais bel et bien noyés dans un déferlement de bonne humeur et de tolérance comme pour contrecarrer la morosité ambiante, surtout dans un pays où l'après révolution se révèle plus que décevante. On ne comprend pas tout des liens familiaux mais cela n'a qu'une importance relative qui passe après la tonicité de l'ensemble et sa touffeur ébouriffante.

 

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Classement 2016 : 39/261

 

Le réalisateur :

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Yousry Nasrallah est né en 1952 au Caire. Il a réalisé 10 films dont L'aquarium, Femmes du Caire et Après la bataille.


28/12/2016
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L'amour est aveugle (La prunelle de mes yeux)

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L'amour est aveugle, au pied de la lettre. Axelle Ropert poursuit sa filmographie sous le signe de la fantaisie et on ne va pas s'en plaindre. D'accord, La prunelle de mes yeux est une comédie romantique mais qui essaie au moins de briser les codes du genre tout en respectant les grands fondamentaux. Dans ce jeu où chamailleries et attirance mutuelle forment les règles, le film ajoute quelques ingrédients pas nécessairement comiques au départ mais qui le deviennent : la grecquitude (?) du héros, avec la découverte du monde très "sérieux" du rebetiko, sur des airs de bouzouki, et la cécité de sa belle, pas traitée comme un handicap mais comme source de légèreté et cocasserie, autant dire que ce n'était pas gagné. Les bémols à mettre concernent le rythme, pas toujours soutenu, et certains dialogues, pas toujours bien joués par certains seconds rôles (mais parfaitement par l'impayable Serge Bozon). Rayon interprétation, on est tout de même séduit par Mélanie Bernier (qu'on aimerait voir plus souvent) et par Bastien Bouillon (idem), tout à fait charmants et capables d'assumer l'absurde voire le ridicule de leurs rôles. Et la romcom peut rouler tranquille jusqu'à son dénouement.

 

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Classement 2016 : 142/260

 

La réalisatrice :

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Axelle Ropert est née en 1972. Elle a tourné La famille Wolberg et Tirez la langue, mademoiselle.


28/12/2016
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Blessures de l'enfance (Fais de beaux rêves)

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Les blessures de l'enfance demeurent une vie durant. Accessoirement, elles sont une nourriture inégalable pour la dramaturgie cinématographique. Vincere était le sommet de l'oeuvre de Marco Bellocchio dans un style épique et politique, Fais de beaux rêves est son contrepoint idéal dans le romanesque et le tragique, comme une résurgence du grand cinéma italien. Situé à 3 époques de l'existence de son héros, le film est admirable pour sa fluidité narrative, pour sa mise en scène somptueuse d'une grande richesse esthétique et, in fine, pour son exacerbation des sentiments dans des moments vibrants qui attirent les larmes le plus naturellement du monde. Le film n'a pas besoin de surligner la trajectoire de ce journaliste meurtri au plus profond de lui par la disparition de sa mère dès ses plus jeunes années. On a rarement vu au cinéma ellipses aussi splendides, flashbacks aussi gracieux et clins d'oeil d'humour aussi touchants. Sans parler de deux scènes de danse, l'une au début du film, l'autre à la fin, comme de sublimes parenthèses. Valerio Mastandrea et les garçons qui jouent son personnage enfant sont au diapason, justes et incroyablement poignants. Une merveille.

 

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Classement 2016 : 1/259

 

Le réalisateur :

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Marco Bellocchio est né le 9 novembre 1939 à Bobbio (Italie). Il a débuté en 1965 avec Les poings dans les poches. Parmi ses 25 longs-métrages : Viol en première page, La marche triomphale, Le saut dans le vide, Le diable au corps, Buongiorno, notte, Vincere, La belle endormie ...


27/12/2016
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Le chantier des possibles (Hedi)

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Hedi est un garçon de 25 ans qui finit par en avoir assez de faire ce qu'on lui dit de faire et dont l'avenir est tout tracé : mariage et travail. Le film de Mohamed Ben Attia est une colère qui monte et qui culmine dans une scène magnifique. Le personnage de Hedi est le cœur du film, autant dire que le jeu de Majd Mastoura est important, à l'opposé d'ailleurs du tempérament naturel de l'acteur (c'est lui qui le précise dans ses interviews). Une prestation de haute tenue concrétisée par un prix de meilleur acteur à la Berlinale. Au-delà de cette interprétation, Hedi est un film qui raconte la jeunesse de Tunisie, en pleine crise économique et trace trois portraits de femmes subtils. La Révolution a changé le pays mais pas autant en profondeur que l'on pense. La Tunisie reste un laboratoire ou encore un chantier vers le monde des possibles.

 

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Classement 2016 : 74/258

 

Le réalisateur :

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Mohamed Ben Attia est né en 1976 à Tunis. Il a réalisé son premier court-métrage en 2005. Hedi est son premier long.


27/12/2016
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Le sel de la terre (Salt and Fire)

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De toute manière, Werner Herzog a toujours été ailleurs. Depuis ses débuts avec Signes de vie avec Même les nains ont commencé petits. Et il était toujours à part avec Aguirre, Kaspar Hauser, Nosferatu et Fitzcarraldo. Alors, pourquoi Salt and Fire serait-il déconcertant ? Parce qu'il emprunte la voie d'une intrigue assez biscornue ? Parce que son propos semble sinon incohérent du moins occulté par des dialogues parfois sentencieux ? Et l'humour dans tout cela ? Parce qu'il y en a pas mal dans le film, notamment dans les scènes de fin. Entre un prologue étrange et déconnecté, un huis-clos qui suit, peu dynamique et outré dans l'interprétation, et une dernière partie esthétique et contemplative, on se demande bien où Herzog place son message, si tant est qu'il y en a un. Mais si, mais si, sur des sujets que l'on trouvera sans doute éculés, soit la splendeur de la nature et l'action mortifère des humains. Le cinéaste allemand lanceur d'alertes ? Jawohl, en quelque sorte, mais à sa façon et dans un film construit sans souci de se plier à des conventions narratives. On n'est pas si loin de Fitzcarraldo et d'Aguirre, somme toute. Et l'expression Le sel de la terre prend soudain une toute autre signification ...

 

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Classement 2016 : 109/257

 

Le réalisateur :

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Werner Herzog est né le 5 septembre 1942 à Munich. Il a débuté en 1968 avec Signes de vie. Outre ses documentaires, il a notamment signé Même les nains ont commencé petits, Aguirre, la colère de Dieu, L'énigme Kaspar Hauser, La ballade de Bruno, Nosferatu, fantôme de la nuit, Fitzcarraldo, Bad Lieutenant ...


26/12/2016
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La pomme de la discorde (Assassin's Creed)

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La pomme est un fruit plutôt sympathique. Mais à cause de la Bible, sa réputation est sulfureuse. Remarquez que la poire n'a pas meilleure presse mais au moins elle n'est pas celle de la discorde. Revenons à nos moutons d'Assassin's Creed, une nouvelle adaptation de jeu vidéo qui ne rehaussera pas le niveau habituel. Ce qui pêche ? Le scénario, évidemment. Grotesque et la narration du film n'arrange rien avec ses scènes répétitives de combats et de poursuites filmés dans la poussière ou le contre jour. Visuellement, le film peine sacrément à créer une atmosphère à moins d'aimer les décors virtuels avec 3D totalement inutile. On se désintéresse de la quête vers ladite pomme d'Eden, qui tient lieu de trame hypothétique, d'autant que tout n'est pas clair voire même opaque dans cette histoire, c'est à dire pour ceux qui ignorent tout du jeu. Est-il besoin d'ajouter que les personnages ont autant d'épaisseur qu'une feuille de papier à cigarettes ? La question est : comment Fassbender et Cotillard, à un degré moindre, arrivent-ils à exister dans ce charivari parfois épileptique ? C'est un mystère mais ils ne s'en sortent pas si mal contrairement aux pauvres Irons et Rampling. En forçant un peu, on notera la courte mais belle intensité de Denis Ménochet et Ariel Labed dans des rôles charismatiques. Quant à Justin Kurzel, en lequel on croyait tenir un futur grand après Les crimes de Snowdown, il semble bien, après un Macbeth fort ennuyeux, qu'il n'y ait plus beaucoup à attendre de lui. Pourtant, quand il était haut comme trois pommes ...

 

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Classement 2016 : 223/256

 

Le réalisateur :

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Justin Kurzel est né le 3 août 1974 à Gawler (Australie). Il a débuté avec Les crimes de Snowdon, suivi de Macbeth.


22/12/2016
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Petits bonheurs (Paterson)

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Le dénommé Paterson habite dans la ville de Paterson dans le New Jersey et son livre de poèmes préféré a pour titre Paterson. Comme le film de Jim Jarmusch, bien entendu, qui grappille les petits bonheurs des journées que d'aucuns trouveraient insipides : des rencontres, une conversation dans un bar, des coïncidences troublantes, des mots pour un poème, le regard de son chien. Bref, des petits riens qui sont pour beaucoup dans la fantaisie et le joli sens de l'absurde que cultivent cet orfèvre de Jarmusch. Le très lunaire Adam Driver et la délicieuse Golshifteh Farahani nous guident, l'un au volant de son bus dans les rues de Paterson, l'autre à la maison, dans un univers drolatique mais cohérent, où la répétition d'une certaine routine ne s'avère jamais fastidieuse, loin de là. Car il suffit de peu de choses pour changer la perspective et découvrir de nouveaux détails. La mise en scène de Jarmusch est d'ailleurs formidable sans pour autant être voyante, restant modeste mais oh combien imaginative, filmant souvent les mêmes actions mais jamais de la même façon. Il se dégage de l'ensemble une sérénité et une douceur fantastiques au point que l'on aimerait que le film dure 5 heures, tellement on est bien dans cette petite ville de Paterson avec Adam, Golshifteh, leur bouledogue, les piliers de bar et tous ces inconnus croisés au hasard des situations.

 

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Classement 2016 : 4/255

 

Le réalisateur :

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Jim Jarmusch est né le 25 janvier 1953 à Cuyahoga Falls (Ohio). Il a tourné 12 longs-métrages de fiction dont Stranger than Paradise, Down by Law, Dead Man, Broken Flowers, Only Lovers left alive ...


20/12/2016
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Quand elle était chanteuse (Souvenir)

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"Quand un optimiste rencontre une pessimiste" : ainsi Bavo Defurne résume t-il son second film Souvenir. Avec sa trame proche de Quand j'étais chanteur, le film est dominé par l'incroyable Isabelle Huppert aussi phénoménale que dans Elle, dans un registre radicalement différent. Elle se met encore en danger en chantant, et elle le fait divinement. Souvenir est une sorte de conte de Noël qui utilise à son avantage et transcende tout un tas de clichés (la solitude, l'alcool), le film ne jouant pas du tout la carte du réalisme. Derrière la performance de Huppert, il ne s'agirait pas d'oublier le grand talent de Bavo Defurne dont la mise en scène précise mais aussi narquoise et inventive donne au film un cachet particulier ni moderne ni classique mais d'une élégance d'esthète, sans l'ombre d'un doute.

 

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Classement 2016 : 49 /254

 

Le réalisateur :

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Bavo Defurne est né en 1971 à Gand. Il a réalisé 9 courts-métrages avant de tourner son premier long, Sur le chemin des dunes, en 2011.

 


19/12/2016
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