Cinéphile m'était conté ...

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Sorties 2020


Sur la vie de sa mère (Little Girl Blue)

 

Dans cette famille, les filles écrivent sur la vie de leurs mères depuis deux générations. Mona Achache, elle, a choisi la voie du documentaire pour essayer de la comprendre, elle qui a laissé tant de carnets et d'enregistrements[spoiler] mais dont le mystère du suicide reste inexpliqué.[/spoiler] Little Girl Blue est un objet hybride qui ressuscite Carole Achache à travers l'apparence transformée et la voix ajustée d'une Mario Cotillard, prodigieuse dans le rôle le plus difficile de la carrière. L'entourage, parfois toxique, de la mère de la cinéaste, lorsqu'elle était enfant ou adolescente, avec quelques célébrités, dont Jean Genet, est l'une des clés pour essayer de percer une personnalité tourmentée, marquée par la drogue et le sexe. Le dispositif mis en place par Mona Achache est sophistiqué et censé délivrer une émotion qui ne cède pas au glauque. A chacun de réagir en fonction de ses propres sentiments mais cette mise en scène et souvent en abyme pourrait bien rendre à certains ce portrait en fragments un peu trop "joué" et phagocyté par une actrice investie, c'est le moins que l'on puisse dire, mais dont le film enregistre aussi les doutes et les hésitations de cette incarnation tellement habitée. En fin de compte, si l'on saisit peu ou prou qui était Carole Achache et les innommables violences qu'elle a subies, le lien affectif avec sa fille passe en définitive au second plan et c'est un peu dommage puisque c'est aussi ce qui nous importait.

 

 

La réalisatrice :

 

Mona Achache est née le 18 mars 1981 à Paris. Elle a réalisé 4 films.

 


22/11/2023
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Remplissage intersidéral (Minuit dans l'univers)

 

Cette sinistre année e termine pour les cinéphiles non en salles mais devant un écran de télé ou d'ordinateur. C'est déjà triste mais Minuit dans l'univers est parfaitement dans le ton de 2020, maussade tendance apocalyptique. Les préoccupations environnementales de George Clooney sont tout à son honneur mais ce n'est pas une raison suffisante pour nous infliger un tel gloubi-boulga narratif avec ses deux intrigues parallèles, l'une très terre-à-terre, l'autre dans le vide intersidéral que le scénario remplit tant bien que mal. Heureusement qu'il y a parfois quelques jolies images et la soyeuse musique d'Alexandre Desplat mais mon Dieu que l'on s'ennuie dans ce qui est vraisemblablement le plus mauvais film de Clooney réalisateur lequel, à vrai dire, n'a jamais démontré de génie en la matière mais au moins un minimum de savoir-faire. Minuit dans l'univers impose un ton mélodramatique d'emblée mais aucun personnage n'a suffisamment d'épaisseur, ne serait-ce qu'un tantinet, pour nous émouvoir, à part peut-être une fillette dont la présence incongrue est uniquement destinée à préparer le twist final, puisqu'il en fallait un, aussi grossier soit-il. Il y a un côté donneur de leçons assez agaçant dans Minuit dans l'univers mais on aurait pu l'excuser si le film nous avait rivé à notre canapé, ce qui est loin d'être le cas. Le seul suspense pour le spectateur de cette accablante entreprise réside dans le moment où le récit va enfin livrer toutes les réponses attendues. Cela se produit juste avant le dénouement, en partie seulement, et ne contribuera pas à mettre le cœur en joie, si tant est que l'on soit rester éveillé jusqu'au bout.

 

 

Classement 2020 : 118/152

 

Le réalisateur :

 

George Clooney est né le 6 mai 1961 à Lexington (Kentucky). Il a réalisé 7 films dont Good Night and Good Luck et Monuments Men.

 


26/12/2020
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A chœur vaillant (The Singing Club)

 

Peter Cattaneo n'a guère fait parler de lui depuis le triomphe de The Full Monty. The Singing Club (Military Wives) est son premier long-métrage depuis 12 ans et use à peu près de la même formule gagnante pour conquérir les foules. Aucune véritable surprise n'est à attendre de son dernier film, l'histoire romancée de la création de la première chorale de femmes de militaires en Angleterre, au moment de la présence Britannique en Afghanistan. The Singing Club évacue totalement la dimension politique de cet engagement, ce n'est pas du tout le sujet, et se concentre sur ce groupe de femmes qui vivent dans l'attente et l'angoisse des nouvelles de leur conjoint, en tuant le temps comme elles peuvent. Soit dit en passant, leur portrait n'est pas très valorisant, considérées essentiellement comme "femmes de". Mais passons. Malgré son scénario très prévisible, qui mixe adroitement drame et comédie tout en créant quelques conflits internes, pour pimenter la sauce, le film est difficilement résistible, dans le genre Feel Good Movie, avec pas mal de larmes à la clé. A chœur vaillant, rien d'impossible et la musique est définitivement la panacée pour panser les plaies (des sucreries pop des années 90, pour l'essentiel). L'interprétation est impeccable, dominée par Kristin Scott-Thomas (que l'on adore détester dans ce genre de rôles pète-sec) et Sharon Horgan. Les personnages sont unidimensionnels, c'est un fait, mais en définitive on s'en fiche un peu, The Singing Club ne prétendant pas à être autre chose qu'un film grand public et sentimental, se projetant vers une scène finale que l'on pressent consensuelle, émouvante et grandiose. De façon surprenante, cela n'est pas vraiment le cas pour le dernier qualificatif. Et l'on apprécie cette sorte d'humilité dans l'apothéose.

 

 

Classement 2020 : 22/151

 

Le réalisateur :

 

Peter Cattaneo est né le 30 novembre 1964 à Londres. Il a réalisé 5 films dont The Full Monty et Lucky Break.

 


08/12/2020
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Hollywood soluble dans l'alcool (Mank)

 

Est-ce que le Hollywood d'aujourd'hui produirait Citizen Kane ? Il est certain que non. Trop audacieux, trop intelligent et zéro super-héros dedans. Moyennant quoi, il ne faut pas s'étonner que Mank soit un produit Netflix, avec tous les regrets que cela implique. Après les frères Coen, Scorsese et beaucoup d'autres, c'est au tour de Fincher d'y trouver le réceptacle de ses ambitions, pour un projet très personnel, avec un scénario signé de son père. Il est difficile d'avoir un avis définitif sur le film, après un seul visionnage. C'est brillant, plastiquement impeccable, admirablement construit sur deux grandes lignes narratives mais aussi trop imbu d'une certaine quête de perfection et surtout décevant quant à l'attendu "affrontement" entre Welles et Mankiewicz, son scénariste pour Citizen Kane. On ne voit aucune scène du tournage pour la bonne raison que le sujet n'est pas celui-ci. Mank est à la fois le portrait de Herman Mankiewicz, frère aîné du grand Joseph, et l'évocation très documentée du Hollywood des années 30 avec ses hérauts pittoresques, grandioses, mercantiles et souvent odieux qu'ont été Thalberg et Mayer, sans oublier le "modèle" de Citizen Kane, Hearst, magnat de la presse écrite. Il est certain que mieux on connait ce microcosme 'bigger than life", plus le plaisir sera grand devant Mank. Quant au personnage de Mankiewicz, son statut d'observateur lucide et cynique et d'outsider imbibé d'alcool, il n'est pas sans rappeler d'autres scénaristes (écrivains) talentueux de l'usine à rêves, à commencer par ce cher Scott Fitzgerald. S'il y a quelques chose à reprocher au film de Fincher, c'est avant tout son opulence de dialogues, certes admirable mais qui le dessert aussi, dans le sens où cette flamboyance lui donne plus de lustre que de chair, voire d'émotion. Mank est un formidable exercice de style qui frustre tout de même par son dispositif impeccable qui laisse au spectateur peu de prise à des sentiments autres que l'admiration. Et cela vaut évidemment pour la direction d'acteurs, avec un Gary Oldman étourdissant (comme toujours ?).

 

 

Classement 2020 : 28/150

 

Le réalisateur :

 

David Fincher est né le 28 août 1962 à Denver. Il a réalisé 11 films dont Fight Club, Zodiac et Gone Girl.

 


04/12/2020
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Perdus dans la trahison (On the Rocks)

 

Bill Murray chez Sofia Coppola, bien sûr qu'on prend. Ici, dans On the Rocks, plus question d'être perdu dans la traduction mais cette fois dans la trahison, du moins supposée, bref dans l'adultère. Le couple formé par Rashida Jones (excellente) et Marlon Wayans (passable) ne mène pas une vie très excitante, vu de l'extérieur, mais ce n'est évidemment pas le sujet du film, qui s'intéresse davantage à un autre duo, père/fille, le premier possédant une certaine emprise sur la deuxième, au point de l'embarquer dans une aventure écervelée. Rien de très consistant dans un scénario assez léger mais suffisamment bien construit pour que l'ennui, ce thème chéri de Sofia Coppola, ne s'invite pas. Il y a presque toujours ce côté agaçant chez la cinéaste de s'attacher à des personnages sans problèmes de fin de mois, dégustant du caviar en décapotable ou s'envolant toutes affaires cessantes pour le Mexique. Mais bon, elle parle de ce qu'elle connait, à savoir le goût des bonnes et belles choses, cela ne sert à rien, par conséquent, de lui reprocher. Le plus du film, c'est bien entendu Bill Murrray, qui jubile en dandy (daddy) sans limite d'âge, élégant jusque dans son cynisme, que la caméra de Sofia adore et nous de même. Parce qu'au fond, n'importe qui voit bien, derrière son attitude bravache, la peur de ne pas être aimé (notamment de sa fille) et la hantise de la mort, de toute évidence. Comédie légère, On the Rocks se déballonne un peu dans son dénouement mais reste un divertissement charmant et sans conséquences, qui trouve finalement bien sa place sur le petit écran, plutôt que le grand. Pour davantage d'ambition, on attendra le prochain long-métrage de la réalisatrice.

 

 

Classement 2020 : 57/149

 

La réalisatrice :

 

Sofia Coppola est née le 14 mai 1971 à New York. Elle a réalisé 7 films dont Lost in Translation, Marie-Antoinette et Les proies.

 


31/10/2020
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Un confinement de 33 ans (Une vie secrète)

 

Beaucoup de spectateurs d'Une vie secrète pointent du doigt une longueur excessive du film et une certaine répétition narrative. Il est facile de leur rétorquer que traiter d'une (in)action de plus de trois décennies demande plus que 90 minutes, même avec des ellipses, et qu'il n'y a pas forcément des moments spectaculaires quand il s'agit d'évoquer le confinement d'un homme dans un cagibi, durant 33 ans. Au même titre que Lettre à Franco, un peu négligé, hélas, Une vie secrète permet un autre regard sur le Franquisme, un sujet qui n'en finira pas de hanter l'Espagne avant longtemps. Tout est vu à travers les yeux du reclus, ce qui, effectivement, pourrait altérer le rythme du film mais qui se révèle en définitive passionnant puisque les informations du dehors n'arrivent que par bribes. Le danger, cependant, est palpable et bien rendu par une mise en scène sans effets particuliers mais d'une grande précision. Outre l'évidence du suspense permanent (s'en sortira t-il, et quand ?), Une vie secrète réussit à capter l'évolution psychologique de ce prisonnier dans sa propre maison et son lien avec son épouse puis son fils. Le film est aussi un drame intime intense, au-delà des considérations politiques et matérielles de cette claustration. Il fallait un interprète d'exception pour incarner le personnage principal et toute la subtilité du grand Antonio de la Torre n'est pas de trop dans cette lourde tâche. Moins exposé, peut-être, le rôle de Belen Cuesta n'en est pas moins essentiel et l'actrice est prodigieuse sur tous les plans. Enfin, on n'est pas près d'oublier les toutes dernières scènes qui contiennent une émotion à la hauteur de la peur qui a habité tout du long le propriétaire de cette vie secrète qui à bien des égards en était à peine une (de vie).

 

 

Classement 2020 : 31/148

 

Les réalisateurs :

 

Aitor Arregi, Jon Garano, José Mari Goenaga sont nés dans les années 70 au Pays Basque espagnol. Ils ont coréalisé Lomak et Handia.

 

 

 


30/10/2020
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Jalousie chronique (Garçon chiffon)

 

Garçon chiffon (jolie expression qui pourrait faire florès) est écrit, réalisé et interprété par Nicolas Maury. C'est beaucoup pour un seul homme, un cinéaste débutant qui plus est, dans un film dont se demande jusqu'à quel point il relève de l'autofiction (personnel mais pas autobiographique, aux dires de son réalisateur). Toujours est-il que Nicolas Maury est omniprésent à l'écran, parfois drôle, souvent touchant mais presque toujours agaçant par un égocentrisme prononcé. Principal trait de caractère : une jalousie maladive qui met en danger ses histoires d'amour et Dieu sait s'il en est question dans Garçon chiffon. Le film sera nécessairement comparé à certains Dolan mais le québecois possède une flamboyance et une maîtrise des ruptures de ton que ne possède pas (encore ?) Nicolas Maury. Une grande partie de son long-métrage se déroule dans le Limousin mais ne tire pas vraiment profit des paysages, la caméra revenant inlassablement sur son personnage principal. Même remarque pour Nathalie Baye, comme toujours parfaite, mais dont le personnage n'est guère développée. Toutefois, une scène (avec des religieuses) suffit pour montrer que le primo-cinéaste possède un vrai talent qui ne demande qu'à s'exprimer, pourquoi pas sur des sujets moins personnels. A suivre donc, comme acteur, évidemment, mais aussi comme réalisateur.

 

 

Classement 2020 : 138/147

 

Le réalisateur :

 

Nicolas Maury est né le 14 octobre 1980 à Saint-Yrieix-la-Perche. Il a réalisé un moyen-métrage.

 


29/10/2020
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Naguère d'Algérie (ADN)

 

Maïwenn pratique l'auto-fiction depuis ses débuts mais y insère des éléments de fiction, comme certains écrivains, plus ou moins imbuvables d'ailleurs (Angot). Son sujet de prédilection, c'est la famille et elle y revient encore avec ADN, à la fois œuvre sur le deuil, la transmission et les origines. Vaste programme que la réalisatrice traite de sa manière très personnelle, avec ce naturel "lelouchien" dans certaines scènes et un déséquilibre assumé dans un récit parfois répétitif et souvent erratique. Elle passe dans ADN du groupe à l'individu (c'est à dire elle-même), sans sommation, et nombreux sont ceux qui trouveront la deuxième partie trop égocentrée voire nébuleuse quant à ce désir de se reconnecter à une partie de ses gênes, en hommage à son grand-père, naguère venu d'Algérie. On n'est pas obligé d'adhérer à ce point de vue et apprécier la description de cette quête intime même si elle n'est pas forcément explicitée. Il est arrivé à Maïwenn de confondre vitesse et précipitation dans ses précédents films et de se laisser aller à l'hystérie et au chaos. Il y a bien une forme de désordre dans ADN, mais il est source d'émotion et se rapproche de la vie, entre euphorie et détresse. Et puis, cette question de savoir d'où l'on vient pour déterminer où l'on va parle à tout un chacun. La cinéaste a réservé à Fanny Ardant ses dialogues les plus acérés et à Louis Garrel, formidable, les plus drôles. Comme chez Lelouch (décidément), Maïwenn a l'art de choisir ses acteurs et de les diriger avec un mélange remarquable de poigne et de liberté. Cela ne fait pas un film poli et cohérent mais plein d'énergie et de vitalité, si, assurément.

 

 

Classement 2020 : 42/146

 

La réalisatrice :

 

Maïwenn est née le 17 avril 1976 aux Lilas. Elle a réalisé 5 films dont Polisse et Mon roi.

 


28/10/2020
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Bonjour les dingues (Adieu les cons)

 

Après un au-revoir (là-haut), voici un adieu (aux cons) ! Mais bonjour les dingues, toujours, quand Dupontel est aux commandes. Avec son film précédent, une adaptation littéraire de toute beauté et virtuose, le cinéaste a en quelque sorte acquis un certain standing et il est fort logique, connaissant le tempérament du susdit, de le voir revenir en chroniqueur de notre époque et en dynamiteur, avec un film plus modeste, sur le plan des moyens, mais pas moins efficace. Après une entrée en matière que l'on peut trouver un tantinet brouillonne, Adieu les cons décolle littéralement en atteignant sa vitesse de croisière et en fuyant une fois pour toutes les rivages du réalisme pur et en convoquant à sa guise coïncidences et miracles. C'est de la BD, si l'on veut, mais survitaminée et dont les thèmes ne sont pas moins que la maladie, la mort et l'amour, entre autres. A bien y réfléchir, si le film est un thriller et un récit social, il est avant tout un mélodrame qui s'assume et se métamorphose avec une bonne dose d'humour car Dupontel ne fait pas dans le genre lacrymal. Toutefois, la scène la plus remuante (elle est même sublime) joue avec notre émotion et celle de ses personnages, quelque part au 13ème étage, dans l'ascenseur d'une grande tour. A relever aussi, cette poésie moderne et inquiétante à montrer hommes et de femmes obnubilés par leur téléphone portable, sans se soucier de leur environnement. Le cinéma de Dupontel est évidemment tout l'inverse, il se préoccupe des autres, des perdants et des malchanceux, en particulier, et quand il "se moque" du handicap, et pas qu'un peu, c'est avec la tendresse infinie de la dérision. Et puis, comme d'habitude, le réalisateur a l'art de faire briller de mille feux ses actrices. Virginie Efira est exceptionnelle dans Adieu les cons, qui complète une filmographie désormais quasiment sans pareil dans le cinéma hexagonal contemporain.

 

 

Classement 2020 : 5/145

 

Le réalisateur :

 

Albert Dupontel est né le 11 ja,vier 1964 à Saint-Germain-en-Laye. Il a réalisé 7 films dont 9 mois ferme et Au-revoir là-haut.

 


27/10/2020
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L'homme de marbre (Michel-Ange)

 

Michel-Ange représente l'artiste avec un grand A, torturé, génial et égocentrique. Il n'y a finalement que peu de films qui lui ont été consacrés, le plus connu étant le très hollywoodien L'extase et l'agonie. Le Michel-Ange de Konchalovsky est d'une toute autre matière, œuvre complexe et rugueuse qui trace du maître italien un portrait riche et contrasté. Le cinéaste russe a d'ailleurs choisi une période difficile de l'existence de Michel-Ange, celle où il est partagée entre deux familles, celles des Della Rovere et celle des Médicis, qui conquièrent tour à tour la papauté et deviennent ses mécènes. Juste après avoir peint le plafond de la chapelle Sixtine, Michel-Ange s'engage en parallèle dans plusieurs projets, au risque de l'inachèvement (c'est l'un des thèmes du film, celui de l'échec). Film sur la création artistique et ses entraves, c'est aussi une œuvre politique et un portrait saisissant d'une époque, la Renaissance, débarrassée des nombreux clichés habituellement véhiculés par les séries ou les films. A la beauté des paysages et des réalisations artistiques s'opposent la misère du peuple et l'atmosphère crasse et glauque qui rappellent que le Moyen-âge n'est pas si loin. Au plus proche de son héros, qu'il ne montre presque jamais au travail, Konchalovsky le dévoile fasciné par la matière, ce fameux marbre "blanc comme du sucre". Cela nous vaut les scènes les plus spectaculaires du film avec le déplacement d'un énorme bloc de Carrare qui n'est pas sans rappeler certains moments épiques du Fitzcarraldo de Herzog. Monumental, passionné et disparate, Michel-Ange peut assurément être vu comme un autoportrait de Konchalovsky qui a subi la censure soviétique et les exigences financières américaines. Au-delà, il est frappant de constater l'incroyable ressemblance de l'acteur Alberto Testone avec son modèle. Il incarne un Michel-Ange furieux, généreux et atrabilaire avec un réalisme stupéfiant. Une performance magistrale qui s'inscrit parfaitement dans un film insaisissable, fou, puissant et passionnant.

 

 

Classement 2020 : 8/144

 

Le réalisateur :

 

Andreï Konchalovsky est né le 20 août 1937 à Moscou. Il a réalisé 21 films dont Maria's Lovers, Runaway Train et Paradis.

 


27/10/2020
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