Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Sorties 2014


Un vigile en banlieue (Qui vive)

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Si l'on ne doute pas de la sincérité de Marianne Tardieu de donner une représentation fidèle de la banlieue rennaise, son film, qui est un premier long-métrage, est largement inabouti. Sans doute faute de moyens mais cela n'explique pas la faiblesse de la mise en scène et un montage composé de scènes qui s'enchaînent sans épaisseur, avec parfois des ellipses assez peu heureuses. Reda Kateb livre une prestation nuancée néanmoins moins probante que celles de Loin des hommes ou Hippocrate. Le film est centré sur son seul personnage de vigile (faute de mieux), réduisant les autres rôles à des esquisses. Ce personnage rappelle d'ailleurs celui de Gourmet dans Jamais de la vie, avec quelques années en moins et des illusions en plus. Mais le film de Jolivet est d'une toute autre intensité. Enfin, quant à l'aspect policier de Qui vive, il est anecdotique et assez peu cohérent. Pas assez travaillé sur le plan scénaristique et réalisé de façon passe-partout, le film ne se retient que pour son honnêteté et son humilité. Ce qui est bien trop peu.

 

L'avis de Sentinelle

 

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17/05/2015
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Hier au Kosovo (My beautiful Country)

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La guerre du Kosovo n'est qu'un souvenir dans nos mémoires volatiles saturées de conflits plus ou moins compréhensibles à nos esprits occidentaux. Premier long-métrage de l'allemande Michaela Kezele, My beautiful Country, est passé totalement inaperçu lors de sa furtive apparition dans les salles françaises. Le film est pourtant attachant par sa manière délicate d'aborder une guerre apparue bizarrement trop "lointaine et locale" pour s'y intéresser hors les informations télévisées. My beautiful Country trace le portrait d'une jeune veuve, côté serbe, et sa rencontre avec un albanais blessé. Début d'idylle vite rendue impossible par la haine, sentiment que l'héroïne n'a pas les moyens de s'offrir avec deux enfants à charge. Un peu éparpillé dans son propos, ambigu parfois, le film touche par sa très belle photographie et son ton amer. Ce n'est manifestement pas le genre de cinéma qui déplace les foules. Encore aurait-il fallu lui donner un minimum d'exposition, le public est capable d'apprécier autre chose que des blockbusters.

 

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08/05/2015
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La possibilité d'une île (La terre éphémère)

Et soudain, la possibilité d'une île. La terre éphémère est celle créée provisoirement par le fleuve Inguri, au gré de ses caprices. C'est là que vont s'installer un vieil homme et sa petite-fille, construire une cabane, semer et récolter du maïs, si le fleuve leur en laisse le temps. Hymne à la nature, versatile et sublime, le deuxième film du géorgien George Ovashvili, après L'autre rive (déjà très bien) est une merveille envoutante qui se passe presque totalement de dialogues pour exprimer la beauté du monde (la comparaison avec Malick s'impose) mais aussi ses dangers. L'Inguri marque en effet la frontière entre la Géorgie et la République autonome d'Abkhazie qui a déclaré son indépendance uniquement reconnue par 6 pays, dont la Russie. Le passage de canots à moteur de soldats des deux camps vient rappeler dans le film que la violence des hommes n'est jamais loin. Admirablement photographié, La terre éphémère est une oeuvre contemplative certes mais vibrante où l'on sent physiquement pousser le maïs, au fil des jours. Un film magnifique qui a été retenu dans la sélection finale pour l'Oscar du meilleur film étranger.

 

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04/01/2015
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Tout a un prix (The Gambler)

Il s'en faut de peu pour que The Gambler ne devienne réellement sordide, ce qui est peu étonnant vu le point de départ scabreux de son scénario. Une métaphore, sans nul doute de la Lituanie, pays balte passé brutalement du communisme au capitalisme. Ignas Jonynas n'a pas toujours la main légère mais il faut reconnaitre que le traitement réaliste du sujet impressionne, bien que quelques scènes fassent preuve d'un maniérisme inutile. The Gambler est un film très noir, tableau de l'(in)humanité d'une société où tout a un prix et où on est prêt à parier, y compris sur la mort. The Gambler a un côté dostoïevskien, et pas seulement à cause de son titre.  L'amour même n'a pas valeur de rédemption mais divise encore parce que l'argent s'y immisce; d'une façon ou d'une autre. C'est terrible et désespérant.

 

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04/01/2015
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Entrepreneuriat à l'américaine (A most violent Year)

On pourra toujours reprocher à A most violent Year son classicisme très marqué eighties, mais, après tout, l'action du film est censée se dérouler dans le New York de 1981, l'année la plus noire de la ville en termes de criminalité. S'il n'est pas interdit de penser à Scorsese, voire à James Gray, J.C. Chandor ne propose pas un calque des films de ses prédécesseurs, créant une atmosphère délétère qui s'inscrit dans un récit faussement lent, presque jamais spectaculaire mais d'une densité et d'une intensité rares. Admirablement écrit, mis en scène avec fluidité, A most violent Year est une autopsie assez effrayante de l'entrepreneuriat à l'américaine où comment flirter avec les lobbies de tous genres, pègre incluse, semble une condition sine qua non pour réussir. Autant pour le mythe du self made man ! Dialogué à merveille, le film se déploie dans un camaïeu de gris, traçant au passage un portrait ambigu et fascinant d'un couple uni dans une même quête sociale. Très sobres, Oscar Isaac et Jessica Chastain contribuent à tirer le film vers le haut.

 

L'avis de Sentinelle

 

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03/01/2015
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Enfant de la batterie (Whiplash)

Enfant de la batterie, le jour de gloire est loin d'être arrivé. Whiplash dépasse, et de loin, le simple récit d'apprentissage du garçon doué pour la batterie qui se retrouve confronté à un mentor qui le pousse dans ses derniers retranchements pour en tirer la quintessence. Le rapport de force qui s'instaure entre l'élève et le maître transcende largement tous les clichés du genre par sa violence soutenue, jamais contrebalancée par un début d'empathie entre les deux protagonistes. Jusqu'où peut-on aller dans l'humiliation et le rabaissement pour parvenir à un soi disant degré d'excellence ? Le film de Damien Chazelle, largement autobiographique, et magnifiquement interprété, ne baisse jamais la garde, stupéfiant de concision dramatique dans une mise en scène virtuose qui ne s'autorise aucun effet gratuit. Il est rare qu'un film soit aussi dénué de trace de gras, de scènes superfétatoires, si l'on préfère, entièrement centré sur son sujet et enserrant le spectateur dans un étau jusqu'à la fantastique séquence finale, époustouflante et intense, l'une des plus remarquables filmées en cette année 2014. Whiplash, à l'image de son titre sonne comme un coup de fouet, cinglant, proche des plus grands films de boxe. Au final, le spectateur groggy n'a qu'une envie : applaudir.

 

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02/01/2015
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Vivre sa vie (Mon amie Victoria)

Prétendre que Jean-Paul Civeyrac, discret réalisateur s'il en est, fait du cinéma social et engagé, peut sembler incongru de prime abord. Mon amie Victoria n'a strictement rien à voir avec le cinéma des Dardenne ou de Loach, on est bien d'accord. Et pourtant, son héroïne, noire de peau, cherche sa place dans la France d'aujourd'hui, se nourrit d'illusions, est déçue, se rattrape tant bien que mal, fait des concessions et tente difficilement de vivre sa vie plutôt que de la subir. Toute la pression sociale est dans le sous-texte du film, récit intimiste adapté de Doris Lessing, qui semble laisser le racisme à distance, alors qu'il existe évidemment, sous d'autres formes, paternalistes, bienveillantes et quasi humanitaires. Mon amie Victoria est une oeuvre délicate, très en retenue, qui ne livre que peu de la psychologie de son beau et énigmatique personnage central. Un film subtil même si une voix off omniprésente le rend parfois trop littéraire ... et romanesque.

 

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02/01/2015
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Piteuse crème anglaise (The Riot Club)

Oxford, son prestige, son passé, ses rites, ses vices cachés. Un symbole très britannique et séculaire que ce Riot Club, censé être la crème de la crème anglaise. Il se décline en 3D : débauche, décadence et débordements. Une drôle d'élite, ou qui se considère comme telle, avec la morgue de ceux qui se croient supérieurs au commun des mortels et donc tout permis. Avec des comportements détestables, insolents et vulgaires, dérapages inclus. Comme The Riot Club n'est pas un documentaire, on pourrait s'attendre à ce que le film de la danoise Lone Scherfig (Une éducation) propose un regard distancié, une vision critique des us et coutumes de cette bande de snobs, prétentieux et imbus d'eux-mêmes. Le message y est bien mais le scénario se contente d'être factuel et n'aborde pas de front son sujet, se permettant même de garder une petite place pour une romance assez niaise qui est nettement hors sujet, vu le contexte.

 

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02/01/2015
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Bancal hommage (Pasolini)

Le dernier jour sur terre du cinéaste du Décaméron vu par le réalisateur de Bad Lieutenant, cela ne pouvait donner qu'un film singulier, davantage un essai qu'une narration classique tentant de s'approcher de la vérité. Ferrara parle évidemment de lui-même dans ce Pasolini, tellement les deux hommes ont de nombreux points communs et, en premier lieu, celui de ne pas accepter de se fondre dans la masse et de jouer de la provocation pour réveiller une société anesthésiéepar le conservatisme et le moralisme. C'est donc une sorte d'hommage, bancal, que rend l'américain à l'italien mort de façon sordide, victime de l'homophobie. Un peu embrouillé entre des scènes familiales, réalistes, et d'autres, fantasmées à partir d'oeuvres de Pasolini, le film connait quelques jolies fulgurances et Willem Dafoe joue de manière juste et sensible. Un gros regret quand même : pourquoi ces changements incessants de langue, de l'italien à l'anglais, au coeur même d'une conversation ? Un détail gênant qui contribue à rendre artificielle toute l'entreprise.

 

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02/01/2015
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Belle fille en mer (Fidelio, l'odyssée d'Alice)

Etrange monde que celui des cargos avec ses rituels païens (le passage de l'Equateur, les bizutages), le mélange des cultures et des nationalités, les fêtes excessives et les accidents techniques qui font monter le stress d'un cran. Fidelio, L'odyssée d'Alice raconte tout ceci avec un accent documentaire impressionnant qui a tendance à dépasser l'aspect purement fictionnel du film. Alice, seule femme dans cet univers très masculin, est pourtant l'objet d'un portrait très sensible de la part de sa réalisatrice, Lucie Borleteau. Belle fille en mer, solide, indépendante, libre avant tout et cependant coeur d'artichaut à l'instar des marins qu'elle côtoie. Fidelio est le genre de film qui ne veut rien démontrer, se contentant de montrer, sans juger. Il faut se laisser flotter comme son héroïne, au gré des courants. Un scénario un brin plus écrit aurait permis d'être plus proche de cette Alice dont les comportements parfois contradictoires prennent au dépourvu.

 

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02/01/2015
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