Cinéphile m'était conté ...

Maintenant que je commence à connaître un peu mieux le cinéma français de l'Occupation, je peux me permettre d'établir une première liste de mes 20 films préférés de l'époque. Il m'en reste beaucoup à découvrir, et des plus obscurs aussi, j'y reviendrai donc probablement.

En attendant, voici ce top 20, sans classement hiérarchique. Avec notamment Autant-Lara, Becker, Bresson, Carné, Clouzot, Grémillon, Lacombe, Tourneur, Valentin ...

Qu'ont de commun les 54 films de la liste ici présente ? Le fait que je les adore mais ce n'est qu'un critère puisqu'il y a beaucoup d'autres films que j'aime profondément. Ils ont été également sélectionnés sur leur relative manque de notoriété. Je me suis basé sur les notes de Sens Critique. A titre d'exemple, Pulp Fiction a été noté 138 000 fois, environ. Les films de ma liste l'ont eu été moins de 200 fois et certains bien moins, comme La fille aux jacinthes avec ses 14 notes. Ce ne sont pas des films rares, sauf pour certains, mais très et trop peu vus, cela, c'est une évidence.

Il y a peu de films récents, hormis Ander, La terre éphémère et Oliver Sherman. Et beaucoup de grands cinéastes sont représentés : Sirk, Becker, Mizoguchi, Penn, Mann, Powell, Capra, Kazan, Lubitsch, Ray, Grémillon, Naruse, Borzage, Rosi, Mamoulian, Kinoshita, Monicelli, etc.

Mes préférés parmi tous ces films ? Difficile à dire. Il est certain qu'une nouvelle vision de chacun d'entre d'eux changerait nécessairement la donne. Au cinéma, je me souviens surtout de mon coup de foudre pour Georgia d'Arthur Penn. Et en DVD, de ma sidération devant mes premiers Naruse.

Début de ma liste des 54 :

Ander, Roberto Caston, 2010

Les anges marqués Fred Zinnemann, 1948

Another Country, Marek Kanievska, 1985

Assoiffé, Guru Dutt, 1957

La ballade du soldat, Grigori Tchoukhrai, 1959

Le carrefour de la mort, Henry Hathaway, 1947

Le ciel est à vous, Jean Grémillon, 1944

Ciel pur, Grigori Tchoukhrai, 1961

Demain est un autre jour, Douglas Sirk, 1956

Elvira Madigan, Bo Widerberg, 1967

La suite :

L'enjeu, Frank Capra, 1948

Falbalas, Jacques Becker, 1945

Le fantôme de Canterville, Jules Dassin, 1944

Femmes, George Cukor, 1939

Le filet, Emilio Fernandez, 1953

La fille aux jacinthes, Hasse Ekman, 1950

Flamme de mon amour, Kenji Mizoguchi, 1949

Fleurs de papier, Guru Dutt, 1959

Georgia, Arthur Penn, 1981

La grande ville, Frank Borzage,1937

Et ça continue :

L'héritage de la chair, Elia Kazan, 1949

Héros d'occasion, Preston Sturges, 1944

L'homme que j'ai tué, Ernst Lubitsch, 1932

Incident de frontière, Anthony Mann, 1949

Je la connaissais bien, Antonio Pietrangeli, 1965

Je sais où je vais, Michael Powell, 1945

Larmes de joie, Mario Monicelli, 1960

Lilith, Robert Rossen, 1964

La lumière verte, Frank Borzage, 1937

Macaroni, Ettore Scola, 1985

Encore et encore :

Marie-Martine, Albert Valentin, 1943

Miracle au village, Preston Sturges, 1944

Mort d'un cycliste, Juan Antonio Bardem, 1955

Le mur invisible, Elia Kazan, 1947

Nuages d'été, Mikio Naruse, 1958

Nuages épars, Mikio Naruse, 1967

Oliver Sherman, Ryan Redford, 2012

Pain et chocolat, Franco Brusati, 1974

Place aux jeunes, Leo McCarey, 1937

Le prêteur sur gages, Sydney Lumet, 1965

Toujours, toujours :

Qui perd gagne, Rouben Mamoulian, 1942

La reine Christine, Rouben Mamoulian, 1933

Rendez-vous de juillet, Jacques Becker, 1949

Les ruelles du malheur, Nicholas Ray, 1949

Sang et or, Robert Rossen, 1947

La terre éphémère, Georg Ovashvili, 2014

Trois camarades, Frank Borzage, 1938

Trois frères, Francesco Rosi, 1981

Un été violent, Valerio Zurlin, 1959

Un homme sur la voie, Andrzej Munk, 1956

C'est la fin de la liste :

Un petit carrousel de fête, Zoltan Fabri, 1956

Une certaine rencontre, Robert Mulligan, 1963

Les vingt-quatre prunelles, Keisuke Kinoshita, 1959

Znoy, Larisa Shepitko, 1963

Non, non, il n'y en a plus ...

FIN

Le ciel est à vous

Cinéaste méconnu, pour ne pas dire oublié, Jean Grémillon est considéré comme maudit pour le nombre de projets avortés ou mutilés. Restent tout de même une poignée de chefs d'oeuvre du cinéma français. Et un film impossible à voir, quelque soit le support, et qui pourtant n'est pas porté disparu : Pattes de mouche.

Mon classement :

1. Le ciel est à vous (1944)

2. L'étrange monsieur Victor (1938)

3. Maldone (1928)

4. Lumière d'été (1943)

5. Remorques (1941)

6. Daïnah la métisse (1928)

7. L'étrange madame X (1951)

8. Gueule d'amour (1937)

9. Pattes blanches (1949)

10. L'amour d'une femme (1953)

11. Valse royale (1936)

12. La petite Lise (1930)

13. Pour un sou d'amour (1931)

14. Centinela alerta (1935)

15. La dolorosa (1934)

L'étrange monsieur Victor

La filmographie de Robert Hamer ne compte que 10 titres auxquels s'ajoute une participation au fabuleux film à sketches Au coeur de la nuit. Mais que de merveilles parmi ces longs-métrages : Noblesse oblige, Il pleut toujours le dimanche, The Spider and the Fly, Pink Strings and sealing Wax, The Long Memory. Alcoolique notoire, il est mort prématurément à 52 ans.

Noblesse oblige

Mon classement :

1. Noblesse oblige (1949)

2. Il pleut toujours le dimanche (1948)

3. The Spider and the Fly (1949)

4. Pink String and sealing Wax (1945)

5. L'heure de la revanche (1953)

6. Détective du bon Dieu (1954)

7. Deux anglais à Paris (1954)

8. Le bouc émissaire (1959)

9. L'académie des coquins (60)

Il pleut toujours le dimanche

Le grondement de la montagne

Naruse est un adepte du Shômin-geki, films contemporains traitant des problèmes des gens du peuple et de la petite bourgeoisie. Comme Ozu ? Oui, mais quand ce dernier est généralement dans la retenue, Naruse est plus direct, voire violent, en tous cas réaliste. On a dit de lui qu'il était "Le chantre effacé du réalisme poétique japonais". L'univers quotidien montré par Naruse est culturellement très nippon, ce qui explique que ses films ont été à leur époque peu montrés à l'étranger car jugés "inexportables". Funeste erreur car les thèmes de Naruse sont universels et suscitent un sentiment de familiarité. Les films d'Ozu sont touchants, ceux de Naruse sont bouleversants : il s'intéresse avant tout aux gens ordinaires, ceux qu'on ne remarque pas ; il est le peintre de la mélancolie et des femmes courageuses et néanmoins fatalistes qui savent le combat contre les aléas de la vie perdu d'avance ce qui ne les empêchent pas de se battre. Les hommes, eux, sont décrits comme des lâches, des rustres ou des inadaptés...
Le style de Naruse est subtil et élégant, privilégiant les ellipses temporelles et son écriture est sans emphase, d'une grande sobriété.

A lire : Mikio Naruse, les temps incertains de Jean Narboni.

1. Le grondement de la montagne (54)

2. Nuages flottants (55)

3. Quand une femme monte l'escalier (60)

4. Tourments (64)

5. Un couple (53)

6. Nuages épars (67)

7. Nuages d'été (58)

8. La bête blanche (50)

9. Rapport sur la conduite du professeur Ishinaka (50)

10. Anzukko (58)

11. Sans liens de parenté (32)

12. Au gré du courant (56)

13. Délit de fuite (66)

14. La rue en colère (50)

15. La chanson de la lanterne (43)

16. L'étau (66)

17. Le coeur sincère (39)

18. L'histoire de la femme (63)

19. Histoire de l'arc au temple de Sanjusangendo (45)

20. Rêve de chaque nuit (33)

21. Et toi et moi (46)

22. Le coeur d'une épouse (56)

23. Chrysanthème tardif (54)

24. L'éclair (52)

25. Le fard de Ginza (51)

26. La fille dont on parle (35)

27. Avalanche (37)

28. La danseuse (51)

29. Frère aîné, soeur cadette (53)

30. La mère (52)

31. Comme une épouse, comme une femme (61)

32. Ma mère ne mourra jamais (42)

Nuages flottants

33. La place de la femme (62)

34. Le sifflement de Kotan (59)

35. Une femme indomptée (57)

36. Une avenue au matin (36)

37. Les vicissitudes de la vie 1 (37)

38. Trois soeurs au coeur pur (35)

39. Pluie soudaine (56°

40. Chronique de mon vagabondage (62)

41. La rue sans fin (34)

42. Ma femme, sois comme une rose (35)

43. A l'approche de l'automne (60)

44. Les vicissitudes de la vie 2 (37)

45. Le repas (51)

46. Courant du soir (60)

47. Les descendants de Taro Urashima (46)

48. Hideko, receveuse d'autobus (41)

49. Filles, épouses et une mère (60)

50. L'éveil du printemps (47)

51. La bataille de roses (51)

52. Tsuruhachi et Tsurujiro (38)

53. Les larmes d'une femme (37)

54. Okuni et Gohei (52)

55. L'actrice et le poète (35)

56. Acteurs ambulants (40)

57. Man of the House (36)

58. Le chemin parcouru ensemble (36)

59. Le chemin du drame (44)

60. Toute la famille travaille (39)

61. Après notre séparation (33)

62. Cinq types au cirque (35)

63. Cette belle vie (43)

64. Bon courage, larbin (31)

Quand une femme monte l'escalier

Il est déjà temps de se projeter dans la deuxième partie de l'année. Ma liste est subjective et ne comporte pas de blockbusters, à deux exceptions près. Elle se déploie autour du monde (Géorgie, Grèce, Chili, Mexique, Hongrie, Portugal, Brésil, Norvège, Slovaquie, iran, etc) parce que le cinéma ce n'est pas une spécificité américano-française et que les films les plus originaux viennent le plus souvent d'ailleurs. Parmi les titres qui auraient pu être cités figurent : Le Caire confidentiel (Saleh), I am not Madame Bovary (Feng), Logan Lucky (Soderbergh), Attraction(Bondarchuk), Centaure (Kubat) ... Enfin, certains films n'ont pas encore de date de sortie : In the Fade (Akin), You were never really here (Ramsay), Fortunata (Castellito) et d'autres sortiront tout début 2018 : Vers la lumière (Kawase), Wonder Week (Allen). Un peu plus d'explications ICI

1. The Square, Ruben Östlund, 18 octobre

2. Khibula, George Ovashvili, 15 novembre

3. Faute d'amour, Andreï Zvyaguintsev, 1er novembre

4. Mise à mort du cerf sacré, Yorgos Lanthimos, 1er novembre

5. 120 battements par minute, Robin Campillo, 23 août

6. Une femme fantastique, Sebastian Lelio, 12 juillet

7. On the milky Road, Emir Kusturica, 12 juillet

8. Abracadabra, Pablo Berger, 1er novembre

9. D'après une histoire vraie, Roman Polanski, 1er novembre

10. Song to Song, Terrence Malick, 12 juillet

11. Une femme douce, Sergeï Loznitsa, 16 août

12. Nos années folles, André Téchiné, 13 septembre

13. Blade Runner 2049, Denis Villeneuve, 4 octobre

14. Petit paysan, Hubert Charuel, 30 août

15. Les filles d'avril, Michel Franco, 2 août

16. La lune de Jupiter, Kornel Mundruczo, 1er novembre

17. La belle et la meute, Kouther Ben Hania, 18 octobre

18. Happy End, Michael Haneke, 4 octobre

19. Le musée des merveilles, Todd Haynes, 15 novembre

20. La région sauvage, Amat Escalante, 19 juillet

21. Corps et âme, Ildiko Enyedi, 27 septembre

22. L'usine de rien, Pedro Pinho, 13 décembre

23. Downsizing, Alexander Payne, 27 décembre

24. Gabriel et la montagne, Felipe Barbosa, 30 août

25. Barbara, Mathieu Amalric, 6 septembre

26. Thelma, Joachim Trier, 22 novembre

27. Mother, Darren Aronofsky, 18 octobre

28. Au-revoir là haut, Albert Dupontel, 18 octobre

29. Les proies, Sofia Coppola, 23 août

30. Dunkerque, Christopher Nolan, 19 juillet

31. Entre deux rives, Kim Ki-duk, 5 juillet

32. Out, Gyorgy Kristof, 2 août

33. L'atelier, Laurent Cantet, 11 octobre

34. Confident royal, Stephen Frears, 4 octobre

35. Un beau soleil intérieur, Claire Denis, 27 septembre

36. En attendant les hirondelles, Karim Moussaoui, 8 novembre

37. Un homme intègre, Mohamad Rousoulof, 5 décembre

38. L'amour des hommes, Mehdi Ben Attia, 20 décembre

39. Le redoutable, Michel Hazanavicius, 13 septembre

40. Jeune femme, Léonor Serraille

Rares sont les cinéastes français dont on dit qu'ils ont créé un "style". Jean-Pierre Melville fait partie de ceux-là, avec une influence qui ne s'est jamais démenti jusqu'à des réalisateurs très contemporains, américains, français, italiens, danois, etc.

Mon classement :

1. L'armée des ombres, 1969

2. Léon Morin, prêtre, 1961

3. Deux hommes dans Manhattan, 1959

4. Le doulos, 1962

5. Le samouraï, 1967

6. Le deuxième souffle, 1966

7. Bob le flambeur, 1956

8. Le silence de la mer, 1949

9. Quand tu liras cette lettre, 1953

10. L'aîné des Ferchaux, 1963

11. Le cercle rouge, 1970

12. Les enfants terribles, 1950

13. Un flic, 1972

Très tôt étiqueté cinéaste intellectuel, Alain Resnais n'a cessé de surprendre jusqu'à la fin de sa vie. Il n'y a rien de commun entre Hiroshima mon amour, On connait la chanson, Stavisky et Je t'aime je t'aime, Providence, si ce n'est, l'amour des gens et de la vie et une façon ludique d'appréhender cette dernière.

Mon classement :

1. Providence (1977)

2. Mon oncle d'Amérique (1980)

3. On connait la chanson (1991)

4. Smoking/No smoking (1993)

5. La vie est un roman (1983)

6. Les herbes folles (2009)

7. Coeurs (2006)

8. L'amour à mort (1984)

9. Stavisky (1974)

10. Pas sur la bouche (2003)

11. Muriel ou le temps d'un retour (1963)

12. I want to go home (1989)

13. Vous n'avez encore rien vu (2012)

14. Aimer, boire et chanter (2014)

15. Mélo (1986)

16. La guerre est finie (1966)

17. Hiroshima mon amour (1959)

18. L'année dernière à Marienbad (1961)

19. Je t'aime, je t'aime (1968)

L'heure de gloire de Preston Sturges aura duré à peine 10 ans, entre son premier film en 1940 et son avant-dernier, en 1949. mais que de merveilles en cette décennie où il fut comparé, à juste titre, à Frank Capra. Le roi de la comédie spirituelle, ni plus, ni moins.

1. Héros d'occasion (1944)

2. Miracle au village (1944)

3. Les voyages de Sullivan (1942)

4. Un coeur pris au piège (1941)

5. Madame et ses flirts (1942)

6. Infidèlement vôtre (1948)

7. Le gros lot (1941)

8. The great Moment (1944)

9. Oh ! quel mercredi (1947)

10. Mam'zelle mitraillette (1949)

11. Gouverneur malgré lui (1940)

12. Les carnets du major Thompson (1955)

Valerio Zurlini n'a pas la même aura que Fellini, Visconti, Rossellini, de Sica, Antonioni ou Pasolini. Sans doute pas que son oeuvre est moins étoffée (8 films en 22 ans) mais aussi à cause d'une impression de disparité qui est moins présente chez les grands maîtres italiens. Reste que Un été violent est un chef d'oeuvre fulgurant et que ses autres films méritent tous, pour une raison ou une autre, le détour. Sensible, esthète et littéraire, Zurlini mérite davantage de reconnaissance (comme Pietrangeli et Zampa, aussi).

Mon classement :

1. Un été violent, 1959

2. La fille à la valise, 1961

3. Les jeunes filles de San Frediano, 1955

4. Le professeur, 1972

5. Des filles pour l'armée, 1965

6. Journal intime, 1962

7. Le désert des tartares, 1976

8. Assis à sa droite (Black Jesus), 1968