Afrique
Du sang, de la terreur et des larmes (Houris)
Houris est un cri ininterrompu, sur plus de 400 pages, qui remémore une époque abominable, qu'il est interdit d'évoquer aujourd'hui, en Algérie, cette décennie noire, que les autorités embaument dans un silence assourdissant. Comme un symbole, et le roman de Kamel Daoud en est chargé, ce cri est celui d'une femme muette, égorgée durant cette période, qui en a réchappé par miracle et qui en conserve un souvenir terrible sur le corps, sous forme de "sourire." Son monologue emplit une grande partie de Houris, complété par deux autres, donnant au livre cette scansion particulière, luttant contre l'oubli, ravivant les douleurs, soumettant les cicatrices de nouveau, à la lame du couteau. Du sang, de la terreur et des larmes. Daoud fait se heurter son sujet à celui de la condition des femmes dans son pays, de nos jours comme hier, et au poids d'une religion qui anesthésie la liberté et la résistance. Houris est à la fois un requiem et un réquisitoire et l'auteur prend évidemment un risque inconsidéré pour sa propre sécurité mais il est impossible de ne pas sentir qu'il lui était vital d'écrire et de témoigner, à sa manière, dans un récit où la poésie rencontre l'épouvante, dans un tableau sans concession de la violence humaine, quand elle atteint son paroxysme. D'aucuns argueront que le livre est difficile d'accès ou exigeant. Peut-être. Mais son principal écueil est son inventaire de l'horreur qui passe par une certaine redondance, comme une longue agonie où les souffrances se répètent à l'envi, dans une nuit sans fin. En atténuant son hyper-symbolisme et en réduisant sa logorrhée, le roman aurait sans doute gagné en efficacité, en une cinglante concision. Mais c'est ainsi que Kamel Daoud a voulu Houris, comme un long chemin de haine et de sévices, et qui sommes-nous pour lui reprocher d'avoir vidé son cœur de tous les ressentiments qu'il contenait ?
L'auteur :
Kamel Daoud est né le 17 juin 1970 à Mesra (Algérie). Il a publié 5 romans dont Meursault contre-enquête.
Sous la surveillance de la dictature (Au soir d'Alexandrie)
Depuis la parution de L'immeuble Yacoubian, il est devenu impensable, pour nombre de ses lecteurs, de rater un seul roman de Alaa El Aswany. En plaçant l'action d'Au soir d'Alexandrie dans une ville si souvent célébrée pour son ouverture au monde, pour sa tolérance et pour son art de vivre, l'auteur rejoint de nombreux écrivains populaires en Égypte et, ce n'est pas rien, le plus grand cinéaste du pays, Youssef Chahine, dont trois de ses films contiennent le nom d'Alexandrie dans leurs titres. La période concernée est celle de Gamal Abdel Nasser, dont le régime s'est durci peu à peu au début des années 60, dérivant vers une dictature, dont la surveillance des présumés ennemis intérieurs, forcément suppôts de l'impérialisme et du capitalisme étrangers, a constitué constitué l'une des bases, en s'appuyant sur la propagande et le complotisme. A lire Au soir d'Alexandrie, l'on se croirait parfois dans la RDA, avec sa tristement célèbre Stasi, mais il est vrai que toutes les dictatures se ressemblent peu ou prou par leurs méthodes. C'est un roman choral de la plus belle eau que nous propose l'auteur égyptien désormais exilé en Amérique, avec une galerie de personnages inoubliables, représentatifs de l'origine diverse des Alexandrins de l'époque. A travers leur destin, El Aswany décrit un phénomène que l'on connaît bien : un nationalisme exacerbé et une xénophobie affirmée qui suscitent la peur et manipulent le peuple. Le roman commence dans une douce atmosphère où l'amitié et l'alcool coulent dans l'harmonie de réunions privées, organisées nuitamment, où les protagonistes s'opposent, sans se disputer méchamment, autour de tous les sujets possibles et notamment la manière dont Nasser dirige le pays. Au fil des pages, et avec d'autres personnages, l'auteur enrichit sa palette de nouvelles nuances, dans un registre plus dramatique et sur un tempo de thriller. Le style est limpide, d'une apparente simplicité, chose la plus difficile à obtenir. La nostalgie est au rendez-vous mais plus importante encore est la leçon politique, l'avertissement contre les extrémismes, le nationalisme exacerbé et le fameux mythe du grand homme libérateur censé redonner toute sa fierté à un pays et à ses "vrais" habitants.
L'auteur :
Alaa El Aswany est né le 26 mai 1957 au Caire. Il a publié 5 romans dont L'immeuble Yacoubian, Chicago et J'ai couru vers le Nil.
Fougue de la jeunesse (Ces soleils ardents)
A travers les voix alternées de ses deux personnages principaux, étudiants à Abidjan, et aux prises avec une histoire familiale complexe, Nincemon Fallé, 22 ans seulement, raconte dans son premier roman la jeunesse de la Côte d'Ivoire, ses ambitions, ses révoltes, ses désillusions et surtout sa fougue, malgré les nombreux obstacles. C'est sans doute la vivacité du récit, alliée à un vrai talent de conteur qui a décidé le jury du Prix Voix d'Afriques, à lui accorder sa préférence en 2024, un véritable tremplin pour une carrière littéraire prometteuse. La relation au père, les petits boulots, la vie quotidienne dans la capitale ivoirienne, les hauts et les bas d'une amitié sont autant de sujets traités au sein d'un pays dont on sait qu'il est sujet à des épisodes de contestations et de violences fréquents. Si l'on regrette l'absence de figure féminine forte dans le livre, son extrême fluidité est à louer, avec ce désir d'avancer toujours, malgré les erreurs de parcours, les difficultés financières, et les regards peu compatissants des plus âgés. Un vrai roman d'apprentissage à la dure et une œuvre générationnelle qui pose une question prépondérante : comment se définit la notion de réussite, aujourd'hui, en Afrique ?
L'auteur :
Nincemon Fallé est né le 19 septembre 2001 à l'est de la Côte d'Ivoire.
Le fils du boulanger (Du pain sur la table de l'oncle Milad)
Avec son premier roman, Du pain sur la table de l’oncle Milad, le journaliste libyen Mohammed Alnaas (né en 1991), a remporté en 2022 le Prix international de la fiction arabe, faisant de lui son plus jeune lauréat et le premier Libyen à le recevoir. L'excellent éditeur Le bruit du monde a eu la très bonne idée de publier en français ce livre passionnant qui raconte le quotidien des Libyens dans les années Kadhafi, à travers le destin d'un homme, fils de boulanger et amoureux du pain lui-même, et pétri, c'est le cas de le dire, de contradictions. Milad possède en effet une part de féminité en lui et il ne rechigne pas, bien au contraire, à s'occuper des tâches ménagères, alors que son épouse travaille, ou même à pratiquer, dans ses jeunes années, l'épilation au sucre sur les jambes de ses sœurs consentantes. Dans la société patriarcale où il vit, ce caractère ne peut que susciter la moquerie ou le mépris, de son père, d'abord, de son meilleur ami, ensuite, et de sa propre femme, d'autant plus que son couple reste stérile au fil des années. Narrateur, Milad évoque son existence dans le désordre : l'enfance, l'armée, le mariage avec une jeune fille émancipée, avec un épisode enchanteur en Tunisie, son conflit avec son oncle qui a récupéré la boulangerie paternelle, son travail dans une pizzeria, sa rencontre avec une femme fatale, etc. Et toujours, en fil rouge, le travail du pain, cet amour que l'auteur sait rendre sensuel dans de nombreuses descriptions. La conclusion de ce roman, qui alterne moments légers et tensions fortes, peut paraître brutale mais elle n'est que la résultante du conflit permanent qui habite un homme, cerné par les injonctions sociales et viriles et frustré de ne jamais pouvoir exprimer sa véritable identité. Un premier roman qui est un coup de maître et place d'emblée Mohammed Alnaas dans le sillage du grand auteur libyen Hisham Matar.
L'auteur :
Mohammed Alnaas est né le 31 mars 1991 à Tajoura (Libye). Il a publié 2 recueils de nouvelles.
Un diable sur l'épaule (Alors toi aussi)
Louées soient les éditions Tropismes qui nous ont permis de découvrir la plume de l"écrivaine sud-africaine Futhi Ntshingila, il y a 4 ans, avec Enrage contre la mort de la lumière. Son deuxième livre publié en France, Alors toi aussi, ne fait que confirmer la puissance et la douceur, ce n'est pas incompatible, de l'écriture de l'autrice pour raconter l'Afrique du Sud d'aujourd'hui. Laquelle ne peut se comprendre qu'en remontant loin, à la guerre des Boers, au tournant du XXe siècle, qui occupe une partie importante du livre, cependant moindre que la longue et horrible période de l'Apartheid, qui est au cœur de la relation entre une aide-soignante noire et son vieux patient blanc. Ceux qui ont apprécié les romans d'André Brink, en leur temps, retrouveront chez Futhi Ntshingila cette maîtrise dans la narration et cette manière de parler de choses atroces avec calme et précision. Le vieil homme, conditionné par une société suprémaciste, a commis des exactions inexcusables, dont il finit par partager le souvenir avec son infirmière qui a elle-même beaucoup à raconter. Drôles d'échanges entre un bourreau, qui a eu la majeure partie de sa vie un diable sur l'épaule, et celle qui aurait pu être sa victime. Aux confins de l'expiation et du pardon, la romancière raconte aussi avec finesse les générations suivantes, qui doivent vivre avec un lourd héritage et une situation économique et sociale qui reste explosive en Afrique du Sud. Très romanesque et sensible, riche en personnages forts, le livre de Futhi Ntshingila ne cherche pas à raviver les plaies mais à mieux comprendre les divisions et les traumatismes d'une nation, qui a encore du chemin à faire pour se parer des couleurs de l'arc-en-ciel.
L'auteure :
Futhi Ntshingila est née en 1974 à Pietermaritzburg (Afrique du Sud). Elle a publié 3 romans dont Enrge contre la mort de la lumière.
Tristes lunes de miel (Souviens-toi des abeilles)
Après La poule et son cumin, très beau premier roman, Zineb Mekouar ne déçoit pas avec son successeur, Souviens-toi des abeilles, pourtant bien différent, très ancré dans le territoire du Haut-Atlas. Avec des allures de conte cruel, l'autrice raconte une histoire de malédiction et de transmission autour du plus vieux et plus grand rucher au monde. Ce sont de tristes lunes de miel qui accablent un village, souffrant de la sécheresse et de l'exode rural, et désolent une famille, marquée par un secret terrible que seul un garçon de 10 ans ignore encore et qui maintient sa mère, enfermée dans son propre monde, dans l'opprobre générale. Ce sont deux des quatre principaux personnages du livre, avec le grand-père, attaché aux traditions et aux croyances, figure tutélaire de son petit-fils, et le père, personnalité plus hésitante et impuissante, qui ne sait comment dialoguer avec son père, soigner sa femme ou parler avec son fils. La langue de Zineb Mekouar se déploie dans une tonalité tantôt poétique, tantôt réaliste, évoquant des thèmes tels que la transmission, l'ostracisme ou l'environnement, dans une tonalité jamais mielleuse, faisant se rejoindre tremblements de terre et des sentiments, jusqu'à un dénouement qui laisse espérer autant que douter de l'avenir.
L'auteure :
Zineb Mekouar est née en 1991 à Casablanca. Elle a publié La poule et son cumin.
Apprentissage ougandais (La première femme)
Après Kintu, un premier roman luxuriant mais quelque peu indigeste (avis personnel), La première femme montre une romancière en pleine maîtrise d'un récit qui s'étend de 1975 à 1983, avec une incursion dans les années 30, en grande partie organisée autour de son héroïne, la jeune Kirabo, mais aussi d'une myriade de femmes de sa famille. Le livre de Jennifer Nansubuga Makumbi raconte notamment l'Ouganda de la fin de la dictature du trop célèbre Idi Amin Dada mais c'est avant tout une toile de fond pour suivre l'enfance de Kirabo, à la campagne, puis son adolescence, dans une école de Kampala. A la recherche de sa mère disparue, elle côtoie une multitude de personnages de tous âges qui la font grandir et forgent son caractère singulier, exigeant et indomptable. C'est la force du roman que de nous rendre attachante cette destinée, tout en ménageant de nombreux pas de côté narratifs, à la rencontre de filles ou de femmes, au gré de portraits, très vivants, qui contribuent à rendre le livre profond, épicé et très ancré dans le territoire ougandais. Malgré un abus de termes locaux non traduits, La première femme reste limpide dans sa progression, fourmillant de scènes pittoresques, comiques et tragiques, avec autour de Kirabo, des mères, des grand-mères, des belles-mères, des amies et quelques hommes, quand même, moins nombreux mais essentiels au destin de Kirabo, dans un enchevêtrement de secrets de famille, de trahisons, de haines recuites et d'amitiés brisées. Le livre pourrait aisément être décliné en série, grâce au style vif de l'autrice et à son talent pour partager son intrigue entre événements déterminants et sentiments en constante évolution dans ce qui tient à la fois du roman d'apprentissage et de l'hymne féministe vibrant, sous la plume d'une conteuse sûre de ses effets et de l'ampleur de son récit.
L'auteure :
Jennifer Nansubuga Makumbi est née à Kampala (Ouganda). Elle a publié Kintu et Manchester happened.
Le cap de la mauvaise espérance (Rabbit Hole)
Peut-on se passionner pour une œuvre à l'intrigue alambiquée ou aux ramifications opaques ? Disons que cela dépend de la dose de cartésianisme contenue en chacun de nous et de l'état d'esprit du moment. Le grand sommeil, après tout, est considéré comme un sommet, en dépit d'un récit difficile à décrypter. Rabbit Hole, à son niveau, reste ainsi presque toujours divertissant et tant pis si l'on est vite perdu dans les entrelacs de développement successifs d'une histoire de gros sous, de corruption, de manipulation et de cupidité, dans la cité du Cap (de la mauvaise espérance ?). Le style direct de Mike Nicol, souvent sardonique, fait oublier les fils trop complexes de la narration et certains personnages ont heureusement une véritable épaisseur, notamment la fratrie Amalfi, avec une lutte intestine pour le pouvoir, où tous les coups sont permis, ou encore un couple composé d'un détective privé surfeur et d'une ancienne espionne qui pourrait bien avoir replongé. Tout ce petit monde s'épie, se trompe et se tire dessus, le romancier n'étant pas trop du genre à faire des prisonniers. L'on ressort de cette lecture un peu frustré, quand même, de n'avoir pas tout saisi et nostalgique des thrillers de l'autre écrivain majeur sud-africain dans cette catégorie, à savoir Deon Meyer, moins brillant sur la forme, peut-être, mais plus limpide sur le fond, les deux auteurs se rejoignant pour tirer à boulets rouges sur l'évolution de leur pays, entre magouilles politiques, racisme larvé et violence effarante.
L'auteur :
Mike Nicol est né en 1951 au Cap. Il a publié 13 romans dont La loi du capitaine, Power Play et L'Agence.
Les larmes de l'exil (Mes amis)
Le 17 avril 2024 marquera le 40e anniversaire d'une manifestation de 75 opposants libyens devant l'ambassade de leur pays à Londres, durant laquelle une policière britannique fut tuée par des tirs venant de l'intérieur du bâtiment. Cet événement, au plus fort de la dictature de Kadhafi, est le point névralgique du magnifique roman de Hisham Matar, Mes amis. Un livre dont le narrateur, Khaled, ressemble un peu à l'auteur, au point qu'il faut se pencher sur la biographie du second pour comprendre qu'il s'agit d'une fiction, mais sans aucun doute nourrie par les réflexions d'un écrivain qui a quitté encore enfant le pays de ses parents. Comme son titre l'indique, le roman est un formidable hymne à l'amitié, avec deux compatriotes de Khaled, vivant comme lui à Londres mais c'est aussi et presque surtout le chant d'un exilé, empêché de rentrer chez lui du temps de Kadhafi puis incapable, au contraire de ses amis, d'aller combattre pour la révolution, avant la chute du dictateur. Le comportement de Khaled et son déficit d'engagement, c'est aussi vrai dans sa vie amoureuse d'ailleurs, sont analysés avec infiniment de subtilité mais aussi de tendresse par Hisham Matar qui lui a transmis, peut-être, quelques uns de ses traits de caractère. Quoiqu'il en soit, la sensibilité extrême de son personnage principal qui verse souvent des larmes, les relations fortes que celui-ci entretient avec sa famille, qu'il ne revoit pas pourtant pendant longtemps, la nostalgie pour les années heureuses de son enfance à Benghazi et cet amour inaltérable pour la littérature sont autant d'aspects touchants d'un livre qui mêle l'intime d'un homme habitué à vivre loin de ses racines et, de ce fait, toujours un peu déplacé et mélancolique , et les convulsions d'un pays aimé qui est celui de Khaled tout en ne l'étant plus tout à fait du fait de sa très longue absence. Le style fluide et visuel de Matar fait merveille et donne au livre une amplitude et une profondeur synonymes de plaisir intense de lecture.
L'auteur :
Hisham Matar est né en 1970 à New York. Il a publié 5 livres dont Au pays des hommes et Anatomie d'une disparition.
Les souffrances de la fuite (Le rêve du pêcheur)
Le rêve du pêcheur s'étire sur trois générations, au gré d'un récit qui entremêle savamment les fils de différentes destinées, avant un dénouement qui rétablit la chronologie et va vers l'apaisement. Il y a des points communs entre les différents personnages : la souffrance en premier lieu, pour le pêcheur d'un petit village côtier du Cameroun, la prostituée de Douala et l'exilé à Paris. Les parcours sont erratiques et marqués par la fuite, à un moment ou à un autre, censée amener la délivrance, qui ne vient pas, bien au contraire, et alourdit le bagage de celui ou de celle qui a tout quitté, sans un regard à l'arrière. Le livre de Hemley Boum est splendide, écrit dans une langue déliée, douloureusement romanesque, avec des personnages forts, qui commettent des erreurs monumentales et cherchent maladroitement à raccommoder les morceaux épars de leurs fautes. Peut-être que la fin du roman, en revanche, est un peu trop naïf dans son optimisme mais il fallait bien ce baume pour cicatriser tous les traumatismes et la beauté du livre ne s'en trouve pas affectée. Le colonialisme moderne, le racisme, l'exploitation de l'homme par l'homme, l'exil et les remords sont autant de défis à surmonter pour parvenir , sinon au bonheur, tout du moins à une forme de sérénité et de réconfort qui passe par l'amour, l'amitié, la famille et le lien parfois invisible de la transmission.
L'auteure :
Hemley Boum est née en 1973 à Douala (Cameroun). Elle a publié 5 livres dont Le clan des femmes et les jours viennent et passent.