Cinéphile m'était conté ...

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Faisceau de vieux films (Juillet/1)

Chronique des années de braise (Waqa'i' sanawat ed-djamr), Mohammed Lakhdar-Hamina, 1975

Le 24 mai dernier, le Festival de Cannes projetait la Palme d'Or 1975, Chronique des années de braise, unique film africain couronné jusqu'à maintenant sur la Croisette, dans une version restaurée. Son réalisateur, Mohammed Lakhdar-Hamina est mort la veille, à 95 ans, à Alger. Cette fresque épique, relatant 15 ans d'histoire de l'Algérie colonisée, de 1939,à 1954, aux prémices de la guerre d'indépendance, n'a rien perdu de sa puissance, ni de son intérêt historique. Si le film peut paraître confus, par endroits, à certains, il est surtout elliptique, alternant l'intime, avec la vie d'un homme chassé de ses terres par la sécheresse, rescapé d'une épidémie de typhus et de la Seconde Guerre mondiale, avec le collectif, ce peuple algérien sous le joug, subissant humiliations et répressions, avant de se résoudre à employer les mêmes méthodes que l'occupant : celles de la force. Avec son lyrisme mesuré et sa mise en scène qui magnifie les paysages du désert et le grouillement des foules, le film impose un style impressionnant de maîtrise, sur un sujet encore bien vif, en France, au moment de sa réalisation. Sa reprise en salles en août, est une excellente nouvelle pour la conquête d'un nouveau public qui ne doit pas s'effrayer de la longueur, près de 3 heures, de cette œuvre essentielle.

 

L'empire M (Emberatoriet M), Hussein Kamal, 1972

Mona, veuve d'une quarantaine d'années, travaille au ministère de l'Éducation et élève tant bien que mal ses six enfants, dont les prénoms commencent tous par la lettre M. Mais la révolte gronde à l'intérieur de sa maison, dans laquelle elle n'est pas loin d'être considérée comme une dictatrice. Cette malicieuse et chaleureuse comédie familiale symbolise à l'évidence l'histoire d'un pays, l'Égypte, toujours tourmentée par les aspirations à la démocratie, les révolutions populaires et l'émergence de personnalités autoritaires. Dans le sillage de la grande Faten Hamama, le film use d'humour, de fantaisie et de gravité, avec un brio incontestable.

 

Les Dupes (Al Makhdu'un), Tawfik Saleh, 1972

Le plus grand film syrien, restauré en 2023, a été réalisé par un Égyptien, Tawfik Saleh, et raconte la tentative de trois Palestiniens de fuir la misère, en atteignant le Koweït. Adapté d'une nouvelle de Ghassan Kanafani, le film raconte l'itinéraire de ces trois hommes de générations différentes dont le destin se rejoint dans la citerne d'un camion, chauffé à blanc par le soleil, torride comme l'enfer, le temps du passage de la frontière. S'il y a un peu de confusion dans sa première partie, Les Dupes devient un thriller démoniaque, dans sa dernière, comme une métaphore de la tragédie palestinienne. 

 



31/07/2025
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