Océanie
L'été du dasyure (Limberlost)
Avant Limberlost, le Tasmanien Robbie Arnott a écrit deux livres somptueux : Flammes et L'oiseau de pluie, et donc, forcément, le risque de la déception existait, avec ce troisième roman, toujours situé sur la chère île de l'auteur. Non que ce soit un mauvais ouvrage, mais un peu fade, peut-être, avec de très longues descriptions de la nature, la nostalgie en bandoulière du temps où celle-ci était encore respectée par les humains. Fondamentalement, l'histoire est celle d'un adolescent, Ned, pendant la deuxième guerre mondiale, dont la famille vit difficilement des fruits d'un verger, alors que les deux frères du jeune héros ont été mobilisés. Entre la chasse aux lapins, pour en vendre les peaux, l'espoir d'acheter un bateau et la capture d'un dasyure, un farouche chat marsupial, l'été de Ned est classiquement celui d'un apprentissage de la vie. D'autres chapitres, en alternance, nous racontent ce que fut son existence par la suite, celle d'un gars taiseux, père de famille qui voit la Tasmanie changer mais qui sans cesse revient en pensée vers sa jeunesse, ses promesses et ses désillusions. La langue poétique semble cette fois-ci moins aérienne et l'écrivain donne l'impression de vouloir parler de beaucoup de choses : la guerre, le lien à la nature, la paternité, les peuples premiers, etc, sans véritablement approfondir aucun de ces thèmes. La lecture n'est pas désagréable mais elle manque de fluidité et il est difficile de s'y investir, avec le sentiment d'avoir déjà parcouru ce type de récits, auparavant. Pas de quoi fouetter un diable de Tasmanie, en définitive.
L'auteur :
Robbie Arnott est né en 1989 à Launceston (Australie). Il a publié Flammes et L'oiseau de pluie.
L'homme de Tasmanie (Question 7)
Sans un certain livre de H.G. Wells puis, plus tard, la bombe d'Hiroshima, le père de Richard Flanagan n'aurait pu survivre dans le camp de prisonniers, au Japon, où il s'affaiblissait de jour en jour, en l'année 1945. Et donc, le romancier australien, auteur notamment du sublime La route étroite vers le nord lointain, n'aurait jamais vu le jour. Mais qu'est-ce que c'est que cette Question 7 qui donne son titre à ce nouvel ouvrage du natif de Tasmanie ? Disons que cela a à voir avec Tchekhov mais laissons aux futurs lecteurs le soin de le découvrir par eux-mêmes. Question 7 n'est pas un roman mais il y a quelques morceaux de fiction dedans, au milieu des souvenirs épars de l'auteur. Une autobiographie, alors ? Oui, en partie, livrée sous forme de fragments, avec en particulier le récit de moments passés, à l'âge de 21 ans, entre la vie et la mort. Mais Question 7 est autre chose encore et sans doute d'abord une lettre d'amour aux parents de Richard Flanagan et à sa chère île si singulière de Tasmanie. Qui mieux que lui peut décrire l'histoire douloureuse de cette dernière, avec l'extermination systématique de ses premiers habitants, aborigènes, par les bagnards anglais déportés. "Je suis le fruit d'un génocide et d'une société esclavagiste" écrit l'auteur, qui ne mâche pas ses mots non plus pour fustiger l'éducation reçue à Oxford et la morgue britannique à son encontre. On peut avoir l'impression d'un livre fourre-tout, nostalgique et amer, mais ce n'est pas vraiment cela. Ce sont les confessions et la vision du monde d'un écrivain à la fois humble et érudit qui interroge le sens de la vie, ses hasards et ses coïncidences, pour une sorte de bilan, la soixantaine venue. Et c'est le plus souvent enrichissant et passionnant de la part d'un esprit libre, conscient de son héritage familial et national, qui nous captive parce que, quoiqu'il écrive, il ne perd jamais son talent de conteur.
L'auteur :
Richard Flanagan est né en 1961 à Longford (Australie). Il a publié 8 romans dont Désirer, La route étroite versle nord lointain et Première personne.
Entrelacs familiaux (Quelquefois ils leur pardonnent)
Le nouveau livre de l'écrivain néo-zélandais Carl Nixon n'a absolument rien à voir avec ses précédents, notamment La falaise du bout du monde, dont la trame policière tenait en haleine de bout en bout. Quelquefois ils leur pardonnent est construit comme une suite de 25 récits, certains ayant déjà été publiés dans le passé, individuellement, pour former une histoire familiale qui s'étale sur un grand nombre d'années. Le procédé est astucieux, sorte de puzzle narratif à reconstituer, mais il gêne souvent la compréhension, avec ses points de vue différents (c'est parfois un "témoin" extérieur qui raconte un épisode marquant de cette saga familiale) et surtout un désordre chronologique qui brouille les portraits psychologiques des différents protagonistes. Comparée aux intrigues très audacieuses de ses ouvrages précédents, celle de Quelquefois ils leur pardonnent a quelque chose de plus sage dans son étoffe même si des événements violents ont lieu, notamment pendant les années d'enfance de personnages que l'on voit grandir (ou rajeunir) au fil des pages, avec un père alcoolique et une mère dépressive. C'est un bon livre, qui oblige presque à le lire en une seule fois, de manière à ne pas se perdre dans ses entrelacs, mais qui, malgré tout, constitue une légère déception, au vu des antécédents de l'auteur.
L'auteur :
Carl Nixon est né en 1967 à Christchurch (Nouvelle-Zélande). Il a publié 5 romans dont Rocking Horse Road et La falaise du bout du monde.
Cynisme contre candeur (Birnam Wood)
A 28 ans, soit en 2013, l'écrivaine néo-zélandaise Eleanor Catton avait déjà décroché le Prix Booker grâce un somptueux roman intitulé Les Luminaires, 5 années après avoir débuté en littérature avec le non moins brillant La Répétition. Il n'est pas étonnant, qu'à l'instar des sportifs surdoués qui gagnent dès leur plus jeune âge, la romancière ait connu quelques difficultés à retrouver de suite l'inspiration. Le temps est passé et, en 2023 (janvier 2024 pour la traduction française), elle est enfin revenue avec Birnam Wood, son livre le plus en prise avec l'air du temps, visiblement très documenté mais sans perdre pour autant son allant romanesque, associé comme dans ses ouvrages précédents d'une certaine prise de risque, vis-à-vis de ses lecteurs. En effet, cet "Éco-thriller", éminemment politique, suit en parallèle plusieurs personnages dont les portraits psychologiques se dévoilent en parallèle durant un gros tiers du livre, sans que rien de spectaculaire ne se produise a priori. C'est une façon patiente et minutieuse de planter le décor, les enjeux et les protagonistes de ce drame shakespearien (inspiré de Macbeth) qui peut aussi être vu comme une éclatante comédie de mœurs. La quatrième de couverture de Birnam Wood évoque un récit où évoluent "un grand naïf, une militante écologiste et un milliardaire aux ambitions démesurées" mais ils sont entourés d'une pléiade de seconds rôles dont l'autrice dévoile avec gourmandise les personnalités, souvent complexes, sans jamais cesser, quelles que soient les apparentes digressions, de déployer son impressionnant canevas narratif. Tout est construit pour que l'action aille crescendo jusqu'à un final en forme de spectacle pyrotechnique qui laisse coi. Birnam Wood ne compte que 3 chapitres pour 560 pages, alors que tant d'autres écrivains auraient cédé à la facilité et à une efficacité plus immédiate, en aménageant davantage de pauses dans une intrigue d'abord éclatée pour mieux se resserrer, in fine. Le livre est celui d'une époque, la nôtre, envahie par la technologie mais où les ressorts humains sont finalement les mêmes qu'à la période élisabéthaine. Avec le cynisme des uns, la candeur de certains, et les capacités de tous les autres à surfer entre compromis et compromissions. Le livre de Eleanor Catton comporte notamment un formidable "méchant", séduisant, insolent et immoral, qui comme dans certains des meilleurs Hitchock participe à la réussite majuscule de Birnam Wood, le premier très grand roman de 2024, qui sera difficile à égaler, ne serait-ce que pour sa densité. Souhaitons juste que Eleanor Catton n'attende pas une nouvelle décennie avant de nous redonner de ses nouvelles.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet Chastel.
L'auteure :
Eleanor Catton est née le 24 septembre 1985 à London (Canada). Elle a publié La Répétition et Les Luminaires.
Impression, soleil levant (Pour qu'il neige)
Récit d'un voyage au Japon, entrepris par la narratrice et sa mère, Pour qu'il neige s'inscrit sur un mode impressionniste, au pays du soleil levant. Quoique le choix du Japon, pour ces deux femmes qui vivent plus au sud (en Australie ?) et ont des racines du côté de Hong Kong, n'ait pas une importance tellement grande pour le lecteur, qui reste peu concerné par les visites effectuées. Jessica Au, dans ce roman que l'on imagine en grande partie autobiographique, cherche avant tout à analyser le lien qui unit mère et fille, d'une manière certes pudique mais trop floue pour véritablement séduire. Au fil du périple, guère palpitant, ce sont les souvenirs qui viennent submerger le présent, de l'une et de l'autre, petites vignettes sans éclat particulier, qui n'apportent rien de signifiant, dans ce roman beaucoup trop flottant, dont seul le style pourrait captiver s'il n'était finalement pas aussi banal. Au détour d'une phrase, l'on s'aperçoit que ce voyage pourrait après tout être fictif et ne correspondre qu'à un fantasme non réalisé de la narratrice (jamais nommée) de Pour qu'il neige. Cette piste, ouverte vers une toute autre interprétation du roman, n'est cependant pas développée par l'autrice qui préfère revenir encore et encore sur les pensées et les interrogations de son héroïne, dont la consistance, hélas, ressemble à celle de la poussière dans le vent.
L'auteure :
Jessica Au est née en Australie. Elle a publié Cargo.
La périphérie du mal (Sans un bruit)
La première moitié de Sans un bruit est surprenante, de la part de Paul Cleave, l'un des auteurs noirs les plus radicaux de la planète, celui qui aime tant, comme il le dit dans la postface du livre : "produire de l'horreur." L'écrivain néo-zélandais semble donc assagi pendant un temps, dans une histoire assez classique d'enlèvement d'enfant, qui met l'accent sur la torture psychologique subie par le narrateur principal, lui-même auteur de polar avec son épouse et père du gamin disparu. Au programme : l'aveuglement de la police, l'acharnement des médias, la furie des réseaux sociaux et l'hostilité d'une foule prête à lyncher ceux qu'elle présume être les coupables. Jusqu'à mi-parcours, le roman se lit sans déplaisir mais sans passion, loin de la folie des précédents livres de Cleave. Au point même que l'intrigue semble avoir épuisée tout son potentiel et que le dénouement parait proche. Oui, mais attendez, il reste encore plus de 200 pages à lire, qu'est-ce que l'auteur d'Un employé modèle va encore inventer ? Et c'est là que revient le Cleave que l'on connait, à travers des rebondissements en cascade, même les plus inouïs, des meurtres inattendus, des incendies criminels et des révélations stupéfiantes. Adieu le réalisme, le livre vogue alors sur un déchaînement de violences, avec pas mal d'humour très noir en bandoulière, dans un récit totalement débridé où la logique des faits n'a plus d'importance. Sans un bruit marque un renouvellement de l'inspiration de Paul Cleave et, à défaut de s'élever au haut niveau auquel il nous a habitués, confirme le talent délétère d'un auteur qui a peu d'équivalents pour oser autant s'aventurer dans ces zones sombres de la périphérie du mal.
L'auteur :
Paul Cleave est né le 10 décembre 1974 à Christchurch (Nouvelle-Zélande). Il a publié 12 romans dont Un employé modèle, Ne fais confiance à personne et Intuitions.
Le sillage du héron (L'oiseau de pluie)
Après Flammes, un premier roman éblouissant, l'auteur australien (de Tasmanie, pour être précis) Robbie Arnott récidive avec L'oiseau de pluie, une "éco-fable" aussi belle qu'une aurore boréale. Pourtant, le genre du livre, une dystopie qui mêle coup d'état militaire et dérèglement climatique, dans une atmosphère quasi post-apocalyptique, n'est plus si original dans la littérature contemporaine si ce n'est que tous les écrivains ne possèdent pas le talent d'évocation de Robbie Arnott ni sa façon unique de mélanger noirceur et réalisme magique. Autre chose remarquable : le tempo du roman, qui enchaîne scènes graphiques parfois violentes et de longues plages contemplatives, oblige le lecteur à lui-même s'adapter à ces rythmes très changeants et c'est un véritable plaisir que de s'abandonner au pouvoir d'un auteur aussi doué pour nous emmener en terre inconnue. Le mieux (comme souvent, direz-vous) est d'en savoir très peu avant de débuter L'oiseau de pluie avec son chapitre 0, qui pose de premiers jalons, sous forme de conte, à défaut d'entrer dans le cœur de l'intrigue. Le personnage central du livre, en quelque sorte, est un héron qui fait la pluie et le beau temps et qui a acquis un statut d'animal légendaire. Autres protagonistes amenés à se rencontrer : une femme qui a fui la civilisation et vit en forêt et une soldate en mission. Il y a aussi un chapitre, sublime, autour de pêcheurs de calamars, avec une pratique très particulière, et qui est relié, n'en disons pas plus, à l'un des personnages féminins. Alors, bien sûr que le livre est un hymne à la splendeur de la nature et une stigmatisation claire de la folie des hommes à faire saigner la planète mais sa créativité poétique en fait un ouvrage hors-normes, dans un voyage entre le merveilleux et l'étrange, dans le sillage ailé d'un oiseau mythique.
L'auteur :
Robbie Arnott est né en 1989 à Launceston (Australie). Il a publié Flammes.
La perruche à ventre orangé (Dans la mer vivante des rêves éveillés)
Par le passé, l'écrivain australien Richard Flanagan nous a plus d'une fois enthousiasmés, notamment avec La route étroite vers le nord lointain. Avec encore un titre à rallonge, Dans la mer vivante des rêves éveillés, et une alléchante quatrième de couverture, son nouveau livre semblait plus que prometteur. Eh bien, il est un peu décevant, à vrai dire, disons que l'impression est mitigée avec un mélange de réalisme et de situations métaphoriques, pour témoigner de la progressive disparition du vivant dans un monde en surchauffe. Et plus on avance dans le roman, plus celui-ci déconcerte, voguant peu ou prou vers les rives du fantastique. Le pilier du livre, bien fragile, est Anna, de plus en plus fréquemment au chevet de sa mère à l'hôpital, accompagnée de ses deux frères. L'agonie est longue et perturbante pour une fille qui non seulement perd ses repères, mais aussi certains membres : un doigt, un sein, un genou qui disparaissent soudainement sans faire ciller quiconque dans son entourage. Étrange phénomène, au moment où les incendies font rage dans toute l'Australie et où des espèces animales, comme la perruche à ventre orangé, sont sur le point de disparaître. Le livre, placé sous le signe des disparitions, l'est également dans l'écriture même de Flanagan avec parfois une ponctuation absente, on ne sait pourquoi. Son talent de conteur est toujours là mais peu à peu noyé dans une allégorie qui a du mal à convaincre. Si le roman peut être considéré comme un cri d'alarme environnemental, avec en première ligne la souffrance de la Tasmanie, la chère île natale de l'auteur, sa facture, à la fois éthérée et morbide (la mort lente de la mère), a de quoi rendre circonspect.
L'auteur :
Richard Flanagan est né en 1961 à Longford (Australie). Il a publié 8 romans dont La route étroite vers le nord lointain et Première personne.
Ressources humaines (Et si le cheval se mettait à parler)
8 ans s'étant écoulés depuis La mémoire est une chienne indocile, ample roman choral, il était vraiment temps que l'australien Elliot Perlman revienne sur le devant de la scène. La chose est faite, et bien faite, avec Et si le cheval se mettait à parler, lequel n'a sans doute pas l'ambition de son livre précédent mais se révèle malgré tout délectable pour ceux qui apprécient depuis longtemps l'auteur du brillant Ambigüités. "Je suis absolument terrifié à l’idée de perdre ce boulot que je déteste absolument", telle est la première phrase de son nouvel opus qui nous transporte dans le milieu de l'entreprise et dans celui des avocats d'affaires, des lieux féroces où tous les coups bas sont permis, commis de préférence par ceux qui détiennent le pouvoir aux dépens des moins privilégiés. Le personnage principal de l'histoire est au bout du rouleau : séparé de sa femme et de ses enfants et menacé de licenciement, jusqu'à ce que ... Le livre est une comédie assez irrésistible dont le sujet premier est pourtant le harcèlement sexuel, autant dire un thème qui n'incite pas vraiment à la plaisanterie mais ce genre de défi ne fait pas peur à l'auteur, qui s'en repait même, et s'il y avait un reproche à lui faire, ce serait sans doute de "profiter" de l'air de temps, post #MeToo. Mais Perlman a l'art et la manière de désamorcer les critiques, par le développement haletant de son récit et par l'adjonction de sous-intrigues astucieuses, du domaine du privé, qui ont le mérite d'apporter un peu de légèreté , sans compter une propension délicieuse à l'absurde, en particulier dans des dialogues assez souvent savoureux. La description du monde du travail, dont les ineffables Ressources humaines, est à la fois caustique, pertinente et très drôle, quoiqu'elle n'ait rien de spécifiquement australien, on s'en doute. Comédie de mœurs, tragédie sociale, thriller implacable et même western urbain, Et si le cheval se mettait à parler est un modèle de zeitgeist socio-économique qui permet aussi, ce n'est pas le moindre de ses atouts, de se divertir intelligemment.
L'auteur :
Elliot Perlman est né le 7 mai 1964 en Australie. Il a publié 5 livres dont Ambigüités et La mémoire est une chienne indocile.
Faites entrer l'accusé ! (Albert Black)
Faites entrer l'accusé ! Albert Black, que tout le monde appelle Paddy, 20 ans, fraîchement arrivé en Nouvelle-Zélande de Belfast, a tué un autre immigré du Royaume-Uni dans un bar. Avec ou sans préméditation, telle est la question. En 1955, le pays vient de rétablir la peine de mort et faire un exemple, face à une violence juvénile de plus en plus présente, est dans l'air du temps. Fiona Kidman, écrivaine qui ne cesse de radioscoper sa Nouvelle-Zélande natale, réussit une nouvelle fois un tour de force en évoquant tous les aspects de cette affaire emblématique d'une époque, s'attachant non seulement à son héros, mais aussi à ses parents, aux juges, à ses amis, aux jurés et même jusqu'au premier ministre néo-zélandais. C'est la chronique d'une exécution annoncée, que Fiona Kidman décrypte en sociologue, forte d'une documentation solide qui n'empêche pas la fiction de jouer son rôle, ne serait-ce que pour entrer dans la tête de ce pauvre Paddy, sacrifié pour des raisons éminemment politiques. Le style de Fiona Kidman fait comme toujours merveille : simple en apparence mais embelli par un lyrisme apaisé et un sens inné du drame sans céder au mélodrame. Suite à la parution du livre, le cas Albert Black devrait être réexaminé et sa condamnation révisée. Cela ne fera pas revenir Paddy parmi les vivants mais montre que la littérature peut aussi parfois changer (un peu) le monde, même rétrospectivement.
L'auteure :
Fiona Kidman est née le 26 mars 1940 à Hawera (Nouvelle-Zélande). Elle a publié 11 romans dont Fille de l'air et Comme au cinéma.