Sorties 2019
Indolente adolescence (Une colonie)
Globalement, Une colonie est plutôt une déception, son côté délicat et pudique se retournant en définitive contre lui, avec cette impression que faute de vouloir exprimer clairement ses intentions, plus rien n'est dit si ce n'est des banalités. On a vu mille fois ce type de chroniques du passage difficile de l'adolescence et le premier long-métrage de Geneviève Dulude-De-Celles, sans révolutionner le genre, a tout de même l'ambition de l'ancrer dans une réalité palpable, en décrivant un quotidien ^provincial avec calme, sans pour autant négliger les tensions inhérentes à l'âge ingrat. On voit bien les enjeux : l'appartenance à une communauté, avec ses codes vestimentaires et sentimentaux ; les problématiques familiales, avec la dislocation du couple des parents ; la recherche d'identité, avec le repli sur soi et la recherche d'une amitié avec des personnalités sortant des sentiers battus. S'y ajoute le thème social de la situation des populations autochtones, marginalisées voire stipendiées. Tous ces sujets, Une colonie ne fait que les effleurer, de manière indolente, à l'image de son héroïne effacée, dans une mise en scène qui se contente d'enregistrer les menus événements du récit, sans se singulariser d'aucune sorte. Le scénario, lui, se concentre sur son personnage principal et, malgré les qualités d'actrice d’Émilie Bierre, manque vraiment de densité et d'intensité.
Classement 2019 : 210/260
La réalisatrice :
Geneviève Dulude-de-Celles est née au Québec. Elle a réalisé deux courts-métrages et un documentaire.
Mon année Favorite (2019)
En tête de mon classement annuel depuis sa sortie en février, La favorite de Yorgos Lanthimos a résisté à tous les assauts pour s'imposer dans mon Top final. Le film précède La chute de l'empire américain, Proxima et Genèse, qu'on retrouve assez peu dans les bilans annuels que j'ai pu lire, à la différence de Joker et de So long, my Son qui arrivent en 5 et 6ème position dans mon palmarès. Dans mes 20 premiers, je recense la présence de 5 films français (étonnant ?), 4 américains et 2 canadiens mais aussi des longs-métrages venus de Chine, d'Espagne, d'Israël, de Corée, d'Allemagne, d'Italie, de Palestine, du Brésil et d'Algérie. Je suis évidemment très heureux de cette diversité géographique que je compte bien continuer à cultiver.
Et maintenant, place à 2020 ...
Classement 2019 :
1. LA FAVORITE
2. LA CHUTE DE L'EMPIRE AMERICAIN
3. PROXIMA
4. GENESE
5. JOKER
6. SO LONG, MY SON
7. DOULEUR ET GLOIRE
8. PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
9. THE REPORTS ON SARAH AND SALEEM
10. THE IRISHMAN
PARASITE
J'ACCUSE
SIBEL
303
DEUX MOI
LE TRAITRE
IT MUST BE HEAVEN
LA VIE INVISIBLE D'EURIDICE GUSMAO
PAPICHA
ONCE UPON A TIME ... IN HOLLYWOOD
GRACE A DIEU
BORDER
L'ANGE
LA MULE
NUESTRO TIEMPO
LES OISEAUX DE PASSAGE
COMPANEROS
CEUX QUI TRAVAILLENT
UNE VIE CACHEE
UN GRAND VOYAGE VERS LA NUIT
LE CHANT DU LOUP
LES MISERABLES
DUMBO
TOLKIEN
L'ADIEU A LA NUIT
HER JOB
LES MOISSONNEURS
EL REINO
LES ETERNELS
YULI
TEL AVIV ON FIRE
LITTLE JOE
ROSIE DAVIS
ROJO
MARTIN EDEN
UNE GRANDE FILLE
LA BELLE EPOQUE
NOURA RËVE
GLORIA MUNDI
50. PIRANHAS
DOUBLES VIES
YESTERDAY
LES DEUX PAPES
HORS NORMES
BACURAU
LA BONNE REPUTATION
LOLA VERS LA MER
LA VERITE
LE ROI
BIENVENUE A MARWEN
UNE INTIME CONVICTION
GOLDEN GLOVE
MADE IN BANGLADESH
SYMPATHIE POUR LE DIABLE
MARRIAGE STORY
DIEU EXISTE, SON NOM EST PETRUNYA
UN JOUR DE PLUIE A NEW YORK
UN MONDE PLUS GRAND
MA VIE AVEC JOHN F. DONOVAN
L'INCROYABLE HISTOIRE DU FACTEUR CHEVAL
SORRY WE MISSED YOU
GREEN BOOK
SI BEALE STREET POUVAIT PARLER
CAMILLE
CELLE QUE VOUS CROYEZ
MON INCONNUE
GLORIA BELL
TREMBLEMENTS
THE PLACE
LOS SILENCIOS
FACTORY
WORKING WOMAN
LE DAIM
IN FABRIC
JEUNE JULIETTE
BLANCHE COMME NEIGE
LE JEUNE AHMED
ROUBAIX, UNE LUMIERE
LE MARIAGE DE VERIDA
AU BOUT DU MONDE
ASTRID
NEVADA
JOEL, UNE ENFANCE EN PATAGONIE
FOLLE NUIT RUSSE
PERDRIX
COLETTE
L'INSENSIBLE
LA LUTTE DES CLASSES
YVES
100. MJOLK
VIENDRA LE FEU
90'S
CONSEQUENCES
WILD ROSE
CONTINUER
ASAKO I&II
IN MY ROOM
THE DEAD DON'T DIE
MANTA RAY
EMMA PEETERS
ET PUIS NOUS DANSERONS
BROOKLYN AFFAIRS
LE LAC AUX OIES SAUVAGES
LE MANS 66
LE GANGSTER, LE FLIC ET L'ASSASSIN
THE LIGHTHOUSE
SEULES LES BETES
MATTHIAS & MAXIME
REZA
AD ASTRA
ALICE ET LE MAIRE
SUNSET
WALTER
RICORDI ?
THE LAUNDROMAT
CHAMBRE 212
ACUSADA
MON CHIEN STUPIDE
JEANNE
FETE DE FAMILLE
JESUS
VICTOR ET CELIA
THALASSO
THE OPERATIVE
CHARLOTTE A 17 ANS
ZOMBI CHILD
FACE A LA NUIT
KOKO-DI KOKO-DA
ADULTS IN THE ROOM
OLEG
ATLANTIQUE
LA DERNIERE FOLIE DE CLAIRE DARLING
LUNE DE MIEL
AU NOM DE LA TERRE
FREEDOM
L'ARBRE DE SANG
EDMOND
SIBYL
ROCKETMAN
150. REBELLES
LA CAMARISTA
UNE PART D'OMBRE
LE VENT DE LA LIBERTE
ANNA, UN JOUR
UN COUP DE MAITRE
EUFORIA
NOTRE DAME
LILLIAN
LES ETENDUES IMAGINAIRES
LES HIRONDELLES DE KABOUL
TROIS JOURS ET UNE VIE
RETOUR DE FLAMME
L'AUTRE CONTINENT
L'ORPHELINAT
L'OEUVRE SANS AUTEUR
CAPRI-REVOLUTION
LE MYSTERE HENRI PICK
WE THE ANIMALS
LES TEMOINS DE LENDSDORF
ENTRE LES ROSEAUX
PETITE FORET
NOUREEV
PEU IMPORTE SI L'HISTOIRE NOUS CONSIDERE COMME DES BARBARES
L'HEURE DE LA SORTIE
THE OLD MAN & THE GUN
STAN & OLLIE
LA FAMILIA
COMME SI DE RIEN N'ETAIT
TERET
LA MISERICORDE DE LA JUNGLE
REVES DE JEUNESSE
GRETA
LES DRAPEAUX DE PAPIER
MY BEAUTIFUL BOY
PASSION
CONVOI EXCEPTIONNEL
DEBOUT SUR LA MONTAGNE
ALPHA THE RIGHT TO KILL
LES INVISIBLES
MATAR A JESUS
C'EST CA L'AMOUR
QUI A TUE LADY WINSLEY
VIVRE ET CHANTER
FRANKIE
LONG WAY HOME
NOS VIES FORMIDABLES
LES ENVOUTES
SERGIO ET SERGEI
ULYSSE & MONA
200. MOSKVITCH MON AMOUR
CHANSON DOUCE
L'ANGLE MORT
MAIS VOUS ETES FOUS
GIVE ME LIBERTY
TOUT CE QU'IL ME RESTE DE LA REVOLUTION
NEVER GROW OLD
UNE FILLE FACILE
MIDSOMMAR
LE CHARDONNERET
ANNA
NOUS FINIRONS ENSEMBLE
NUITS MAGIQUES
AU COEUR DU MONDE
LA FEMME DE MON FRERE
FUGUE
US
LES FAUSSAIRES DE MANHATTAN
LES EBLOUIS
VIF-ARGENT
JUST CHARLIE
STYX
RIVER OF GRASS
ROADS
DEUX FILS
DERNIER AMOUR
BOY ERASED
MARIE STUART, REINE D'ECOSSE
LES PLUS BELLES ANNEES D'UNE VIE
UN HAVRE DE PAIX
11 FOIS FATIMA
VITA & VIRGINIA
TU MERITES UN AMOUR
TERMINAL SUD
RAOUL TABURIN
CURIOSA
ARCTIC
SORRY TO BOTHER YOU
VICE
CASTING
PETRA
L'ORDRE DES MEDECINS
FORGIVEN
AYKA
AN ELEPHANT SITTING STILL
LA SAINTE FAMILLE
L'OSPITE
LE DESERTEUR
APRES LA NUIT
TANGUY, LE RETOUR
250. DUELLES
PERSONA NON GRATA
UN TRAMWAY A JERUSALEM
MEURS, MONSTRE, MEURS
CONTRE TON COEUR
SYNONYMES
SANG FROID
UN BEAU VOYOU
HER SMELL
LES PARTICULES
LES ESTIVANTS
Christ et chuchotements (Jésus)
Jésus, du débutant japonais Hiroshi Okuyama, n'a rien d'une toile de maître mais ressemble plutôt à une esquisse, chose normale considérant les 22 ans du cinéaste, au moment du tournage. Une œuvre sans doute en grande partie autobiographique, filmée à hauteur d'enfant, dont les adultes ne sont que des figures d'ordre et d'autorité. Jésus s'attache aux pas d'un jeune garçon taciturne qui découvre un nouveau lieu de vie et de scolarité et dont le rapport à la foi le confronte à des interrogations et à des espérances lesquelles pourraient bien être déçues. Le film est simple mais pas simpliste, réussissant assez bien à combiner les genres de la chronique ironique à la mélancolie jusqu'au drame, sans oublier une touche de fantastique narquoise, avec un Christ et des chuchotements. Rien d'époustouflant ni dans la mise en scène ni dans le scénario mais Okuyama maîtrise son ouvrage avec sérénité, semblant parfaitement savoir où il va. La cadre, la région de Nagano en hiver et une école catholique, ont également leur importance, assurant une certaine routine qui sera bouleversée lors de la tragédie qui viendra couper le film en deux. Il est encore trop tôt pour présumer de la carrière future du cinéaste japonais mais parier sur lui, avec sa sensibilité et sa délicatesse, n'a rien d'une hérésie.
Classement 2019 : 126/259
Le réalisateur :
Hiroshi Okuyama est né le 27 février 1996 au Japon.
Le socle de la névrose (La sainte famille)
Jean, universitaire réputé, se retrouve ministre de la Famille, alors même qu’il est perdu dans les événements qui secouent la sienne. Voilà pour le pitch de La sainte famille qui se déroule grosso modo entre deux enterrements, alors que deux naissances s'annoncent. Le film chemine de façon sinueuse entre les différents membres d'un clan pour le moins disparate et est censé nous montrer que "la famille est le socle du vivre ensemble" mais aussi "celui de la névrose", selon les propres mêmes du ministre fraîchement nommé. L'ironie est sous-jacente mais le ton du film est plutôt à la mélancolie douce avec des personnages dans l'ensemble peu développés hormis pour Jean, joué par le réalisateur Louis-Do de Lencquesaing, qui ne s'est pas privé de se donner le rôle principal, omniprésent mais au caractère un peu neutre, qui n'a pas grand chose d'attachant ni de remarquable. Il est bien dommage, quand on s'entoure d'actrices comme Marthe Keller, Laura Smet ou Léa Drucker, de leur donner aussi peu de texte à défendre. Plus grave, l'espèce de monotonie grise qui s'installe, la moitié des scènes, au moins, n'ayant pas au fond de grande utilité. Elles auraient pu être remplacées par d'autres, tout aussi anodines, sans que l'esprit du film en soit changé. Ni réellement désagréable, ni vraiment ennuyeux, La sainte famille se révèle surtout terne et sans enjeux autres que de nous donner à voir une famille dysfonctionnelle comme tant d'autres et dont les agissements et les comportements ont bien du mal à passionner.
Classement 2019 : 243/258
Le réalisateur :
Louis-Do de Lencquesaing est né le 25 décembre 1963 à Paris. Il a réalisé Au galop.
Il pleut sur la chasse à l'homme (Le lac aux oies sauvages)
Repéré avec notamment Train de nuit et l'impressionnant Black Coal, Diao Yi'nan figure parmi les cinéastes les plus prometteurs du moment. Ce que Le lac des oies sauvages ne confirme qu'à moitié tant ce polar nocturne et pluvieux se prend un peu les pieds dans le tapis, dans une stylisation extrême dont les qualités d'atmosphère ne peuvent masquer les défaillances d'un scénario principalement répétitif et contemplatif. Qu'il y règne une certaine opacité dans son récit, ce n'est pas si grave, c'était aussi le cas dans Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan mais ce dernier avait pour lui un côté onirique assez fascinant (pas pour tout le monde, évidemment) qu'on ne trouve pas dans Le lac des oies sauvages. L'aspect romanesque, voire romantique du film est sous-jacent mais s'efface devant l'architecture alambiquée et pas si originale que cela de la trame policière, malgré le talent certain du metteur en scène, qui semble d'ailleurs en être un peu trop conscient. La virtuosité du film a quelque chose d'un peu gratuit dans cette chasse à l'homme qui n'est pas loin de tourner en rond et même à vide, loin d'égaler son modèle revendiqué, M le maudit de Fritz Lang.
Classement 2019 : 108/257
Le réalisateur :
Diao Yi'nan est né en 1969 à Xi'an (Chine). Il a réalisé Uniforme, Train de nuit et Black Coal.
Une mère cinglante (La vérité)
Après Kiyoshi Kurosawa et une expérience désastreuse (Le secret de la chambre noire), au tour du palmé Hirokazu Kore-eda de se lancer dans un tournage français avec notamment Deneuve et Binoche. Sans être son meilleur film, loin de là, La vérité reste typique du cinéaste japonais, plutôt lent au démarrage mais de plus en plus enthousiasmant à mesure du déroulement de l'intrigue, avec quelques jolies scènes sur la fin, toutes empreintes de subtilité et de poésie. Il s'agit une fois encore "d'une affaire de famille" et plus particulièrement d'une relation complexe entre mère et fille, la première, actrice de son état, se caractérisant par une mauvaise foi systématique, un caractère difficile et un égocentrisme forcené. La vérité intègre avec bonheur l'histoire d'un tournage dans le film qui en dit long sur la compétition entre actrices, y compris avec une défunte. Moments traités avec la finesse coutumière de Kore-eda, entre méchanceté et tendresse. Évidemment, dans le rôle de cette comédienne arrogante et un peu fêlée (dans tous les sens du terme), Catherine Deneuve est impériale, jubilant véritablement à jouer ce personnage autoritaire et cinglant. Juliette Binoche apparait comme un peu en retrait et c'est la jeune Manon Clavel, à la voix envoûtante, qui se révèle, encore inconnue mais vraisemblablement plus pour très longtemps.
Classement 2019 : 58/256
Le réalisateur :
Hirokazu Kore-eda est né le 6 juin 1962 à Tokyo. Il a réalisé 14 films dont Nobody knows, Après la tempête et Une affaire de famille.
Points cardinaux (Les deux papes)
Perdu de vue depuis quelques années, le cinéaste brésilien de La cité de Dieu, Fernando Meirelles, revient avec Les deux papes, dont le scénario et le casting prestigieux auraient mérité une exposition dans les salles françaises, comme c'est le cas dans plusieurs pays. Tant mieux pour les abonnés de Netflix qui auront pu en quelques semaines voir les derniers Scorsese, Michôd et Baumbach, excusez du peu. Les conversations imaginaires entre un pape sur le point de renoncer à sa charge (Benoît XVI) et son futur successeur (François) constituent le plan de résistance d'un film qui utilise avec intelligence images d'archives et dialogues plausibles, eu égard à la personnalités des deux souverains pontifes. Et si Les deux papes est passionnant, c'est qu'il n'est pas qu'objet à rhétorique, traçant des portraits on ne plus sensibles d'hommes marqués par leur passé et leurs remords, en Allemagne et en Argentine, au temps des dictatures. Cependant, le film est beaucoup plus proche du pape actuel, revenant sur son passé quitte à prendre quelques libertés avec son histoire, et cette empathie se sent aussi dans le jeu de Jonathan Pryce, beaucoup plus libéré que celui d'Anthony Hopkins. L'affrontement entre deux visions de l’Église qui s'opposent diamétralement, comme deux points cardinaux, c'est le cas de le dire, nourrit la première partie du long-métrage, permettant de survoler les principaux thèmes de friction qui agitent toujours la communauté catholique. Mais le film est surtout réussi par son évolution vers la compréhension qui finit par se faire jour entre les deux papes, avec l'écoute qu'ils finissent par s'accorder, en dépit de leurs désaccords fondamentaux. L'aspect rigoureux du film, qui lui donne parfois une certaine sécheresse, est heureusement contredit parfois par la mise en scène, la musique et l'humour, caractérisé par une poignée de scènes savoureuses (la pizza, le football, la réservation d'un vol). L'occasion de montrer qu'au delà de ses sérieuses prérogatives, un pape n'en est pas moins un homme (presque) comme les autres.
Classement 2019 : 53/254
Le réalisateur :
Fernando Meirelles est né le 9 novembre 1955 à Sao Paulo. Il a réalisé 8 films dont La cité de Dieu, The Constant Gardener et Blindness.
Horizon bouché (Au cœur du monde)
Contagem, ville périphérique de Belo Horizonte. L'horizon, justement, est particulièrement bouché pour ses habitants des quartiers populaires, sans grand espoir d'atteindre le "cœur du monde", soit une autre vie, moins précaire et plus digne. Dans ce film choral, Gabriel et Maurilio Martins parlent de gens qu'ils connaissent bien, proches de ceux avec lesquels ils ont grandi, ce qui donne à Au cœur du monde une authenticité certaine, renforcée par le travail sur la bande sonore qui donne l'impression d'une immersion totale. Le film est sincère, brutal et politique mais sa narration semble malgré tout erratique, les événements s'enchaînant dans une sorte de désordre qui dessert son propos. C'est encore plus vrai dans sa dernière partie, quand le long-métrage se transforme en thriller, avec un braquage dont on a du mal à saisir tous les tenants et les aboutissants. La forme collective du film qui ne donne la vedette à aucun personnage en particulier participe de sa force de conviction mais contribue dans le même temps à disperser l'attention avec un côté foisonnant qui dilue l'émotion qui devrait être suscitée. Une deuxième vision du film contribuerait sans doute à davantage l'apprécier tant il y a là une frustration agaçante à ne pas pouvoir s'impliquer plus et à ressentir la tension ambiante.
Classement 2019 : 200/253
Les réalisateurs :
Maurilio Martins et Gabriel Martins sont nés en 1978 et 1987, au Brésil. Ils ont réalisé 4 courts-métrages.
Une odeur de rôti (Après la nuit)
Une question reste en suspens jusqu'au bout d'Après la nuit, premier long-métrage du roumain Marius Olteanu : d'où vient donc l'odeur de rôti qui flotte autour de l'appartement du couple "vedette" du film. Plus sérieusement, hormis cette énigme accessoire, le film se caractérise par une prétention formelle (format carré, division en 3 segments chapitrés) que contredit un scénario d'un intérêt très limité. D'une certaine manière, Après la nuit pourrait être une satire du cinéma roumain, quand on s'attarde sur certaines de ses constantes, mais encore eût-il fallu qu'il possède un minimum d'humour, ce qui est loin d'être le cas. Son interminable première partie, constituée d'un dialogue entre une jeune femme à moitié hagarde et un chauffeur de taxi à demi compatissant, donne le ton avec ses dialogues anodins et ses lenteurs exagérées. Rien ne viendra ensuite provoquer le moindre émoi autour du vague thème du vivre ensemble sous la pression sociale. Les deux personnages principaux, qui ne sont pas à plaindre, étant donné leur niveau de vie, ne suscitent aucune sympathie et leurs problèmes existentiels ne méritaient assurément pas qu'on leur consacre un scénario.
Classement 2019 : 240/252
Le réalisateur :
Marius Olteanu est né le 15 juillet 1979 à Bucarest. Il a réalisé 5 courts-métrages.
Oraison allègre (Emma Peeters)
Emma Peeters a décidé de se suicider le jour de ses 35 ans. Cette actrice d'origine belge a été incapable de s'imposer à Paris et elle ne voit pas d'autre option dans l'immédiat. Qu'on se rassure, le film de Nicole Palo est une comédie qui louvoie entre humour noir, mélancolie et sens de l'absurde. Le ton est vif, les dialogues bien balancés et le rythme assuré. Ce qui est dommage, c'est que le scénario est un peu mince et que sa progression est cousue de fil blanc. De plus, les seconds rôles n'y sont guère étoffés et sont porteurs de clichés que l'on devrait pouvoir éviter (les coiffeurs homos, les parents péquenauds). Oui, mais voilà, l'interprète principale d'Emma Peeters, quasi présente en continu, c'est la merveilleuse Monia Chokri. On l'a vue meilleure encore chez Dolan, notamment, mais elle a l'occasion ici de faire feu de tous bois et c'est un régal pour ceux qui l'aiment, évidemment. Grâce à elle et à quelques scènes divertissantes, on passe plutôt un moment agréable devant ce film sans prétention. Pour une oraison allègre.
Classement 2019 : 104/251
La réalisatrice :
Nicole Palo est née en 1977 à Bruxelles. Elle a réalisé Get Born.