Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Sorties 2013


La jeunesse porte un message d'espoir (Wajma, une fiancée afghane)

Malgré la quasi homonymie, Wajma (une fiancée afghane) n'est en rien la grande cousine de Wadjda, la saoudienne. Et il faut se méfier de notre prisme occidental qui a tendance à tout condamner, voire mépriser, à l'aune de nos propres valeurs. Le film de Barmak Akram est somme toute une histoire simple : d'amour d'abord, qui prend une autre ampleur quand que ses fruits deviennent concrets. Dans Wajma, le réalisme des situations vous prend à la gorge. Même si le film manque de moyens, sa mise en scène est loin d'être pâle et les interprètes excellents. Akram dresse un tableau remarquable de la société afghane, laquelle, marquée durablement par la guerre, reste coincée entre une modernité qui s'affirme et des traditions qui perdurent. Et c'est la jeunesse qui commence à faire bouger les lignes. Dans ce film dramatique, c'est le message d'espoir qui s'impose, même s'il reste encore ténu.

 

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08/05/2014
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Entre quatre murs gris (Room 514)

Une suite d'interrogatoires au sein de la police militaire israélienne. Entre quatre murs gris avec la même enquêtrice (l'actrice est formidable) bien décidée à faire éclater une vérité pas très glorieuse pour l'armée du pays. Le dispositif de Room 514 est minimal, un huis-clos à peine coupé par plusieurs scènes de bus. Tension extrême amplifiée par une mise en scène charnelle, au plus près des visages. Et quelques moments de douceur et d'humour. Le sujet et son traitement tiennent finalement plus du théâtre que du cinéma. Le film n'en reste pas moins fort, témoignant du malaise d'une société de plus en plus malade et clivée face au "problème" des Territoires Occupés.

 

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17/03/2014
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Comme une humeur qui passe (I used to be darker)

Petite chronique de Baltimore, I used to be darker diffuse son petit charme mélancolique sans avoir l'air d'y toucher. Un couple qui se sépare, une nièce qui débarque sans crier gare, enceinte et déprimée. Le tout sur fond de musique folk, des morceaux joués live dont les paroles expriment mieux que des dialogues la difficulté de vivre ensemble, l'ouverture aux autres et ses propres anxiétés. Rien de spectaculaire dans ce dernier film de Matthew Porterfield, moins documentaire que son précédent, Putty Hill, mais toujours spontané et tristounet comme un automne pluvieux. Le film est attachant et assez rapidement oubliable, comme une humeur qui passe et s'efface.

 

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01/02/2014
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Une génération sans illusions (Mort à vendre)

Etre jeune aujourd'hui, au Maroc, comme dans tout le Maghreb, cela rime forcément avec aucun espoir. Pour une fois, il ne s'agit pas dans Mort à vendre (d'où sort ce titre ?) de rêves d'émigration mais bien du quotidien et de la débrouille obligée, un peu comme dans Casanegra, Tetouan prenant ici la place de Casa. Bensaïdi a tourné un film noir qui rend bien compte de la pression sociale, de la tentation délictueuse et surtout de l'impuissance d'une génération sans illusions. Il y a pas mal de maladresses et de défauts d'interprétation dans ce troisième long-métrage du cinéaste. Mais aussi une rage et un tempo soutenu qui méritent de s'y arrêter un instant.

 

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05/01/2014
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Deux têtes brulées (Rush)

Mais oui, il y a eu bien d'autres rivalités en Formule 1 avant l'époque de Senna et Prost. Celle de James Hunt, le playboy britannique, et de Niki Lauda, le méthodique et froid autrichien, a connu son acmé durant la saison 1976. Grâce soit rendue à Ron Howard d'avoir su peindre de façon aussi réaliste et palpitante ce duel de géants trompe-la-mort. La dramaturgie réelle l'a beaucoup aidé. Le scénario était déjà écrit dans les faits avec ces rebondissements incessants et le tragique accident de Lauda en pleine course, qui le laissa défiguré. Si Hunt était une tête brulée, le pilote autrichien le devint au sens propre. Doté d'un tempo infernal, rythmé par les courses, Rush décoiffe en permanence, gorgé d'adrénaline. Que cela ne fasse pas oublier le travail époustouflant des deux acteurs, Chris Hemworth et Daniel Brühl, éclatants de vérité tous les deux. On tient là l'un des tous meilleurs films jamais réalisés sur l'univers impitoyable des courses automobiles.

 

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30/12/2013
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Extravagant, énorme, démesuré (Le loup de Wall Street)

A 71 ans, Martin Scorsese, qui n'a plus rien à prouver (si ce n'est à lui-même ?), aurait pu signer un film tranquille et gentil comme son Hugo Cabret. Moyennant quoi, avec Le loup de Wall Street, le voici qui se lâche totalement, outrepasse les limites du bon goût et réalise une véritable bombe cinématographique qui ferait passer Tarantino ou Oliver Stone pour des auteurs de bluettes. Enorme, excessif, démesuré, extravagant, ce portrait d'un courtier en bourse qui ne vit que pour l'argent, la drogue et les femmes. A côté, les gangsters des Affranchis ont presque l'air de garçons en culottes courtes. Cynisme et cupidité à tous les étages, Scorsese se délecte des dérives outrancières et scandaleuses de son "héros" sans morale, si ce n'est celle du plaisir. Il y a dans Le loup de Wall Street une bonne demi-douzaine de scènes d'anthologie dont la mise en scène épouse les contours avec une virtuosité sidérante. Dans cette symphonie fantastique, Leonardo DiCaprio repousse lui aussi ses limites. Il est gigantesque, mêmes ceux qui ont toujours émis des doutes sur son talent ne pourront qu'en convenir. De très bons seconds rôles le secondent, la plupart 'inconnus au bataillon excepté Matthew McConaughey, dévastateur, et notre Jean Dujardin, hilarant. Scorsese a remis les pendules à l'heure : le plus grand metteur en scène américain vivant, c'est bien lui.

 

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28/12/2013
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Turbulences d'enfance (Mon bel oranger)

Zezé est un enfant pauvre, battu, turbulent et rêveur. Même sans connaître le célèbre livre de Vasconcelos dont il est adapté, on devine la fidélité du film de Marcos Bernstein au texte et à son esprit. Et sa prudence, aussi, pour éviter le mélodrame. Du coup, Mon bel oranger est parfois trop esthéthisant et onirique, bien plus convaincant quand il revient au réalisme. On pense, un peu, au Truffaut des 400 coups et à Comencini, maître toutes catégories des oeuvres liées à l'enfance. Malgré ses défauts, Mon bel oranger séduit par sa tendresse et sa reconstitution léchée d'un coin déshérité de la province du Minas Gerais. L'émotion l'emporte sur la niaiserie qui menace parfois, très largement.

 

Mon bel oranger est sorti en salles le 21 août. Il est disponible en VOD.

 

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28/12/2013
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Dans une fausse alacrité (2 automnes 3 hivers)

Non, Sébastien Betbeder n'est pas le nouveau Klapisch et son portrait générationnel (les trentenaires), dans 2 automnes 3 hivers, ne vise pas au constat définitif et bien ordonné. Tout au contraire, le propos est bien plus modeste, rafraichissant de par cette humilité même, mélangeant habilement éléments de la Nouvelle Vague (récit raconté par les différents personnages face camera) et air du temps présent. Le film est ouvertement intellectuel, et principalement littéraire, chapitré et cadencé comme un roman. Vu le nombre de références citées, de Tanner à Koh Lanta, en passant par Michel Delpech, 2 automnes 3 hivers prend le risque de s'engoncer dans un récit impersonnel. C'est tout l'inverse qui se produit tant le film est aéré, libre de toutes contraintes, se frayant son chemin avec une alacrité trompeuse, en n'oubliant ni l'humour, ni la poésie, ni l'onirisme. Une banale comédie romantique sur le papier qui se transforme en une oeuvre mélancolique en cours de route, toute infusée de tristesse et d'incertitudes quant au choix de vies qui s'offrent à chacun de nous. Dans ce contexte, le grand Vincent Macaigne trouve un rôle à sa mesure, aussi décoiffant que sa coupe de cheveux, au sein d'une interprétation globalement excellente.

 

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27/12/2013
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Délicatesse et fluidité (Tel père tel fils)

Une trame identique à celle de La vie est un fleuve tranquille sur laquelle Koreeda brode une tapisserie faite de délicatesse, de douceur et de cruauté, toutes les nuances regroupées dans un récit d’une linéarité et d’une fluidité que maîtrise parfaitement le cinéaste japonais. Dans tel père tel fils, Koreeda interroge les notions de cellule familiale, de paternité et de maternité, avec un réalisme jamais pesant, bien au contraire. Il reste un directeur d’acteurs hors pair notamment vis-à-vis des enfants, en digne héritier d’Ozu. Humanisme, clarté de l’exposition, humour discret, le réalisateur confirme son statut de très grand. Chez lui, le sujet importe, certes, mais c’est le style et l’impulsion qu’il lui donne qui font tout le prix de ses œuvres. Comme des miniatures raffinées et amoureusement dessinées.

 

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24/12/2013
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Machine pyrotechnique (Le Hobbit : La désolation de Smaug)

Le Hobbit : La désolation de Smaug est aussi spectaculaire que fondamentalement lisse. Spectaculaire parce que Peter Jackson a mis le paquet côté action. Des bagarres à n'en plus finir : nains contre elfes, nains contre orques, elfes contre orques, nains contre dragon. On en a oublié ? La machinerie pyrotechnique est au point, le film crache le feu, on ne va pas lui dénier ces qualités-là. N'empêche que ce second Hobbit a tendance à tirer à la ligne et à s'étirer plus que de raison, multipliant les péripéties comme si le but ultime était d'atteindre la durée des 3 heures. Paradoxalement, le film est lisse, quasi insipide dans un approfondissement proche du néant des personnages. On n'est pas là pour ça ? Mais pour en prendre plein les yeux ? Mais pardon, divertissement ne signifie pas obligatoirement absence de développement des caractères. A l'extrême limite, on se fiche un peu de ce qui peut arriver à nos héros, sachant qu'ils seront bel et bien là dans le troisième épisode. Question empathie : zéro pointé. Et le caractère ludique a aussi largement disparu au profit d'un sérieux parfois professoral (les dialogues sont sans saveur). Evidemment, il n'y a plus le bonheur de découvrir un univers nouveau. La désolation de Smaug reprend la même recette que le premier Hobbit et lui adjoint une bonne dose de grand huit en plus. Mais de supplément d'âme, nullement.

 

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21/12/2013
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