Western organique (La dernière piste)
Le cinquième film de Kelly Reichardt, le second consécutif avec la toujours remarquable Michelle Williams, est un western. Choix surprenant, pour une réalisatrice qui aime à évoquer des destins individuels davantage qu'à intégrer la notion de groupe, en l'occurrence des "pionniers" en route vers l'ouest ? Oui, mais finalement, non. Le western est un genre majeur qui, au-delà de ses codes, permet à un metteur en scène de le modeler à son propre univers et de lui donner un style, comme une marque de fabrique. La dernière piste n'est pas autre chose pour la cinéaste, une occasion de peaufiner sa manière, si particulière, et, tout en restant fidèle aux fondamentaux du western, de lui fabriquer une forme, rarement, si ce n'est jamais vue. Un film lent et contemplatif, diront ses détracteurs. Certes, c'est exact, mais cette austérité et cette exigence nous offrent un film organique, proche de la nature, plus dans une veine mystique que mythique, avec un refus catégorique du spectaculaire. Kelly Reichardt a choisi les paysages plats de l'Oregon, plutôt que ceux, plus évidents, de l'Arizona ou du Nouveau-Mexique. Leur nudité et leur sécheresse contribuent à accentuer l'impression d'isolement et de perdition de cette petite troupe, d'où émergent peu à peu des figures fortes de femmes (encore un aspect peu traité dans les westerns classiques, hormis dans l'excellent Convoi de femmes de Wellman). Une communauté perdue en plein désert et un étranger auquel elle doit confier son destin. La fin du film est ouverte, elle n'en est que plus belle.
A découvrir aussi
- Pédalage dans la semoule (Le gamin au vélo)
- Education sentimentale d'un passionné introverti (J'aime regarder les filles)
- Contamination artificielle (Contagion)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres