Pédalage dans la semoule (Le gamin au vélo)
Beaucoup d'analystes ont noté, à juste titre, que Le gamin au vélo est le film le moins noir, ou le plus tendre, si l'on préfère, des frères Dardenne. En revanche, ce qui est moins souligné, c'est qu'il s'agit de leur scénario le moins abouti et qui pêche, au moins en deux endroits, par des incohérences ou, autrement dit, par des facilités gênantes qui rendent le récit peu crédible dans son déroulement. Primo, quand Cécile de France (impeccable, par ailleurs) accepte d'accueillir ce gosse à problèmes sans l'ombre d'une hésitation. Dans leur cinéma social, le duo belge n'aime généralement pas s'embarrasser de considérations psychologiques, mais là, l'ellipse est un peu grosse. Secundo, quand le gamin en question, démon sympathique et fragile, obnubilé par l'image du père, après avoir commis une grosse connerie, devient soudain un ange sage comme une image voguant vers un happy end pas très convaincant. Pour le reste, on y retrouve l'univers habituel des Dardenne, avec quelques moments de vérité qui renvoient au cinéma de Pialat, avec une image plus que lumineuse que d'ordinaire et une utilisation nouvelle de la musique, surprenante et pas spécialement bienvenue. Paradoxalement, leur film le plus optimiste depuis leurs débuts est peut-être bien également leur moins achevé. Ce gamin au vélo ne pédalerait-il pas un peu dans la semoule ? La preuve : il n'a pas obtenu la Palme d'or à Cannes, seulement le Grand prix du jury (oups).
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