Cinéphile m'était conté ...

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Vu à Alès (8)

En attendant la nuit de Céline Rouzet

Céline Rouzet, la réalisatrice d'En attendant la nuit, ne s'en cache pas : son premier long-métrage de fiction est inspiré par son vécu, un drame passé qui l'a touchée au plus près. En choisissant comme personnage central un vampire d'aujourd'hui, elle parle tout simplement de la différence ou du handicap, tout en l'intégrant à un contexte familial protecteur, autrement dit les liens du sang, dans une double acception. De ce point de vue-là, le film fonctionne plutôt bien avec une interprétation convaincante, à commencer par celle du débutant Mathias Legoût Hammond. Mais à son aspect de cinéma de genre, la réalisatrice ajoute de nombreux éléments habituels des Teen Movies, qui servent de déclencheur de situations dangereuses mais qui, dans le même temps, atténuent quelque peu la force de frappe du récit. Le mélange des genres est en soi un risque et il faut une certaine maturité pour le maîtriser, y compris dans des dialogues pas assez mordants et qui constituent très vraisemblablement le principal point faible d'En attendant la nuit. Mais les défauts du film et notamment son incapacité à passer la vitesse supérieure ne doivent pas masquer, même si cela peut paraître paradoxal, ce qu'il y a de prometteur dans la mise en scène et l'écriture de Céline Rouzet, pour qui ce film était une occasion de se faire les dents.

 

En boucle de Junta Yamaguchi

C'est à croire que le thème des boucles temporelles devient une spécialité japonaise, puisqu'après Comme un lundi, le judicieusement nommé "En boucle" s'amuse de nouveau avec un phénomène qui, pour corser l'affaire, intervient cette fois-ci toutes les deux minutes, comme si le temps butait sans cesse sur un obstacle invisible. Un véritable exercice de style, mis en images par Junta Yamaguchi, en un lieu unique, une auberge de campagne au plus profond du Japon. Un film, basé sur la répétition, qui réussit à ne pas lasser mais qui, au contraire, surprend sans arrêt par son inventivité et son sens de l'absurde, le pari insensé est relevé haut la main, en dépit de quelques chutes de tension compréhensibles. Le jeu des comédiens, passablement outré, convient parfaitement à ce petit théâtre de l'insolite, avec des personnages plus ou moins azimutés auxquels on s'attache forcément car l'on compatit de les voir ainsi coincés dans ces deux minutes qui se répètent à l'infini. La résolution finale de ce mystère est énorme mais nullement dérangeante car appartenant à un état d'esprit malicieux et ludique. L'idée de départ pourrait d'ailleurs être reprise avec de nouvelles variations et l'on serait vraiment curieux de voir ce qu'un réalisateur français, un Hazanavicius, par exemple, pourrait tirer d'un tel argument.

 



01/04/2024
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