Les tribulations d'un cinéphile à La Rochelle (5)
Scènes 13 à 16 :
Vive Super Mario !
Mi-parcours : 16 films vus sur les 30 pressentis (selon les organisateurs et la police). Trop tôt pour tirer un bilan d'autant que la journée de mardi fut marquée par une merveille, de Mario Monicelli, et par 3 films en avant-première globalement insatisfaisants.
Magnifiquement restauré, Larmes de joie, un Monicelli méconnu et rare de 1960, est une comédie-pépite qui rend euphorique. Le scénario est écrit au millimètre (Moravia est dans le coup), l'interprétation de La Magnani, Toto et Ben Gazzara est royale, et les situations cocasses s'enchaînent sans un instant de répit avec des dialogues où les couches d'humour se superposent façon rasage triple lame, comme dans un Blake Edwards ou un Billy Wilder. On y fou rit à moult reprises et on dénombre une bonne dizaine de scènes d'anthologie dont une, hilarante, est située à la fontaine de Trevi, clin d'oeil malicieux à La dolce Vita de Fellini, sorti peu de temps avant. Pour les connaisseurs de Monicelli, le film est à ranger au firmament de la carrière du réalisateur, sans doute même au-dessus du Pigeon, à la hauteur de La grande guerre. Vive Super Mario !
Le film argentin Trois soeurs (sortie le 18 juillet) et le chilien De jueves a domingo (sortie indéterminée) ont plus d'un point commun. Ce sont des premiers longs-métrages, très "auteurisants", destinés au public des festivals plus qu'à celui de leurs pays respectifs. Et ils souffrent des mêmes défauts : le choix de se passer d'une intrigue consistante au profit d'une ambiance générale, une mise en scène souffreteuse, une monotonie qui lasse. Trois soeurs, de Milagros Mumenthalter est un huis-clos dans une maison bourgeoise centrée sur les relations complexes entre ces trois jeunes femmes qui viennent de perdre leur grand-mère. Quid des parents ? Mystère et boule de gomme. Quelques scènes créent un climat étrange, dans leurs rapports avec les hommes, notamment, mais rien de plus à se mettre sous la dent. De jueves a domingo, de Dominga Sotomayor, se déroule en grande partie à l'intérieur d'une voiture, en compagnie d'un couple et de leurs jeunes enfants. Le road-movie est cahoteux, pas réellement ennuyeux, pas excitant non plus. Faute d'enjeux véritables, on finit par se désintéresser de l'affaire.
Pour finir, un film tibétain, denrée plus que rare, symbolisé par l'hommage rendu par le festival au cinéma de Tema Pseden, son réalisateur le plus représentatif. Faute d'avoir toutes les informations en mains, notamment la liberté de manoeuvre de Pseden face au pouvoir chinois, il est difficile de juger Old Dog, tourné en 2011. Si ce n'est que, malgré un scénario fruste, une interprétation sans relief et des moyens financiers visiblement limités, le film a quelques qualités, à commencer par sa mise en scène, loin d'être ridicule, en dépit de quelques coquetteries, et se laisse voir aimablement. On n'y trouve rien de touristique, bien au contraire, avec une vision du monde rural et des petites villes qui ne donne pas envie d'y faire un séjour. Avec ses terrains vagues et ses rues boueuses, on est à mille lieux des clichés exotiques tibétains, même si des plans pastoraux viennent égayer l'ensemble. Une vraie curiosité cinématographique, à dire vrai.
Demain, une journée "petit bras" avec seulement deux films. Un Teuvo Tulio et le dernier Ulrich Seidl, présenté à Cannes. Et peut-être une des sorties "normales" du mercredi, To Rome with Love ou Summertime, par exemple (pour Holy Motors et Inside, c'est déjà fait)
A suivre, au fil(m) de l'eau.
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