Une orchidée de fer (The Lady)
"Une orchidée de fer", c'est ainsi qu'un journaliste a qualifié Aung San Suu Kyi, Suu pour les intimes, prix Nobel de la paix, opposante acharnée à l'abominable junte birmane. Que Luc Besson s'empare de son histoire laissait craindre le pire. L'hagiographie pointait le bout du nez et le grand spectacle allait sans doute prendre la place de la réflexion historique. On avait raison, mais en partie seulement. Constamment, The Lady navigue entre deux visions, celle politique dans le contexte birman assez grossièrement traité, à vrai dire, et celle intime de cette femme séparée du père de ses enfants, assignée à résidence et qui doit se déterminer entre l'isolement, pas choisi mais nécessaire pour continuer la lutte, et le départ vers l'Angleterre, synonyme d'exil définitif, alors même que son compagnon se meurt d'un cancer. C'est ce dilemme qui intéresse Besson, davantage que le combat contre les forces obscures de l'armée. Choix contestable, que le cinéaste assume totalement et qui passe par une mise en scène lissée, aux portes de l'académisme. Cependant, pour ceux qui estiment que Suu est une "héroïne" à la mesure d'un Mandela, le film a un aspect didactique, la Birmanie pour les nuls si on veut être trivial, qui est loin d'être inutile, à commencer par la lumière projetée sur le père de Suu, héros de l'indépendance et lâchement assassiné en 1947, dont sa fille a repris le flambeau. Enfin, comment ne pas saluer la stupéfiante interprétation de Michelle Yeoh qui trouve là le rôle d'une vie. Alors que les choses semblent enfin bouger dans le bon sens en Birmanie, avec toute la prudence requise quand on connait l'incroyable esprit retors des dirigeants du pays, The Lady, en dépit de ses défauts, a le mérite de faire le portrait d'une femme indomptable et admirable à laquelle tout être épris de liberté sur cette planète devrait penser chaque jour.
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