Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Une missions et des compromissions (L'exercice de l'Etat)

Ces noms-là, on ne les attendait pas du tout au générique d'un film tel que L'exercice de l'Etat : Pierre Schoeller, le réalisateur de Versailles et les frères Dardenne, co-producteurs. Mais après tout, ces derniers n'ont-ils pas finalement réalisé que des films politiques, à leur manière ? Bien mieux que La conquête ou Pater, pour ne citer que des exemples récents, L'exercice de l'Etat nous plonge dans les cercles du pouvoir avec un réalisme sidérant. La bonne idée est d'avoir choisi un ministre lambda, celui des transports, plutôt qu'un Premier ministre ou un président. Au coeur d'une réforme qui lui est imposée, comment va réagir ce pion dans une stratégie sur laquelle il n'a pas prise ? Ce n'est pas seulement le pouvoir qui intéresse Schoeller, ce sont les hommes de pouvoir, voir de quel métal ils sont faits, comment ils sont à la merci de conseillers plus ou moins avisés : le dircab, la dircom etc, ils sont tous là, dans l'ombre, tirant les ficelles à l'occasion. Un immense jeu de rôles et d'influence qui est mis en scène de façon virtuose par le réalisateur. Le travail sur la bande son, métallique et incongrue, est impressionnant. Le film, à plusieurs moments, se fait silencieux, moments de suspension alors que le rythme est effréné tout du long. C'est fébrile, haletant, palpitant, comme un bon vieux thriller. Ajoutez à cela des dialogues percutants et une poignée de scènes oniriques qui désarçonnent. Et surtout, au beau milieu du film, un dérapage (dans tous les sens du terme) incroyable qui vous cloue au mur. Et le fond dans tout cela ? Il est bien présent, avec une pointe de cynisme sur ces hommes chargés de missions qui cèdent aux compromissions. Le film brouille les pistes : le pouvoir dont il est question est-il de gauche ou de droite ? On peut se faire sa petite idée, mais elle est loin d'être avérée à coup sûr. Gourmet joue son rôle avec gourmandise, la sympathie que l'on éprouve généralement pour l'acteur et son physique passe-partout permettent de nuancer le portrait de ce ministre, foncièrement honnête et qui n'est pas du sérail. Michel Blanc est lui magnifique, et les seconds rôles, dont Zabou Breitman, sont au diapason. Outre sa forme, ce que l'on apprécie dans L'exercice de l'Etat, c'est son absence de démagogie ou de poujadisme facile, du genre, bof, ce sont tous des pourris. La réalité est bien plus complexe et le film aussi. Chapeau pour la démonstration !

 




26/10/2011
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