Une innocence conditionnée (Lore)
Un sujet original, qu'on a rarement vu traité sur les écrans : comment les enfants des élites nazies ont vécu la fin de la guerre et des croyances qui gouvernaient jusqu'alors leur existence. En s'attachant aux pas de Lore et de ses jeunes frères et soeurs, seuls sur les routes allemandes et dans la Forêt Noire, Cate Shortland nous oblige à nous mettre dans la peau de personnages dont l'innocence n'est que partielle, conditionnés depuis leur naissance à vénérer le Führer et dans le déni de l'extermination juive. Le pari gonflé de la réalisatrice tient trente minutes tout au plus. En introduisant d'autres éléments, comme l'éveil à la sensualité de son héroïne (remarquable travail de Saskia Rosendahl, soit dit en passant), mais surtout en produisant des images hyper léchées, le film va à l'encontre de son propos et en atténue la force. Lore devient un road movie de plus en plus mélodramatique, la rencontre avec un garçon juif aux manières frustes interrogeant même sur la portée réelle du message. L'esthétisme outré du film, son alliance d'images bucoliques et de scènes horribles, le desservent totalement et lui ôtent une grand partie de son intérêt.
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