Quatre pas avec Thorold Dickinson
Cinéaste méconnu, pour ne pas dire oublié, Thorold Dickinson mérite d'être découvert.
Gaslight, 1940
Un couple s'installe au 12 Pimlico Square, à Londres, dans l'appartement où une vieille femme a été assassinée, 20 ans plus tôt. Première adaptation d'une pièce anglaise, le Gaslight de Thorold Dickinson a largement été eclipsé par la version de George Cukor. Une injustice pour le cinéaste britannique dont on semble commencer à redécouvrir la filmographie. Ce Gaslight est un film oppressant, tenant entièrement dans l'emprise qu'un homme a sur son épouse, qu'il pousse à bout pour ébrécher sa santé mentale. Certaines scènes sont un peu appuyées et l'ensemble est plus direct que chez Cukor mais l'interprétation de l'autrichien Anton Walbrook est saisissante. On peut aussi y voir, au-delà de son caractère de thriller d'angoisse, une évocation assez juste de la condition féminine en Angleterre, à l'époque victorienne.
La reine des cartes (The Queen of Spades), 1949
A Saint-Petersbourg, un officier cherche à obtenir le secret d'une vieille comtesse qui a vendu son âme au diable en échange du pouvoir de gagner aux cartes. La dame de pique de Pouchkine a fait l'objet de plusieurs adaptations en Russie, Allemagne et France. La version de Thorold Dickinson est particulièrement réussie pour son atmosphère angoissante et fantastique mais piétine un peu en termes de narration, sachant que l'oeuvre de Pouckine est simplement une nouvelle. On peut donc lui préférer l'adaptation de Fedor Ozep, qui accorde davantage de temps à la comtesse. D'autant qu'Anton Walbrook, si remarquable dans Gaslight, du même Thorold Dickinson, semble ici un tantinet moins inspiré.
Secret People, 1952
Deux jeunes filles d'Europe centrale sont contraintes de quitter leur pays pour se réfugier à Londres, loin de la menace dictatoriale qui a coûté la vie à leur père. Sept ans plus tard, l'une d'elles retrouve à Paris son premier amour. Et c'est ainsi que débute une histoire assez abracadabrante d'embrigadement et de terrorisme, qui peut rappeler, de loin, L'homme qui en savait trop d'Hitchcock. Thorold Dickinson montre son talent de réalisateur mais peine à rendre crédible un récit qui s'engouffre dans le mélodrame. Serge Reggiani est pourtant excellent en parfait salaud, prêt à tout pour sa cause et Valentina Cortese plutôt émouvante en femme déchirée. Quant à Audrey Hepburn, elle n'a qu'un petit rôle où elle démontre surtout son talent de danseuse. C'est en voyant ses essais pour le film que William Wyler décida de l'engager pour Vacances romaines.
La colline 24 ne répond plus (Giv'a 24 Eina Ona), 1955
En 1948, quatre volontaires se positionnent sur une colline près de Jérusalem, juste avant une trêve pendant la guerre d'indépendance. Premier long métrage produit en Israël, le film a été présenté au Festival de Cannes 1955. C'est aussi le dernier long-métrage de Thorold Dickinson et certainement pas son meilleur car trop inégal et marqué par son aspect propagandiste. Via plusieurs flashbacks, le film revient sur la fin du mandat britannique en Palestine (les séquences les plus intéressantes), sur la création de l'Etat d'Israël et la guerre qui s'ensuivit. Il y a même une histoire d'amour touchante mais aussi et surtout des combats, un peu lassants à la longue. Malgré une interprétation parfois défaillante et son scénario bancal, cela reste un film d'une certaine importance pour son caractère historique.
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