Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Provision de vieux films (Juillet/1)

La femme de feu (Hwanyeo), Kim Ki-young, 1971

Une jeune provinciale est embauchée à Séoul chez un couple qui possède un élevage de poulets. La bonne ne tarde pas à évincer l'épouse. Premier remake de La servante par Kim Ki-young (un deuxième suivra, 10 ans plus tard), cette fois en couleurs, avec un goût certain pour les teintes saturées, comme pour imiter les gialli de l'époque. Le film est loin de valoir l'original, psychologiquement incohérent et surtout régi par une hystérie quasi permanente et franchement lassante, sans parler des multiples inserts façon kaléidoscope. Aucune subtilité dans cette "granguignolade" sanglante et perverse qui atteint parfois les sommets du ridicule. A sauver ? Le personnage de l'épouse et les poules, qui elles, jouent au moins sobrement.

 

Salut Roland ! (Heja Roland !), Bo Widerberg, 1966

Ecrivain velléitaire, Roland décroche un travail dans une agence de publicité au département des cosmétiques. Il est chargé d'une étude de marché sur les problèmes de peau des adolescents. A l'heure où Bo Widerberg connait enfin une reconnaissance méritée, celle du deuxième meilleur cinéaste suédois de l'histoire, Heja Roland ! n'est jamais proposé dans les rétrospectives. Tout simplement parce que ce quatrième long-métrage du réalisateur, juste avant le somptueux Elvira Madigan, ne ressemble à rien de ce qu'il a fait avant ou fera ensuite. C'est censé être une comédie, l'unique qu'il ait tournée, mais la loufoquerie de l'ensemble a hélas du mal à passer la rampe, les différentes péripéties et les dialogues devenant de plus en plus incompréhensibles (est-ce la faute des sous-titres ?). On peut éventuellement y voir une parenté avec le Free Cinema britannique, mais lointaine. Très lointaine.

 

La tente rouge (Krasnaya palatka), Mikhaïl Kalatozov, 1969

Rongé par la culpabilité, 40 ans après son expédition au Pôle Nord, qui a tourné au cauchemar, son chef, Nobile, se souvient. La tente rouge est sans doute le moins personnel des films de Kalatozov pour la simple raison de la coproduction internationale qui a imposé des acteurs prestigieux, Sean Connery, Peter Finch, Claudia Cardinale, entre autres, tous doublés en russe et sauvant ce qui peut l'être dans leur interprétation. A noter que Nikita Mikhalkov fait partie de la distribution, mais dans un second rôle. Construit en couches (de glace) successives, La tente rouge, peu représentatif du cinéma soviéique, s'apparente parfois à un film de survie (des hommes à l'Arctique de la mort) tout en s'interrogeant sur la question du commandement et sur d'autres sujets philosophiques ou moraux. Le meilleur, ce sont évidemment les vues sur la nature froide et immaculée, quand l'homme ne vient pas la défier.

 

Doctors don't tell, Jacques Tourneur, 1941

Deux médecins partagent un cabinet et font la cour à une même femme. Ils se séparent et l'un deux commence à fréquenter un criminel. Une série B qui n'est pas loin d'anesthésier totalement, malgré le talent de Tourneur derrière la caméra. Mais le matériau de base est pauvre et les interprètes assez médiocres. Quelques traits d'humour et deux chansons plus tard arrive enfin la grande scène au tribunal avec son dénouement prévisible. Après ce métrage de 65 minutes, Jacques Tourneur réalisera deux courts avant de s'attaquer l'année suivante à La féline puis à Vaudou et à L'homme léopard. 

 

L'ouragan (Flor silvestre), Emiio Fernandez, 1943

Après son mariage avec une jeune paysanne, le fils d'un riche propriétaire terrien est renié par son père. Engagé dans la Révolution mexicaine, il doit faire face à des bandes armées. Le troisième long-métrage d'Emilio Fernandez marque le début de sa collaboration avec les stars Dolores del Rio, de retour d'Hollywood, et Pedro Armendariz, mais surtout avec Gabriel Figueroa, directeur de la photographie surdoué. A cette équipe hors pair, le cinéma mexicain doit ses plus grands classiques des années 40 et 50. Flor Silvestre est un mélodrame excessif, lyrique et patriotique, qui se regarde d'abord pour sa splendeur visuelle. Les meilleurs films de Fernandez viendront un peu plus tard.

 

 



04/07/2020
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