Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Tourneur offre sa tournée

Merci à TCM pour son cycle Tourneur qui a permis de (re)voir une poignée de films rares du grand Jacques. Inégaux, mais passionnants.

 


They all come out (1939)
Aux Etats-Unis depuis 34, Tourneur réalise de nombreux courts-métrages avant que la MGM ne lui confie son premier long (rappelons qu'il en avait déjà tourné 4 en France). Ce semi documentaire est en fait une oeuvre de propagande pour le travail effectué en prison dans le but de réinsérer les petits criminels. Malgré ces contraintes, Tourneur livre un film noir de bonne facture, précis, stylé, nerveux, autant de qualités que l'on retrouvera plus tard dans ses grandes réussites. Plus qu'intéressant.

 


Nick Carter Master Detective (1939)
Après le semi-documentaire They all come out, Tourneur est engagé pour tourner un premier Nick Carter. Le cinéaste a tout à prouver à Hollywood et il démontre ici son savoir faire tant dans l'action, avec de belles scènes aériennes, que dans l'humour. Cette bande de 59 minutes n'a pas marqué l'histoire, mais son aisance décontractée et son professionnalisme au service d'un cinéma de pure distraction font passer un excellent moment et permettront à Tourneur de tourner plus tard des films plus ambitieux.

 


Phantom Raiders (1940)
Envoyé au Panama pour enquêter sur le naufrage suspect d'un cargo, le célèbre détective Nick Carter se trouve plongé dans un panier de crabes. Mélange de Sherlock Holmes et de James Bond, Nick Carter est incarné par l'ultra cool Walter Pidegeon. Film de divertissement sans prétention, où l'intrigue n'a aucune espèce d'importance. Il n'en porte pas moins l'empreinte de Tourneur, dont la mise en scène râblée et ironique fait merveille. Patience, les grands films ne vont pas tarder, dès son entrée à la RKO (La féline, 1942).

 


La vie facile (Easy living, 1949)
A la question : Tourneur était-il fait pour les drames psychologiques ?, la réponse est euh, non. Son style, si aérien dans l'épouvante, le western ou le film noir, voire la comédie, est dans La vie facile d'une extrême lourdeur. De son scénario, Sirk aurait sans doute tiré la substantifique moelle, JT, lui, semble cloué au sol par l'excès de bavardages et d'interrogations existentielles. Il y a deux films en un, le premier raconte les déboires d'un joueur de football américain sur le déclin, malade du coeur. Le deuxième s'attache au couple qu'il forme avec une ambitieuse qui ne saurait supporter la vie avec un loser. Cette image de femme arriviste n'est pas si courante dans le cinéma américain de l'époque et constitue le principal intérêt de La vie facile. Lizabeth Scott est parfaite dans le rôle, avec sa voix rauque "bacallienne" et son duel à distance avec sa rivale, une excellente Lucille Ball, ne manque pas de piment. Victor Mature, en colosse aux pieds d'argile, n'est pas mal non plus. Le bilan n'est pas si mauvais, c'est juste qu'on attend davantage de la part de Tourneur.

 


The Fearmakers (1958)
Thriller paranoïaque typique de la Guerre froide. Très pointu, avec l'influence des sondages d'opinion, le lobbying politique et la manipulation des masses. C'est un film de propagande, soit, avec la guerre de Corée en toile de fond et la menace communiste en filigrane. Mais quelle efficacité, quel science du découpage ! Avec un Dana Andrews fidèle à son image, teigneux et ténébreux. Le dernier grand film de Tourneur, ses quatre derniers étant indignes de son talent.

 


Timbuktu (1959)
Au programme de ce film d'aventures exotiques, tourné dans l'Utah et non en Afrique : un mercenaire pas clair (Victor Mature, tout en muscles), un lâche qui deviendra héros, une oie blanche qui s'encanaille (Yvonne de Carlo, tout en oeillades), un émir au volant ... de son chameau, un prophète pas à la fête, quelques tarentules et plusieurs scènes assez sadiques. Côté psychologie des personnages, c'est zéro pointé. Le discours colonialiste est trouble, mais celui du leader islamiste pur et dur sonne très actuel. Un Tourneur de presque fin de carrière, avec quelques beaux restes, néanmoins.



01/05/2012
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