Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Glanage de vieux films (Avril/3)


Belle mais dangereuse (She couldn't say no, Lloyd Bacon, 1954)
Une généreuse donatrice anonyme enrichit malgré eux les habitants d'un village de l'Arkansas. Et provoque une belle pagaille, jusque dans le coeur du séduisant docteur du coin. Une comédie romantique rurale conclut l'opulente filmographie de Lloyd Bacon, homme à tout faire du cinéma américain, qui s'illustra entre autres dans la comédie musicale et le film policier. Le scénario de son dernier opus, produit par Howard Hughes, n'est pas crédible une minute, mais il est fort amusant, comme une version édulcorée et idiote d'un roman de Steinbeck. Robert "grande classe" Mitchum s'y oppose à Jean "beau tempérament" Simmons, dans un crescendo sentimental de bon aloi. C'est de la balle !

 


L'affaire des poisons (Henri Decoin, 1955)
Ténébreuse histoire à l'ombre du roi soleil. La vérité historique n'est pas le souci premier de Decoin, quoique les faits soient dans l'ensemble respectueux de ladite, autant que l'on puisse en juger. Le réalisateur mène cette affaire comme un bon polar, avec quelques ingrédients sulfureux peu susceptibles de choquer le public de l'époque, déjà émerveillé par le technicolor, peu courant dans le cinéma français des années 50. La mise en scène, molle par instants, ne manque certes pas d'élégance et ne parait pas empesé par son décorum. L'interprétation est royale catins : Viviane Romance (La Voisin), Danielle Darrieux (La Montespan), Anne Vernon, ... La palme revient à Paul Meurisse, onctueux sublime, en abbé possédé par le diable. Satan l'habite grandement.

 


Le liquidateur (The Liquidator, Jack Cardiff, 1965)
Jack Cardiff est un adepte du grand écart. Capable de tourner des chefs d'oeuvre, comme Amants et fils, aussi bien que des divertissements de très bonne facture, tel Les drakkars. Le liquidateur appartient à la deuxième catégorie, un pastiche de film d'espionnage dont le héros, James Bond au petit pied, préfère déléguer aux moments les plus chauds. Aucun génie là dedans, juste un dosage efficace d'action et d'humour au premier degré. Rod Taylor, impeccable en idiot visuel, et Trevor Howard, non moins excellent en psycho-rigide, mènent cette bouffonnerie à bon port, accompagnés d'une flopée de jolies filles fort accortes.

 


La loi de la frontière (Hudutlarin kanunu, Lütfi Akad, 1966)
L'unique copie existante du film a été restaurée par la fondation de Scorsese, à l'initiative de Fatih Akin qui le considérait comme fondateur du nouveau cinéma turc, dans une veine réaliste. Il montre la pauvreté d'un territoire, à proximité de la Syrie où la terre improductive oblige les hommes à devenir contrebandiers. Bien que malheureusement mutilé et parfois difficile à comprendre, ce western oriental est très brillant dans sa forme, au-delà de son message humaniste. Le film, co-écrit et interprété par Yilmaz Güney, ouvrit la voie qui conduisit à la palme d'or 82 de Yol, du même Güney.

 


Sensuelle (Sensuela, Teuvo Tulio, 1973)
En Finlande, avant Kaurismäki, il y avait Tulio. Une quinzaine de films seulement à son actif, qu'il monta tous dans la difficulté et qui n'eurent guère de succès à leur époque. Aujourd'hui, c'est un cinéaste culte dans son pays et le Festival de La Rochelle montrera quelques uns de ses mélodrames des années 40/50, en juillet prochain. Sensuela, son premier long-métrage en couleurs, qui sera son chant du cygne, a été tourné en 1964, puis 67/68 et enfin en 73. L'histoire est celle d'une jeune lapone qui va se brûler les ailes à Helsinki. Très étrange chose, faite de bric et de broc, épouvantablement mal jouée : un documentaire sur la Laponie, un film érotique, un manifeste féministe, un conte de fées naïf, un peu tout à la fois. Un véritable monument kitsch avec des scènes invraisemblables (la castration des rennes avec la bouche).



27/04/2012
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