Sous la direction de George Stevens
La cote de George Stevens remonte et ce n'est pas un mal. Reconnu aux Etats-Unis comme un cinéaste majeur mais peu goûté en France, il est à redécouvrir. Avec ses comédies des années 30, dont Mademoiselle en détresse et Mariage incognito, ses films d'aventures dont Gunga Din et le western L'homme des vallées perdues, ses mélodrames dont l'épique Une place au soleil, Géant, le dernier film de James Dean, Le journal d'Anne rank et enfin le magnifique Tendresse. Pour compléter ma connaissance de sa filmographie, j'ai vu trois films que je ne connaissais pas. En attendant le biblique La plus grande histoire jamais contée que je découvrirai prochainement.
Plus on est de fous (The more the merrier), 1943
Plus on est de fous utilise la toile de fond de la crise du logement dans le Washington de l'Amérique en guerre pour imaginer un appartement où cohabitent Jean Arthur, Charles Coburn et Joel McCrea. Comédie romantique mâtinée de screwball, le film obéit à un timing implacable, moins rapide que chez Hawks car l'aspect sentimental sous-tend toutes les actions des protagonistes y compris le vieux Cupidon incarné par un Coburn extraordinaire. On sait que Stevens était maniaque quitte à refaire les plans un nombre incalculable de fois mais c'est à si ce prix si la mécanique semble aussi bien huilée y compris dans des scènes qui n'ont d'autre ambition que d'amuser. On retrouve une Jean Arthur aussi remarquable que chez Capra, lequel disait d'ailleurs qu'elle était la meilleure actrice de sa génération. Elle forme un excellent duo avec Joel McCrea dont a, à tort, une image plus virile forgée par ses westerns. Le film est charmant, pas si léger que cela parce que fortement ancré dans une Amérique alors en guerre. Il est dommage qu'il soit autant oublié, c'est un vrai classique du cinéma hollywoodien des années 40.
L'ivresse et l'amour (Something to live for), 1952
Coincé entre Une place au soleil et L'homme des vallées perdues, L'ivresse et l'amour fait un peu pâle figure dans la carrière. Mélange de Brève rencontre et de Le poison pour aller vite, le film est assez basique dans son scénario s'appuyant sur deux thèmes : l'alcoolisme et l'amour impossible. Le style est élégant, comme toujours chez Stevens, mais le film est terriblement bavard, sans véritable tension dramatique. Joan Fontaine est magnifique et touchante, c'est entendu, et Ray Milland excellent, comme dans la scène où il est au bord des larmes. Oui, mais voilà, l'alchimie entre les deux a du mal à passer. Les arrières plans professionnels, le théâtre pour elle, une agence de publicité pour l'autre, sont traités de façon plutôt fade et la vie domestique de Milland, car il est marié, idem, avec une Teresa Wright sans véritable personnage à défendre. C'est un George Stevens peu probant mais cependant on y trouve une mélancolie qui empêche de considérer le film comme totalement raté.
Las Vegas, un couple (The only game in Town), 1970
Et le tout dernier film de George Stevens se termine par un baiser et une déclaration d'amour ! Mais que ce fut long à obtenir, 1 heure et 50 minutes, en vérité, dans un film laborieux, sans rythme, où il ne se passe pratiquement rien, si ce n'est quelques séances au casino, car l'action se déroule à Las Vegas, avec des dialogues trop écrits, l'influence théâtrale du film se faisant sacrément sentir. On peut ajouter que la crédibilité des personnages est douteuse : Elizabeth Taylor est trop âgée pour le type de femme qu'elle est censée incarner et puis elle arbore des coiffures style choucroute qui ne la flattent guère. Cela dit, c'est une tragédienne et elle sait jouer. Warren Beatty, lui, semble sans arrêt à contre temps avec son jeu hérité de l'Actor's Studio. Et désolé mais il semble trop jeune pour ce rôle de loser patenté. Moyennant quoi, malgré son côté désuet (pourquoi certains films des années 70 paraissent-ils plus dépassés que la plupart de ceux tournés dans les années 50 voire même 30 ?), oui, malgré son aspect vieillot, le film possède un certain charme, peut-être hérité des films antérieurs de Stevens ou, tout simplement, parce que si l'on est humain, les histoires de couples, quels qu'ils soient, sont toujours touchants.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres