Récolte de vieux films (Août/4)
Le bonheur d'Assia (Istoriya Asi Kliatchinov, Andreï Konchalovsky, 1966)
Le tout premier long-métrage de celui qui s'appelait encore Mikhalkov-Konchalovsky, fort différent des débuts de son frère Nikita, davantage attiré par des climats tchékhoviens. Le film décrit la vie
quotidienne d'un kolkhoze, avec un souci documentaire renforcé par le jeu de comédiens pour la plupart amateurs. Il déplut aux autorités soviétiques qui l'interdirent pendant près de 20 ans. Scandaleux, en effet, d'y voir une jeune femme enceinte, courtisée par deux hommes, et qui refuse de se marier. Sans parler du chef du kolkhoze, qui est un nain bossu ! Réalisme et poésie font bon ménage dans ce film on ne plus russe.
La grande ville (A grande cidade, Carlos Diegues, 1966)
Un même titre : La grande ville, pour trois excellents films signés Frank Borzage, Satyajit Ray et Carlos Diegues. Pilier du cinéma "Novo", ce dernier brosse un portrait vivant de Rio, entre tendresse et violence, entre documentaire et fiction, à travers les yeux d'une jeune provinciale qui découvre la vile et ses favelas. Théâtralisé à l'excès, agité par des ruptures de ton incessantes, le film est spontané et travaillé. Tout se termine durant le carnaval, la mort et la samba s'entremêlant.
Le réveil des rats (Budenje Pacova, Zivojin Pavlovic, 1967)
Avec Makavejev et Jovanovic, Pavlovic appartient à cette "vague noire" qui secoua le cinéma yougoslave au milieu des années 60. Faisant fi de la censure, l'idée est de montrer le quotidien des petites gens, sans fard, dans leur solitude, pauvreté et sexualité, sous l'oeil omniprésent de la police. C'est brut de décoffrage, âpre, pas bien léché du tout et franchement glauque.
Lady Macbeth sibérienne (Siberska Ledi Magbet, Andrzej Wajda, 1962)
Après des débuts marqués par l'obsession de la seconde guerre mondiale, Wajda se diversifie au tournant des années 60. Avec plus ou moins de bonheur. Adapté de l'oeuvre de Leskov (et non de l'opéra de Chostakovitch, bien qu'on y entende des extraits), le film de Wajda est d'un classicisme
absolu dans le respect des règles de la tragédie. Le ton est glacial, les personnages antipathiques au possible, sans circonstances atténuantes. Pas d'émotion, mais une puissante grandeur dans ce Wajda trop méconnu.
Fin de l'agent W4C par l'intermédiaire du chien de Monsieur Foustka (Konec agenta W4C prostrednictvím psa pana Foustky, Vaclac Vorlicek, 1967)
Au sein de la nouvelle vague tchèque, plutôt sérieuse, Vorlicek est le joyeux luron, spécialisé dans le détournement des stéréotypes occidentaux. Ici, il s'attaque à la parodie du film d'espionnage. Des
cadavres à la pelle, une poignée de poupées girondes et un James Bond local qui se balade avec son réveil matin, bourré de gadgets multi-fonctions. Malgré un manque de rythme évident, le film est en grande partie réussi, si on aime l'humour absurde, estampillé Europe centrale. Quant au chien du titre, il est phénoménal, quoiqu'un peu cabot.
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