Cueillette de vieux films (Décembre/1)
Maigret voit rouge, Gilles Grangier, 1963
Un homme est descendu dans la rue puis embarqué dans une voiture. La piste de Maigret le conduit vers la mafia américaine. Des trois Maigret tournés avec Gabin, deux l'ont été par Delannoy et le dernier par Grangier. Et c'est le moins bon, non pas à cause du réalisateur, les deux se valaient par leurs modestes qualités de faiseurs, mais à cause de l'histoire en elle-même, le roman de Simenon étant déjà très faible. Hormis l'interprétation lasse de Gabin, on ne retrouve rien de l'atmosphère habituelle des Maigret, avec cette intrigue de série B où des gangsters se heurtent au célèbre commissaire. On revoit avec plaisir Bozzufi, Frankeur et Fabian dans des petits rôles mais Jean Constantin est ridicule, doublé en anglais pour lui faire jouer les voyous italo-américains.
Le matin de la famille Osone (Osoneke no asa), Keisuke Kinoshita, 1946
Noël 1943 : l'un des fils de la famille Osone est arrêté pour propagande pacifiste alors que sa soeur voit son fiancé partir pour le front. Premier film d'après-guerre de Keisuke Kinoshita, dont les visées coïncident avec les souhaits des
forces d'occupation américaine dans le sens d'une critique sans concession d'un Japon conduit au désastre par le seul fait d'une politique militariste allant contre la majorité du peuple. Expert ès mélodrame, Kinoshita réussit en grande partie sa chronique familiale à l'exception des dernières minutes qui servent un peu trop la propagande nouvelle dans une grandiloquence gênante.
La vengeance de l'aigle noir (La vendetta di aquila nera), Riccardo Freda, 1951
Au XVIIIe siècle, le tsar prend ombrage des succès du chef des cosaques lors de la guerre de Crimée. Le château de ce dernier est saccagé et sa femme assassinée. Un vrai film d'aventures par l'un des spécialistes du genre, Riccardo Freda. L'intrigue s'inspire de Pouchkine et de Dumas, riche en rebondissements afin que la justice soit enfin rendue. Les scènes spectaculaires sont assez peu nombreuses et manquent de réalisme mais la scénario joue sur la corde sensible avec une opposition très marquée entre les (très) méchants et les gentils. L'héroïne est évidemment entre les deux. Elle est jouée par Gianna Maria Canale, femme de Riccardo Freda, vice-miss Italie 1947, et future reine du péplum.
Ma soeur, mon amour (Syskonbädd 1782), Vilgot Sjöman, 1966
En 1782, de retour d'un long voyage de 5 ans, un aristocrate retrouve sa soeur chérie sur le point de se marie. Ce qui lui est insupportable. Tout cinéaste suédois ayant travaillé dans les années 50/60 se voit immédiatement comparé à Ingmar Bergman, ce qui injuste. Sjöman, a non seulement été son assistant mais il emploie l'une des actrices préférées du maître, Bibi Andersson, laquelle livre une prestation de haute volée. Le sujet de l'inceste est traité avec une grande délicatesse qui se heurte à la violence d'une société violente vis à vis des plus faibles, à savoir le peuple auquel le film s'attache comme spectateur du drame qui se joue. Par son esthétique remarquable et sa mise en scène imaginative et précise dans la captation du moindre détail, il s'inscrit véritablement parmi les films suédois les plus remarquables des années 60.
Printemps (Kevade), Arvo Kruusement, 1969
Au début du XXe siècle, les pensionnaires d'une école s'amusent, se chamaillent et font des bêtises sous l'oeil tantôt bienveillant, tantôt sévère de leurs maîtres. Réalisé par l'acteur et scénariste Arvo Kruusement, Kevade est l'adaptation d'un des romans les plus populaires d'Estonie, signé Oskar Luts, l'autobiographie d'une jeunesse insouciante. Le film est d'un lyrisme tempéré, rappelant parfois le ton de La guerre des boutons. Ce fut un immense succès en Estonie et même dans l'URSS entière. Il est ressorti de nouveau en 2006 dans une Estonie désormais indépendante. Il constitue la première partie d'une trilogie complétée par Eté (1976) et Automne (1990), tournée avec les mêmes acteurs.
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