Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Québec, décennie sociale (1/2)

A l'époque, Xavier Dolan n'était pas encore né. Les années 70 furent pourtant la décennie la plus féconde du cinéma québecois avec des auteurs engagés et contestataires. Denys Arcand débute et ne connaîtra la consécration que dans les années 80 avec Le déclin de l'empire américain puis Jésus de Montréal.

Denys Arcand (1941)

 

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Réjeanne Padovani, 1973
A la veille de l'inauguration d'une autoroute, ses artisans, notables établis, festoient en toute intimité. Le retour imprévu de la femme de l'un d'entre eux, patron de la mafia montréalaise, et le projet d'une manifestation viennent troubler la quiétude de ces messieurs. Formé à l'école du documentaire, Denys Arcand a 32 ans quand il tourne son deuxième long-métrage de fiction. Un film glacial qui étidie à la loupe la vice, le pouvoir et la corruption à l'oeuvre. D'un calme olympien, le film est d'une incroyable violence sous-jacente, faisant allusion à des personnages que les québecois n'ont pas de mal à identifier. Réjeanne Padovani exprime un dégoût sans faiblesse pour l'absence d'éthique (euphémisme) et les agissements coupables de ces gros poissons intouchables. Les dernières images, documentaires, montrent les maisons détruites des expropriés pour permettre la construction de l'autoroute. Le film, claustrophobe, est d'une puissance rare et annonce Le déclin de l'empire américain qui, plus de 10 ans plus tard, rendra Arcand célèbre sur la scène internationale.

 

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Gina, 1975
Une petite ville au fin fond du Québec, en plein hiver. Une équipe de cinéastes tourne un documentaire sur les conditions de travail dans une usine textile et lie connaissance avec une danseuse de club plus tard violée par un gang en ski-doo. Denys Arcand reprend certains éléments de son film censuré des années plus tôt (on est au coton) et les intègrent dans une fiction qui progresse insensiblement vers un final vengeur particulièrement sanglant. Une chronique sociale qui évoque l'exploitation des ouvriers, le chômage, l'ennui des petites villes de province et surtout la violence qui ne demande qu'à sourdre. Le film est une lente montée vers un paroxysme sauvage à la manière d'un Peckinpah (Chiens de paille) ou d'un Boorman (Délivrance). Impressionnant.




21/05/2015
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