Reconstitution patinée (The Immigrant)
James Gray sait se faire désirer. 5 films en 20 ans, c'est peu. Mais comme la déception est rarement au rendez-vous.... De son aveu même, The Immigrant est son oeuvre la plus ambitieuse, celle où il aura mis le plus de lui-même. Effectivement, c'est un "grand" sujet, celui de l'arrivée en Amérique d'européens au lendemain de la première guerre mondiale. Un thème tant de fois traité au cinéma qu'on a du mal à croire qu'il puisse être renouvelé. A moins de trouver un angle particulier, un prisme original. Le scénario de The Immigrant n'est pas exceptionnel mais il tient la route et avec cinquante nuances de Gray, on pouvait espérer un grand film. Il n'est pourtant que correct, sans plus, d'un grand classicisme, la superbe photo de Darius Khondji ne pouvant masquer une mise en scène comme tenue en laisse, le réalisateur s'interdisant cette fois tout lyrisme et toute fièvre. C'est un choix, mais il n'y a rien de plus frustrant qu'un mélodrame qui vous tient à distance. D'autant plus dommage que James Gray prouve une fois de plus qu'il est un immense directeur d'acteurs, Marion Cotillard et Joaquin Phoenix sont impeccables et Jeremy Renner crève l'écran dans un rôle court mais marquant. Sobre et sombre, figé dans une reconstitution patinée, The Immigrant ne mérite pas d'être qualifié de ratage mais de relative désillusion, de la part d'un des plus talentueux cinéastes actuels.
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