Crudité du désir (L'inconnu du lac)
Fut un temps où Alain Guiraudie, à l'instar d'un Brisseau, était un franc tireur du cinéma français. Ses films ne ressemblaient à rien, de connu en tous cas, dans une tonalité hédoniste, jouisseuse et libertaire. L'amour pour tous, hétéro, homo, qu'importe pourvu que les corps, et l'esprit, exultent. Après Les rois de l'évasion, sorte de summum dans cette veine, voici que Guiraudie se retrouve sous les projecteurs de Cannes avec L'inconnu du lac, un film beaucoup plus cadré et rigoureux, un huis clos sexuel, 100% gay, agrémenté d'une trame policière qui apporte peu. Chantre du désir, le cinéaste se fait cette fois plus cru, avec deux scènes explicites qui ne s'imposaient peut-être pas, et abandonne en route une grande partie de sa fantaisie et de son originalité. La lenteur n'est pas un problème en soi mais la répétition, si. Et L'inconnu du lac n'en finit pas de repasser les mêmes scènes avec un naturalisme (et naturisme) désarmant. La lumière est belle mais les dialogues et l'interprétation ne sont pas à la hauteur des ambitions du réalisateur. De là à penser que Guiraudie est plus à l'aise dans un cinéma mal foutu et abracadabrant, il n'y a qu'un pas que l'on peut franchir aisément.
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