Récolte de vieux films (Octobre/3)
Crime et châtiment (Crime and Punishment, Josef von Sternberg, 1935)
Intitulée Remords à sa sortie en 1935, la version du roman de Dostoïevski par Sternberg est postérieure de quelques mois seulement à celle de Pierre Chenal. Cette dernière est fidèle à l'esprit du livre, contrairement à l'américaine. Sternberg l'a avoué lui-même, il s'est quelque peu désintéressé de son thème d'autant que son budget de série B ne lui permettait pas de réaliser le film qu'il souhaitait. Cependant, si l'on oublie Dostoïevski, c'est loin d'être une oeuvre mineure du cinéaste, dont la mise en scène expressionniste est particulièrement saisissante. Le principal intérêt reste le jeu de Peter Lorre, qui livre une prestation éblouissante pas loin de valoir celle de M le Maudit.
Double chance (Lucky Patrners, Lewis Milestone, 1940)
Cette adaptation américaine du Bonne chance de Guitry part d'un pitch invraisemblable qui n'a, au fond, aucune espèce d'importance. La comédie romantique fofolle, Screwball Comedy en V.O, est sur les rails et rien ne l'arrêtera, surtout pas l'incongruité de l'intrigue. Ronald Colman est un peu vieux pour le rôle, ça aussi, on s'en fiche. Le fait qu'il séduise, malgré lui, la pimpante Ginger Rogers est dans l'ordre des choses et plus qu'attendu, espéré ! Il est mignon tout plein ce film qui frétille et pétille, il réveillerait le coeur de midinette d'un boxeur catégorie poids lourds.
Kitty Foyle (Sam Wood, 1940)
Portrait de femme émancipée dans une ville corsetée par les clivages sociaux : Philadelphie. Impossible pour une fille de basse extraction d'accéder à la bonne société, dût-elle renoncer à l'homme de sa vie. La construction en flashbacks successifs est astucieuse. La réalisation léthargique de Sam Wood empêche néanmoins le film de se hisser aussi haut que son sujet pouvait le laisser espérer. L'Oscar obtenu par Ginger Rogers pour le rôle titre est amplement mérité, elle a rarement donné autant sans surjouer.
En suivant la flotte (Follow the Fleet, Mark Sandrich, 1936)
Mort à 43 ans, Mark Sandrich n'a eu le temps de diriger que 11 films. Principalement des comédies musicales dont le célébrissime Top Hat. Tourné l'année suivante, En suivant la flotte, bien que pourvu des mêmes ingrédients est une relative déception. Le scénario n'y est pour rien, accessoire comme la plupart des films musicaux de l'époque, Ginger et Fred sont impeccables, deux ou trois de leurs scènes dansées de la pure magie, Randolph Scott étonne en joli coeur (il ne chante pas, il ne danse, évidemment). Non, le problème vient de la partition d'Irving Berlin qui, sur le coup, semble manquer cruellement d'inspiration. Garçon, un Sandrich, un verre de flotte et ... l'addition ! Merci.
Primrose Path (Gregory La Cava, 1940)
Un petit Ginger Rogers pour la route. Pas de chanson ni de danse, cette fois. Un film coincé entre le mélodrame et la comédie romantique, qui ne s'en sort pas vu que le code moral en vigueur empêche les situations d'être clairement définies. L'alcoolisme, ça passe, la prostitution, non. Un petit air de Steinbeck avec une dose de misérabilisme en plus. McCrea donne une bonne réplique à une Ginger sobre comme un verre de lait. A peine passable.
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