Récolte de vieux films (Juin/2)
Capitaine Morgan (Il pirata Morgan, André de Toth, 1960)
De Toth a quitté Hollywood pour l'Italie. Très nette baisse de qualité, comme le montre ce film de pirates aussi original qu'un tas d'or dans un galion espagnol. Du basique, donc, et de l'efficace avec des combats à l'épée et des abordages sauvages. On se serait passé de la romance niaise qui vient déranger ce monde de brutes. Au côté d'un Steve Reeves musculeux, notre petite Valérie Lagrange se fait une toute petite place.
Le moulin de la chance (La moara cu noroc, Victor Iliu, 1955)
Sans doute le film roumain le plus célèbre des années 50, en compétition à Cannes, en 57. L'histoire est celle d'un aubergiste qui doit composer avec un bandit pour s'assurer une certaine tranquillité. Traqué par la police, comment le tavernier se sortira t-il d'une situation inextricable ? Censé se passer à l'époque de François-Joseph, au coeur de l'empire austro-hongrois, le film est une sorte de western psychologique, réalisé dans un noir et blanc splendide. Classique, tournée sans emphase ni effets mélodramatiques, cette oeuvre mérite sa bonne réputation.
Mes universités (Moi universitety, Marc Donskoi, 1939)
Dernier volet de la trilogie consacrée à l'enfance et la jeunesse de Gorki, d'après l'autobiographie de l'écrivain. Le moins bon film des trois, parce que le plus académique et cédant peu à peu aux sirènes de la propagande, avec un Gorki qui semble militer pour Staline. L'université, Maxime ne peut y entrer, indigent qu'il est, et lui, l'autodidacte, devient apprenti boulanger et monte ses camarades contre le "patronat" de l'époque. Un cinéma édifiant, qui a ses qualités, mais surtout le
défaut d'asséner son message à coup de marteau (et de faucille).
Portrait d'une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child, Jerry Schatzberg, 1970)
Premier film de Schatzberg, photographe alors très réputé. On y trouve une esthétique et un scénario très marqués début des années 70, entre cinéma expérimental et réalisme. L'histoire de ce top-model en pleine dépression est transcendée par une Faye Dunaway en état de grâce, son meilleur rôle selon elle, et on ne peut qu'approuver, elle y est magnifique. Les deux films de Schatzberg qui suivront : Panique à Needle Park et L'épouvantail lui sont cependant bien supérieurs. Longtemps invisible, Portrait d'une enfant déchue a été présenté à Cannes dans une version restaurée, sera bientôt repris sur les écrans français et sera édité en DVD à l'automne.
La victime (Victim, Basil Dearden, 1961)
Très bon film prenant pour cible la législation britannique de l'époque qui faisait de tout homosexuel un criminel. Le sujet est abordé de façon frontale dans un thriller remarquable qui témoigne des modes de pensée de la société et des individus (combien de fois le mot anormal est-il prononcé ?). Formidable composition de Dirk Bogarde, incroyable de fragilité et de force mêlées. Une vraie découverte que ce film-là.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres