Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Quand Tarkovski faisait court

Trois courts-métrages tournés par Andreï Tarkovski durant ses études à la VGIK (Institut fédéral d'Etat de Moscou).


Les tueurs (Ubiytsy, 1958). Durée : 19 minutes. Co-réalisé avec Alexandre Gordon et Marika Beiku.

Illustration très fidèle de la nouvelle d'Ernest Hemingway qui a été adaptée dix ans plus tôt, avec brio, par Robert Siodmak, avec Burt Lancaster et Ava Gardner. Tous les rôles du court-métrage sont joués par des étudiants et Tarkovski, lui-même, fait une apparition. L'atmosphère de film noir à l'américaine est parfaitement rendu avec des dialogues cinglants et des cadrages originaux. Pas de mouvements d'appareil. Un bel exercice de style qui frustre par sa brièveté et la brutalité de sa conclusion.



Il n'y a pas de départ aujourd'hui (Segodnya uvolneniya ne budet, 1959). Durée : 46 minutes. Co-réalisé avec Alexandre Gordon.

Egalement connu sous le titre de Aujourd'hui nous ne quitterons pas nos postes. Basé sur un événement réel : la découverte de missiles dans les sous-sols d'une ville russe, son transport par les militaires et l'évacuation de la cité. Gros moyens pour ce deuxième film d'études de Tarkovski qui bénéficia de l'aide de l'armée. Le style est très différent de de celui des Tueurs avec ses travellings et un montage dynamique qui privilégie le suspense. L'imagerie soviétique de l'époque est "préservée" : héroïsme, discipline de la population, figure de la femme en attente du retour de son brave époux. L'excès de dramatisation qui passe notamment par une musique assourdissante est plutôt insupportable. Longtemps considéré comme perdu, mais les négatifs ont été retrouvés au milieu des années 90.



Le rouleur compresseur et le violon (Katok i skripka, 1961). Durée : 42 minutes
Ecrit par Tarkovski et Konchalovski, le film de fin d'études du premier est en couleurs. La rencontre et l'amorce d'une amitié entre un petit violoniste de 7 ans et un ouvrier de chantier. Relation contrariée par les préjugés sociaux. C'est de loin le plus abouti des courts de Tarkovski avec ses échappées poétiques et oniriques. Il y a un brin d'esthétisation forcée que les intelligentes ellipses scénaristiques et la délicatesse du traitement font oublier. Un beau moment de cinéma et une introduction en douceur à l'univers de Tarkovski.



15/11/2012
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