Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Récolte de vieux films (Juin/4)


Bye bye Braverman (Sidney Lumet, 1968)
Quatre intellectuels juifs de Brooklyn, en route pour les obsèques d'un ami. Ils parlent philosophie, divaguent, se perdent, provoquent un accident, se trompent d'enterrement ... Un film essentiellement fait de dialogues, drôles la plupart du temps, et une scène d'anthologie avec un rabbin en roue libre. Très réussi et ressemblant à du Woody Allen avant la lettre.

 


Le rendez-vous (Sidney Lumet, The Appointment, 1969)
Un Lumet à dissimuler sous la moquette, tellement il est navrant. Le romantisme, ce n'est visiblement pas sa tasse de thé, même agrémenté d'une vague torsion scabreuse, façon Belle de jour. Omar Sharif, pauvre de lui, a hérité d'un rôle niais et indéfendable. Anouk Aimée reste
resplendissante quoi qu'il arrive. Le film se passe à Rome et tout le monde parle anglais, évidemment, avec un joli accent italien. Après ça, Lumet a tourné Lost of the Mobile Hot-Shots, puis The Anderson Tapes. Ouf !

 


Blood Kin (Sidney Lumet, The last of the Mobile Hot shots, 1970)
Gore Vidal adapte Tennessee Williams. Les familiers de l'écrivain ne seront pas dépaysés : nostalgie du sud ségrégationniste, liens familiaux tordus, sexualité exacerbée, racisme latent ... Le tout, dans une plantation délabrée, menacée par une crue imminente. L'outrance et l'hystérie sont bien contenues par la mise en scène de Lumet, qui ne perd pas une miette de ce huis-clos suffocant, dans un dialogue à trois personnages : un mourant, son demi-frère noir, une évaporée parachutée
dans ce pandémonium. Belle prestation de James Coburn, au passage.

 


Le cavalier de la mort (Man in the saddle, André de Toth, 1951)
Un gros fermier qui terrorise ses voisins avec l'aide d'un homme de main. Un seul résiste (Randolph Scott, égal à lui-même), partagé entre deux femmes, dont celle qui vient d'épouser son ennemi. Pas très original ce western, on en conviendra. Deux ou trois scènes marquantes, comme souvent avec de Toth en lien avec les éléments naturels (neige et vent) corsent heureusement l'affaire. Splendide technicolor, par ailleurs.

 


Romance à Moscou (Ya shagayu po Moskve, Gueorgui Daniela, 1964)
Connu aussi sous le titre de J'me balade dans Moscou. Présenté à Cannes en 64, le film est le symbole de l'insouciance de la jeunesse russe de l'après-guerre, à travers le récit d'une folle journée d'un apprenti écrivain sibérien, qui découvre le printemps dans les rues de Moscou. Une petite bulle de liberté dans le cinéma soviétique, qui n'a rien à envier aux oeuvres de la nouvelle vague française. Le jeune Nikita Mikhalkov y fait ses débuts de comédien.

 


Les assassins sont parmi nous (Die Mörder sind unter uns, Wolfgang Staudte, 1946)
Premier film allemand à sortir en Europe après la guerre. Le style néo-réalistey est très (trop) appuyé dans cette évocation du sentiment de culpabilité d'un homme brisé par les exactions qu'il a vécues, alors que les anciens bourreaux continuent comme si rien ne s'était passé. Tourné dans les ruines encore fumantes d'un Berlin défiguré, le film ne manque pas de force, en dépit de quelques outrances. Staudte poursuivra notamment avec Rotation (49), analyse implacable du système nazi,
devenant l'un des meilleurs représentants du cinéma est-allemand.

 



La randonnée (Walkabout, Nicolas Roeg, 1971)
A propos de The Tree of Life, le nom de Nicolas Roeg est revenu dans plusieurs critiques, comme influence lointaine. Quand on voit La randonnée, on comprend pourquoi. Non que les deux films se ressemblent, mais il y a chez Roeg une vision de la nature, en l'occurrence de l'outback australien, et même du cosmos, quelque chose qui annonce, d'une certaine façon, l'oeuvre de Malick. Au début et à la fin de La randonnée, il y a un suicide. Et entre les deux, la dérive d'une adolescente et de son petit frère, dans le désert. Qui croisent la route d'un jeune aborigène, en pleine période d'initiation à la vie adulte. Le film ne se raconte pas, il se regarde les yeux écarquillés, bourré de métaphores opposant la "civilisation" et la vie "sauvage". Roeg fait parler les images, n'assène pas de messages. Et on entend du Stockhausen. C'est un film unique en son genre, dérangeant, monté sur un
principe d'associations d'idées, de collages et de réalisme cru.



27/06/2011
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