Récolte de vieux films (Juin/3)
Tender Comrade (Edward Dmytryk, 1943)
1943 est une année particulièrement prolifique pour Edward Dmytryk, qui signe au moins trois films de propagande. Hitler's Children et Face au soleil levant plongent dans les racines du mal, en Allemagne et au Japon, et si la manière n'est pas douce, elle est plutôt efficace. Tender Comrade s'attache à des portraits de femmes de soldats, en Amérique, qui s'entraident, entre quotidien et bonne ou mauvaises nouvelles du front. Ginger Rogers fait admirer toute sa palette d'actrice, avec des flashbacks qui permettent à Robert Ryan de montrer qu'il n'a rien à lui envier. Le film est constamment au bord du mélodrame, il y tombe même à la fin, avec lourdeur, mais le scénario est
globalement bien écrit, par l'excellent Dalton Trumbo, et le climat "propagandiste" relativement supportable, à condition de se projeter dans la situation de l'époque.
Escale à Hollywood (Anchors Aweigh, George Sidney, 1945)
Pour les amateurs éclairés de comédie musicale, un enchantement suprême. Deux raisons essentielles : la voix de velours de Sinatra et les jambes de feu de Gene Kelly. Plus le charme de Kathryn Grayson et la gouaille d'un Dean Stockwell, très jeune débutant. Le scénario est mince, comme de bien entendu, et on s'en fiche un peu. Les scènes dansées et chantéessont somptueuses avec un moment qui appartient à l'histoire du cinéma, quand Kelly danse avec la souris Jerry, dans un décor de cartoon. Une prouesse technique pour l'époque, un moment de pure magie suspendu dans le temps.
La révolte des dieux rouges (Rocky Mountain, William Keighley, 1950)
Ne pas se laisser abuser par le titre français ridicule, qui laisse accroire qu'il pourrait s'agir d'un film fantastico-kitsch. Que nenni, c'est un western pur et dur, dirigé sans génie par le modeste William
Keighley, qui fait ce qu'il peut avec un scénario rudimentaire. Pour la petite histoire, ce fut le dernier film tourné par Errol Flynn pour la Warner. Il y apparaît peu motivé et bien fatigué, d'ailleurs.
L'opération diabolique (Seconds, John Frankenheimer, 1966)
Un curieux film fantastique où le pacte de Faust est adapté à notre époque
moderne. Très déroutant, avec son rythme affaissé, ses mystères retenus et le jeu hagard d'un Rock Hudson pourtant plus expressif que d'habitude. Le sujet est plus qu'intéressant, son traitement laisse largement dubitatif.
Casbah (John Berry, 1948)
Le moins bon des deux remakes américains de Pépé le Moko. L'atmosphère n'y est pas, surtout quand le film devient chantant (!). Un mauvais point pour Tony Martin aussi charismatique qu'un bigorneau. En revanche, l'onctueux Peter Lorre et les capiteuses Yvonne de Carlo et Marta Toren
assurent. Qui a dit que le tout ne Casbah des briques ?
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