Parade de vieux films (Août/2)
Bonjour sourire (Claude Sautet, 1955)
Dans le royaume imaginaire de Monte Marino, la triste princesse Aline doit epouser le chevalier d'Erceny. Mais le mariage ne doit avoir lieu que si la princesse se décide un jour à sourire. On kidnappe alors les plus celebres vedettes comiques pour la dérider... Alimentaire, mon cher Sautet, ce premier long-métrage dont le cinéaste ne voulut jamais parler ensuite. Le qualificatif le plus juste est consternant pour caractériser ce film qui se voudrait burlesque, dans l''esprit d'un René Clair ou d'un Lubitsch. On en est à mille lieues. L'intérêt est purement historique, d'une part pour terminer une intégrale Sautet, d'autre part pour découvrir la jeunesse d'Annie Cordy, de Henri Salvador ou de Jean Carmet. De Funès, lui, a déjà mis au point son personnage grimaçant.
Bataille de roses (Bara Kassen, Mikio Naruse, 1950)
Amour, gloire et beauté. Euh, il ressemble un peu cela ce Naruse mineur, dont le sujet ne semble pas inspirer le réalisateur alors qu'un certain nombre de ses thèmes favoris s'y trouvent, en particulier la lâcheté profonde des hommes et le courage indomptable des femmes. L'histoire de ces trois soeurs, dont l"une est chef d'entreprise, manque cruellement de conviction jusque dans sa mise en scène, d'une platitude inhabituelle chez le cinéaste. Le scénario est filandreux et, malgré quelques scènes d'une ironie ou d'une cruauté roboratives, l'ensemble s'avère vraiment faible eu égard au niveau habituel des films de Naruse.
L'or et l'amour (Great Day in the Moning, Jacques Tourneur, 1956)
Ne jamais oublier que Jacques Tourneur était (aussi) un grand réalisateur de westerns. Sec et sombre, celui-ci ne se distingue pas par son triangle amoureux (Ruth Roman vainqueur pas K.O de Virgiana Mayo, un brin apathique) mais par son climat de pré-guerre civile entre sudistes et nordistes dans une petite ville du Colorado. Et par le personnage énigmatique d'anti-héros de Robert Stack, cupide et cynique. Tour à tour nerveux et lymphatique, le film manque de grands espaces pour pouvoir être considéré comme un grand Tourneur.
La ballade du hussard (Goussarskaya ballada, Eldar Riazanov, 1962)
Les jeux de l'amour et du hussard. Russie, 1812, une jeune fille se déguise en homme pour rejoindre les troupes qui combattent l'armée napoléonienne. C'est Guerre et Paix version comédie, toutes proportions gardées. C'est tout à fait charmant et splendide à regarder grâce au technicolor : combats dans la neige, poursuites à cheval, dialogues teintés d'ironie, chansons mélancoliques. Riazanov était (il est toujours vivant) très populaire en URSS pour ses divertissements. Ses films restent allègres et n'ont rien à envier aux équivalents hollywoodiens de l'époque.
Une si jolie petite plage (Yves Allégret, 1948)
Un carton d'introduction prévient doublement les spectateurs : ceci est du cinéma et n'a que peu à voir avec la réalité ; tous les pupilles de la nation ne sont pas des criminels. Ceci posé, le film est plus triste qu'un jour de pluie. D'ailleurs, il tombe des cordes sans discontinuer dans ce village côtier de la mer du Nord, hors saison. Gérard Philipe, blafard, arpente les dunes ; Madeleine Robinson, taiseuse, console les malheureux ; Jean Servais, inquiétant, joue les balances. Atmosphère humide et néanmoins poisseuse rehaussée par le noir et blanc sublime de Henri Alekan. Avatar tardif du réalisme poétique du cinéma français des années 30, le film correspond à la meilleure période d'Allégret, entre Dédée d'Anvers et Manèges. Plombant mais prenant.
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