Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Cavalcade de vieux films (Décembre/3)

Los_jueves_milagro-880676923-large.jpg

Les jeudis miraculeux (Los jueves, milagro, Luis Garcia Berlanga, 1957)
La petite ville de Fontecilla, autrefois réputée pour ses thermes, n'attire plus les touristes. D'où l'idée saugrenue des notables locaux de provoquer un "faux" miracle pour en faire une nouvelle Lourdes. Sur cette trame, Berlanga confirme qu'il était bien le Capra espagnol, en plus caustique, sans doute. Son scénario était impeccable, attaque en règle des institutions de l'Espagne franquiste, à commencer par l'Eglise catholique. Hélas, le réalisateur dut composer avec la censure et l'Opus Dei l'obligea à remanier son histoire, de façon fort moraliste comme de bien entendu. ll n'empêche, même détourné de sa vocation première, le film reste une comédie sociale cinglante, drôle et iconoclaste qui, du coup, fut peu diffusée et reste bien moins connue que les autres réussites du cinéaste, le célèbre Bienvenue Mr. Marshall, en tête.

 

30297.jpg
Un héros de notre temps (Un eroe dei nostri tempi, Mario Monicelli, 1955)
Vivant entre sa tante et une vieille bonne, Alberto est un homme craintif et égoïste poursuivi par les assiduités de la DRH veuve de son entreprise. Film mineur de la grande période de Monicelli, ce Héros de notre temps est un récit kafkaïen qui manque d'un élément dramaturgique fort, tout entier tendu vers la dénonciation de l'absurdité de la vie à travers un personnage pusillanime qui n'en finit pas de fuir pour systématiquement finir entre les mains de la police. Sans être aussi brillant que La grande guerre ou Le pigeon, faute d'une thématique mieux écrite, le film séduit par son rythme ébouriffant et, bien entendu, par l'interprétation une de fois de plus époustouflante de l'immense Alberto Sordi.

 

15293.jpg
Une jeune fille finlandaise (Lapualaismorsian, Mirko Niskanen, 1967)
Chronique d'une jeunesse finlandaise politisée, manifestant contre la guerre au Vietnam, s'interrogeant sur l'explosion démographique et l'attitude des pays riches face à ceux qu'on n'appelait pas encore en voie de développement. Le film est assez typique du cinéma européen des années 60, refusant une narration structurée, s'autorisant quelques coquetteries de montage à la Godard. Avec en plus un contexte purement finlandais et une réflexion sur le passé du pays et cette lutte entre fascisme et communisme dans les années 30 et 40. Bien que très dialectique, le film n'est pas si mauvais même si ses tics de mise en scène des sixties ont mal supporté le passage des années.

 

65246.jpg
L'obsédé (Obsession, Edward Dmytryk, 1949)
Jaloux des incartades de son épouse, un médecin londonien détient en captivité son dernier amant en date avec la ferme intention de le faire disparaître une fois l'affaire classée par Scotland Yard. Premier film britannique du blacklisté Dmytryk, ce film noir porte le même titre en français (The hidden Room en Amérique) que celui de Wyler tourné quinze ans plus tard et au sujet différent. Hitchcock n'aurait pas renié ce petit bijou noir, plein de suspense mais aussi d'humour très anglais qui culmine dans les dialogues savoureux et menaçants entre le geôlier et sa victime. Peu connu, le film l'est surtout pour cause d'absence de têtes d'affiche ce qui est très dommage eu égard à la qualité de ce thriller claustrophobique, machiavélique et sardonique.

 

4903.jpg
L'affaire Nina B. (Robert Siodmak, 1961)
Qui est donc Monsieur B. ? Un homme d'affaires qui se livre à du chantage sur d'anciens nazis bien intégrés dans la société allemande du début des années 60 ? Le film de Siodmak ne répond que partiellement à la question au fil d'un scénario particulièrement opaque qui tergiverse sans cesse. Ce n'est pas un film policier ni d'espionnage, éventuellement un mélodrame, quoique mystérieux lui aussi, avec Madame B, Nina donc, qui voue une haine féroce à son mari et qui, faute de réussir son propre suicide tentera de le trucider (ou pas ?). Film bien allemand même avec Pierre Brasseur en tête de gondole (pas très concerné semble t-il) et dans un certain air du temps paranoïaque mais qui se fit justement éreinter par la critique de l'époque pour son manque de lisibilité et sa pesante désinvolture (dialogues cyniques de Nimier).



02/01/2015
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres