Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Récolte de vieux films (Août/2)


Les dimanches de Ville d'Avray (Serge Bourguignon, 1962)
Attention, film rare et précieux, apprécié davantage des cinéphiles étrangers que français. Prix de la critique à Venise, Oscar du meilleur film étranger. Pas de DVD français, mais des éditions sont disponibles chez nos voisins européens. Ce film est d'une pureté incroyable, filmé de façon exceptionnelle, interprété par Harry Krüger, Nicole Courcel et une petite fille tous magnifiques. Sans oublier la partition subtile de Maurice Jarre. Si le film est aujourd'hui quasi invisible en France, il le doit à son sujet, qui prend aujourd'hui des résonances sordides, pour certains en tous cas, alors que le film est justement à l'opposé de cette interprétation (bon, tout le monde n'est pas d'accord avec ça). L'histoire est celle d'un soldat traumatisé, amnésique, qui se lie d'amitié avec une fillette que ses parents ont abandonné. Ils se voient le dimanche, dans la forêt, et une affection intense et exclusive les unit. Aux yeux des bien pensants qui les aperçoivent au détour d'un chemin, cette relation ne peut être que trouble. On pourrait parler des heures de la façon délicate et tendre dont Serge Bourguignon met en scène le film. Sa beauté, fantasmée, est fracassante de douceur. On peut seulement lui reprocher un esthétisme et une poésie parfois forcés ainsi qu'une fin mélodramatique. Broutilles ! Serge Bourguignon, qui débutait dans le long-métrage, tourna ensuite un film à Hollywood puis deux autres : des échecs noirs qui mirent fin à sa carrière météorique. Aujourd'hui, Serge Bourguignon est un jeune homme de bientôt 83 ans, dont l'oeil pétille quand il évoque ses souvenirs. Il était cette année à La Rochelle et a participé à un hommage à Maurice Jarre. C'est lui qui présenta le musicien à David Lean, qui en fit son compositeur attitré à partir de Lawrence d'Arabie.

 


Slightly French (Douglas Sirk, 1949)
Tourné entre Jenny, femme marquée (excellent) et Le sous-marin mystérieux (pas excellent), Sligthly French est une charmante comédie, assez futile, mais avec quelques aspects intéressants. Cette version un peu escamotée de Pygmalion se distingue par des dialogues brillants par intermittence, une mise en scène élégante de Sirk (les scènes de comédie musicale, pas mal du tout) et une satire de l'univers hollywoodien, gentiment impertinente, à travers un metteur en scène égocentrique et insupportable. Plus convenue, la romance sentimentale entre une Dorothy Lamour exubérante et un Don Ameche vieillissant ramène le film à un niveau simplement moyen. Celui de Qui a vu ma belle ? ou No room for the Groom.

 


Vivre à tout prix (Mord und Totschlag, Volker Schlöndorff, 1967)
"La fureur de vivre de la nouvelle génération" proclamait la publicité du deuxième long de Schlöndorff. Très exagéré et inexact. Le réalisateur se sert d'un fait divers pour enregistrer la dérive de deux garçons et d'une fille qui doivent se débarrasser d'un cadavre. Cyniques, désabusés et amoraux, ils sont observés de manière clinique par Schlöndorff qui ne réclame ni sympathie pour eux, ni compassion. On n'est pas si loin du climat des futurs Haneke. Etonnant de la part d'un cinéaste qui avait débuté très fort avec Les désarrois de l'élève Törless et qui semble faire preuve ici de peu d'ambition. Oeuvre estimable, cependant, pour sa mise en scène et le jeu d'Anita Pallenberg, compagne de Brian Jones, des Stones, qui signe une B.O assez insignifiante.

 


Des amis comme les miens (Such good friends, Otto Preminger, 1971)
Alors que son mari est dans le coma, une mère de famille découvre peu à peu ses multiples infidélités. Un Preminger de fin de carrière, satire réjouissante, mais limitée, d'une certaine société new-yorkaise, aisée, cultivée et égocentrique. C'était du vitriol à l'époque, mais le film a beaucoup vieilli en même temps que les mentalités. Quelques scènes d'un cynisme assumé font encore cependant leur effet.

 


La ménagerie (Chiriyakhana, Satyajit Ray, 1967)
Considéré comme le plus mauvais film de Ray. Parce qu'il s'agit de l'adaptation d'un roman policier bengali dénué de tout aspect social ou politique ? Parce que le réalisateur, lui-même, n'accordait guère d'importance à ce divertissement ? Quoi qu'il en soit, ce Sherlock Holmes à l'indienne est fort amusant, avec de vrais morceaux de drame et de comédie dedans. Pas si futile qu'il n'y paraît.



16/08/2011
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