Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Parade de vieux films (Novembre/1)


Dans la gueule du loup (The Mob, Robert Parrish, 1951)
Acteur puis monteur, Robert Parrish débute dans la réalisation en 1951 avec Cry Danger puis The Mob. Ce dernier comporte quelques figures imposées du film noir : le monde rude des dockers, un flic infiltré dans la mafia, un policier corrompu ... Rien d'original, évidemment. Mais le rythme ne faiblit pas, l'humour n'est pas absent, les dialogues sont incisifs et la violence sèche. Et aucune touche de glamour dans le casting avec des gueules comme celles de Broderick Crawford et Ernest Borgnine.

 


La Tour de Nesle (Abel Gance, 1955)
Ah, la Tour de Nesle, objet de tous les fantasmes ! Bacchanales et meurtres orchestrés de main de maîtresse femme par rien moins que la reine de France, la sulfureuse Marguerite de Bourgogne. Alexandre Dumas en a fait un mélodrame, Abel Gance (avec les loups) le transforme en tragédie grotesque excessive laquelle, nonobstant la couleur, pourrait être un film muet expressionniste. Ca caracole, ça trépide et ça dézingue à tous les étages sous l'oeil du gargantuesque Pierre Brasseur qui trouve là un rôle à sa truculente démesure. Notons dans le petit rôle de Louis X le Hutin, le fort jeune et fluet Michel Bouquet.

 


L'escalier (Staircase, Stanley Donen, 1969)
Un couple de coiffeurs homosexuels vieillissants cohabitent avec la mère de l'un d'entre eux. Tourné longtemps avant La cage aux folles, dont il est une parfaite antithèse, il serait plutôt proche de Qui a peur de Virginia Woolf, le film reçut un accueil glacial de la part de la critique de du public. Manifestement, la société n'était pas prête à cette évocation réaliste et surtout très cruelle de la vie d'un couple "comme les autres." Il est vrai qu'il s'agit d'une adaptation théâtrale et que les dialogues étouffent peu à peu le film sous sa logorrhée. La surprise est grande de voir deux monstres sacrés tels que Rex Harrison et Richard Burton dans de tels rôles. Le premier est souvent dans le cabotinage, hélas, mais le second est assez extraordinaire. Qu'est-ce que Liz Taylor a bien pu en penser à l'époque ? Un film rare, en tous cas, trop boursouflé, mais sacrément précurseur.

 


Le destin est au tournant (Drive a crooked Road, Richard Quine, 1954)
Eddie est de petite taille, solitaire, timide et complexé par une énorme cicatrice. Quand une superbe dame lui fait du gringue, il aurait dû se dire qu'il y avait anguille sous roche. Essentiellement connu pour ses comédies, musicales ou non, Richard Quine a aussi commis une poignée de films dramatiques. Ici, c'est un film noir bien qu'éclairé par la lumière du soleil de Malibu. Le scénario est en contreplaqué et le budget riquiqui. N'empêche, le personnage de Mickey Rooney, manipulé jusqu'à l'os par Dianne West, suffit à en faire un ouvrage acceptable et regardable.

 


Le sujet de l'empereur (Der Untertan, Wolfgang Staudte, 1951)
La résistible ascension d'un "patriote", petit garçon brimé puis industriel sans foi ni loi, tout entier dévoué à l'autorité et à Guillaume II, au début du XXe siècle. Cette adaptation d'un roman de Heinrich Mann est une satire sociale tournée en RDA dont la teneur propagandiste ne nuit pas à la qualité bien que le film soit extrêmement daté et n'ait plus le don de faire rire. Staudte était un excellent cinéaste dont les oeuvres majeures restent Rotation et Les assassins sont parmi nous.

 



15/11/2013
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