Récolte de vieux films (Août/1)
Treno popolare (Raffaello Matarazzo, 1933)
Connu pour ses comédies, puis ses mélodrames d'après-guerre, Matarazzo a débuté avec ce film d'une heure, récit d'une journée à la campagne pour les ouvriers romains, profitant du train à prix réduit, mis en place par le gouvernement fasciste en 1931. Le don d'observation de Matarazzo, qui passe d'un personnage à un autre, la musique de Nino Rota, la gaieté et l'insouciance d'une journée de soleil, font de Treno popolare le premier grand film italien parlant. Annonciateur du néo-réalisme, son ton et son approche rappellent les meilleurs Duvivier ou Renoir de l'époque.
Dimanche noir (Black Sunday, John Frankenheimer, 1977)
Bien mieux que ce que l'on pouvait attendre, ce film au carrefour de deux genres : le suspense avec connotations politiques et le film catastrophe. Malgré quelques longueurs dans la mise en place, on ne s'ennuie pendant deux heures quinze et on devient même fébrile pour les dernières trente minutes quand deux terroristes sont à deux doigts de massacrer les 80 000 personnes assistant au Super Bowl. Frankenheimer est un réalisateur efficace, il le prouve une fois de plus. Robert Shaw,
Marthe Keller, Bruce Dern : le casting est au poil. Le message politique, quant à lui, est un peu douteux, les palestiniens sont de vilains méchants et l'homme des services secrets israéliens, un héros. Il est vrai que l'attentat de Munich datait alors seulement de 5 ans.
Fille d'amour ('Traviata 53, Vittorio Cottafavi, 1953)
Une adaptation "moderne" de La dame aux camélias. Soit un jeune homme impécunieux qui tombe amoureux d'une femme entretenue, parvient à vivre avec elle avant qu'elle ne le quitte, parce que bon, la pauvreté ça va bien un moment, mais ça ne vaut pas les bijoux. Du coup, le garçon revient se marier au pays, tandis que la belle, malheureuse malgré tout, attrape une vilaine maladie des bronches qui la conduit tout droit à la tombe, poverina ! Son ancien amant, accouru à brides abattues, mais en voiture, arrivera trop tard. Un mélo cousu de fil noir, épouvantable, à
ne surtout pas regarder après une cure de Buster Keaton.
Husbands (John Cassvetes, 1970)
Trois potes partent en virée après l'enterrement d'un ami. Pour son premier film en couleurs, Cassavetes reste fidèle à sa méthode, mélange d'improvisation et de scènes écrites, parfois étirées à l'excès, gros plans et décadrage de l'image. Point fort : l'évidente complicité entre les trois larrons : Falk, Gazzara (le seul encore vivant aujourd'hui, qui n'est pas loin ici d'éclipser ses petits camarades) et Cassavetes. Point faible : l'absence de profondeur des dialogues dans cette histoire
régressive, ultra machiste par moments. Un Cassavetes moyenne gamme, on va dire.
Les descendants de Taro Urashima (Urashima Taro no koei, Mikio Naruse, 1946)
S'il n'est pas le meilleur film de Naruse, loin s'en faut, Les descendants de Taro Urashima est l'un des plus intéressants dans le sens où il est profondément ancré dans l'histoire de son pays. C'est son premier film de l'après-guerre et le Japon est alors dans une période politique "flottante" avec l'occupation américaine. Inspiré de Mr Smith au Sénat de Capra, le film raconte comment un ancien prisonnier de guerre est récupéré par la presse puis par un parti politique pour incarner le
Japon nouveau. Un brin didactique, cette satire politico-sociale très appuyée n'est pas une réussite majeure du cinéaste sur le plan artistique. A voir davantage comme un film de propagande sur une époque instable pour le Japon d'après la défaite.
A découvrir aussi
- Récolte de vieux films (Juillet/2)
- Parade de vieux films (Janvier/1)
- Cavalcade de vieux films (Juillet/1)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres