Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ramdam à Rotterdam (7)

 

Rotterdam, nouvelle livraison. Des nouvelles de Turquie, du Japon et de la République Dominicaine.

 

Le show Cemil (Cemil sov), Baris Sarhan, Turquie.

Agent de sécurité dans un centre commercial, Cemil rêve de devenir acteur et passe des castings sans succès. Il en vient à s'identifier à une vedette des années 60 du cinéma turc. Baris Sarhan reprend pour son premier long-métrage un personnage de l'un de ses courts mais dans une histoire très différente. Cemil est un homme plutôt timide et maladroit qui va peu à peu se transformer en un perdant flamboyant, et assez pathétique, il faut bien le dire, devenu un clone tardif d'un acteur iconique du cinéma classique turc, bien oublié de nos jours. Ce dernier jouait les méchants séducteurs avec une certaine délectation et Cemil, qui est son opposé, va totalement péter les plombs en regardant les nanars que l'ancienne star a tourné, en boucle. Le film de Sarhan semble lui aussi perdre les pédales et a du mal à se renouveler sur la distance mais le cri d'amour au cinéma est réel et fait accepter des passages laborieux. Dans ce thriller déboussolant, il y a même une femme fatale et quelques bagarres. On s'amuse pas mal même si on est parfois atterré.

6/10

 

Pulsion sexuelle (Sexual Drive), Kôta Yoshida. Japon.

Sexual Drive est un triptyque dont les dénominateurs communs sont le sexe mais aussi la nourriture et un étrange personnage, nommé Kurita, qui intervient chaque fois en déclencheur, comme un Méphistophélàs ex machina. A chaque segment, son lieu : la cuisine d'un appartement, une voiture et un restaurant de ramens. Si chacune des histoires a le sexe pour sujet, c'est uniquement en paroles, plutôt crûment, mais jamais en actes, en passant largement outre les tabous (il est fort question d'urètre dans le volet inaugural). Et c'est bien la bouffe qui relie toutes les dépravations et cette fois de manière explicite avec un érotisme troublant des l'absorption des différents plats. Le film a une dimension irréaliste et comique, même si l'on sourit peu, gêné aux entournures par quelques évocations scabreuses. L'art de la perversion est une spécialité japonaise, Sexual Drive s'inscrit parfaitement dans cette tradition et sa durée limitée (70 minutes) est aussi gage d'efficacité car davantage auraot peut-être provoquer quelques nausées.

7/10

 

Liborio, Nino Martinez Sosa, République Dominicaine.

Au début du XXe siècle, Liborio disparaît mystérieusement, une nuit d'ouragan. Quelque temps plus tard, il revient en tant que prophète, guérit les malades et rassemble de nombreux fidèles. Film historique réalisé par Nino Martinez Sosa, Liborio se démarque assez nettement des clichés du genre, quand il est abordé par les cinéastes latino-américains. Le côté contemplatif n'est pas très marqué et c'est sans doute le long passé de Martinez Sosa en tant que chef monteur qui explique le rythme soutenu du film, qui se caractérise par des scènes courtes et une caméra très mobile. De son sujet, le cinéaste aurait pu faire une œuvre mystique ou baignée de réalisme magique et ce n'est pas le cas, cherchant avant tout la clarté narrative. Ce qui ne l'empêche pas de rendre compte de la beauté et de la luxuriance du paysage dominicain. L'interprétation est plus que correcte, le charisme de l'acteur principal correspondant parfaitement à son rôle de chef religieux bienveillant et tolérant. Liborio est un bon exemple d'un cinéma caribéen qui gagne à être connu.

6,5/10

 



05/02/2021
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