Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Les tribulations d'un cinéphile à La Rochelle (4)

Scènes 10 à 12 :
Un choc belge et une histoire sicilienne


L'avais-je pressenti ? Toujours est-il que j'ai eu raison de ne prévoir aucune séance avant 17h00, eu égard à la tourista qui me fracassa dès le petit-déjeuner. J'ai enquêté sur les raisons de ce désordre intestinal. Les huitres de dimanche midi ? L'excès de jolies filles ? Le raccourcissement de mes nuits de sommeil ? Le film mexicain d'hier ? Cette dernière hypothèse s'avérant être une chaude piste, les investigations se poursuivent.

Inspiré d'un fait divers qui a choqué la Belgique, A perdre la raison , (sortie le 22 août), confirme tout le bien que l'on pensait de Joachim Lafosse (présent au festival et pétri d'humour). On connait l'issue du drame, tout le talent du réalisateur réside dans le récit des événements ou, plus exactement, des fêlures psychologiques qui ont conduit une jeune mère de 4 enfants à commettre l'irréparable. Sous le même toit que son mari et que le père adoptif de ce dernier dont le couple est de plus dépendant, cette femme va étouffer au fil du temps et disjoncter (la scène dans le voiture où elle craque en écoutant Femmes je vous aime est époustouflante). La maîtrise de Lafosse dans cet exercice très complexe qu'est la reconstitution de faits réels, en faisant comprendre comment il est possible d'arriver à de telles extrémités, est confondante. Le montage, avec des ellipses temporelles toujours pertinentes, le thème musical, lancinant, la direction des acteurs, y compris des enfants, tout contribue à faire du film une expérience suffocante, à la manière des meilleurs Ozon. Aux côtés de Arestrup et de Rahim, très bons, Emilie Dequenne livre une prestation ébouriffante digne d'une Sandrine Bonnaire. Filmé par Haneke, A perdre la raison aurait été un constat glacial, le cinéaste belge, toujours sur le fil du rasoir et la crête des sentiments, choisit l'épure et une certaine compassion. Il a bien fait.


La Sirga est un endroit perdu sur les hauts plateaux andins de la Colombie. Des paysages lacustres, superbement filmés par William Vega, en dépit de moyens financiers limités. La violence de la société, très présente, est traitée par le biais des dégâts collatéraux et des menaces potentielles, jamais frontalement. Contemplatif, le film ne change pas de tonalité, 90 minutes durant. On a le droit de s'y ennuyer un peu malgré ses qualités plastiques indéniables. Et c'est un premier film.
Sortie prévue au début de 2013.


Luigi Zampa, on ne le répétera jamais assez, est le cinéaste italien le plus sous-estimé de l'après-guerre. Les années difficiles (1948) n'est pas loin d'être un chef d'oeuvre. Cette chronique de 20 ans de fascisme en Sicile est à la fois une farce et une vision amère et désabusée de la lâcheté humaine. Le film, qui est tout sauf consensuel, provoqua d'ailleurs quelques remous lors de sa sortie en Italie. C'est aussi une fresque picaresque et romanesque, avec une multitude de personnages tous admirablement incarnés. Bref, un très grand film.


Mardi devait être mon jour de grand chelem (5 films). Ce n'est pas raisonnable, dommage pour Walsh, je me contenterai de 4 films dont 3 en avant-première : argentin, chilien et tibétain. Avec un Monicelli rarissime, en sus.

A suivre, au fil(m) de l'eau.



03/07/2012
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