Cinéphile m'était conté ...

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Quelques jours à Angoulême

Festival du film francophone d’Angoulême (28 août au 2 septembre 2020)

 

Le premier festival français de cinéma du « monde d’après » s’est déroulé à Angoulême dans des conditions délicates qui n’ont pas empêché sa réussite populaire et son retentissement médiatique.

 

 

Un pari difficile mais pas impossible et relevé haut la main. Le Festival du film francophone d’Angoulême a certes tenu sa 3ème édition dans un contexte sanitaire difficile mais le public angoumoisin a répondu présent et sa résonance médiatique n’a jamais été aussi forte, avec une programmation éclatante et de nombreux réalisateurs et acteurs fidèles au rendez-vous. Une édition marquée par ailleurs par la réouverture d’un cinéma historique de la ville, L’Éperon.

 

 

Le jury, présidé par le tandem Benoît Delépine et Gustave Kervern a primé Ibrahim, le premier long-métrage de Samir Guesmi (sortie le 9 décembre) tandis que Un triomphe d’Emmanuel Corucol engrangeait le Prix du public (sortie le 6 janvier 2021). Une récompense méritée pour ce film enthousiasmant, inspiré d’une histoire qui a eu lieu en Suède dans les années 80. Le synopsis ? Un acteur en galère accepte d’organiser un atelier de théâtre dans une prison et monte une pièce de Beckett avec des détenus volontaires. Un vrai « feel good movie », très rythmé, et au dénouement ébouriffant. Comme beaucoup d’autres films présentés à Angoulême, Un triomphe bénéficiait du label Festival de Cannes 2020. Parmi la palanquée d’œuvres en avant-première, plusieurs longs-métrages se sont distingués : Adieu les cons, Des hommes et La nuée, en particulier (choix subjectif et limité faute d’avoir pu obtenir la sacro-sainte accréditation, chichement distribuée cette année, hélas). Adieu les cons (sortie le 21 octobre), le nouvel opus d’Albert Dupontel, marque le retour du réalisateur à un cinéma débridé, empreint d’une douce folie et loin de tout réalisme. Virginie Efira brille de mille feux dans ce vrai faux mélodrame qui n’a peur de rien et s’autorise tout y compris une scène sublime d’amour, dans un ascenseur bloqué. Dans un tout autre style, Des hommes de Lucas Belvaux (sortie le 11 novembre), adapté du roman éponyme de Laurent Mauvignier, évoque avec puissance la guerre d’Algérie et ses séquelles, bien longtemps après. La construction du film, entre deux époques distantes d’une quarantaine d’années, est un peu bancale mais les scènes situées en Algérie sont remarquables et parfois difficiles à supporter, même si la majeure partie de la violence est hors champ. La partie moderne est moins convaincante (avec Depardieu, Darroussin et Frot sous-utilisés) et il manque surtout une véritable colonne vertébrale entre les deux périodes traitées. Le film aurait pu durer une heure de plus sans qu’on y trouve à redire. Sélectionné cette année par la Semaine de la Critique, La nuée de Just Philipot (sortie le 4 novembre) raconte l'histoire singulière d'une éleveuse de sauterelles, de plus en plus obsédée par sa tâche. Le film se nourrit dans un premier temps de réalisme avant d'aborder des zones bien plus grises avec une maîtrise assez confondante dans la gradation de l'épouvante. On peut évidemment penser à une version moderne des Oiseaux d'Hitchcock mais La nuée va bien plus loin dans l'effroi avec la description du comportement psychotique de son héroïne. Un soin particulier a été apporté aux effets sonores et il est impossible de ne pas frissonner quand stridulent les sauterelles.

 

 

Parfaitement organisée sous l’autorité de Marie-France Brière et Dominique Besnehard, la 13ème édition du FFAngoulême a brillamment rempli son contrat et ouvert la voie aux autres festivals. Et ce, en dépit des contraintes et la complexité des mesures sanitaires à mettre en place.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



05/09/2020
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