Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Québec, décennie sociale (2/2)

A l'orée de la décennie 70, l'aîné de Denys Arcand, Gilles Carle, aujourd'hui décédé, a déjà marqué les esprits avec La vie de Lépold Z en 1965.

Gilles Carle (1928-2009)

 

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Les mâles, 1970
Deux hommes vivent à l'état sauvage depuis un an et demi. Mais la frustration est trop forte, ils vont kidnapper une femme pour leur tenir compagnie. Avec Les mâles, Gilles Carle se fait un nom sur la scène internationale. Fable ironique, le film égratigne le mode de vie hippie dont les principes de générosité et de partage se fissurent dès qu'une relation amoureuse se profile. La première heure est un délice d'humour, la suite, un peu répétitive, manque malheureusement de vigueur. Mais la démonstration qu'il n'y a pas pire conformistes que les anticonformistes est plutôt plaisante.

 

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Les corps célestes, 1973
A la fin des années 30, une maison close est sur le point d'ouvrir dans une petite ville minière et conservatrice où un nouveau curé vient d'arriver. Jusqu'alors, Gilles Carle avait le vent en poupe et Les corps célestes participa au Festival de Cannes 1973. Las, ce fut un échec critique puis commercial. Cette coproduction avec la France, d'où la présence incongrue de Jacques Dufilho, se voulait comédie mordante et spirituelle. Ce n'est qu'une pochade inoffensive où l'égérie du cinéaste, Carole Laure, fait tapisserie.

 

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La tête de Normande St-Onge, 1975
Sa mère est folle, sa soeur bohème, son compagnon oisif, sa voisine alcoolique. Tous dépendants de Normande St-Onge, employée de pharmacie. Sans compter un magicien qu'elle héberge alors qu'elle va être chassée de chez elle. Gilles Carle a tourné 7 fois avec sa muse, Carole Laure, qui n'a jamais été aussi étonnante qu'ici. La pression sociale et familiale, le cinéaste la traite avec des scènes oniriques et de pure fantaisie. Elément essentiel : la musique, tantôt pastorale, tantôt dissonante, de Lewis Furey. Drôle de film, insaisissable, qui annonce le Gilles Carle de la décennie suivante, au cinéma de moins en moins tourné vers le réalisme. Denys Arcand apparait dans un petit rôle. Un clin d'oeil à l'autre réalisateur québecois majeur de cette période.



23/05/2015
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