Cavalcade de vieux films (Octobre/2)
Ville conquise (City for Conquest, Anatole Litvak, 1940)
Une symphonie pour New York, ville de tous les rêves. Ils se connaissent depuis l'enfance, Danny et Peggy, faits l'un pour l'autre, et le frère du premier. Ils sont ambitieux et fougueux, l'un pour la boxe, l'autre pour la danse, le troisième pour la musique. Le destin les sépare parfois : succès, déchéance, la différence tient parfois à peu de choses. Ecrit avec infiniment d'acuité, réalisé avec panache même si Litvak n'a pas le lyrisme d'un Ford ou la puissance d'un Walsh, le film est un classique qui ne fait pas son âge. James Cagney et Ann Sheridan y sont formidables et bien entourés : par un Anthony Quinn jeune, entre autres, et un Elia Kazan qui n'a pas encore choisi la mise en scène. Un grand film américain comme on les aime, avec une touche mélodramatique sur la fin, qui ne gâche pas la bonne impression générale.
Les sept voleurs de Chicago (Robin and the 7 Hoods, Gordon Douglas, 1964)
Produit par Sinatra himself, ce divertissement musical sur fond de rivalités de gangs est une belle réussite du genre. Beaucoup de classe et de décontraction et des interprétations au poil : Sinatra, Dean Martin et Sammy Davis Jr en tête. Mais aussi Bing Crosby, parfait gentleman, Edward G. Robinson pour une courte apparition et, grandiose, un Peter Falk au débit de mitraillette dont on jurerait qu'il a inspiré Joe Pesci dans ses futurs rôles. Bref, c'est du cinéma champagne rythmé et impeccablement mis en scène par un Gordon Douglas dont on se demande pourquoi il est si peu présent dans les anthologies du cinéma.
Tout au long de la nuit (All night Long, Basil Dearden, 1964)
Pour ceux qui aiment le jazz. L'intrigue, inspirée de Othello, ne pourrait être que prétexte à réunir le gratin du jazz, Brubeck et Mingus en tête. Il n'en est rien, le film développe une histoire assez machiavélique de manipulation lors d'une nuit de célébration d'un premier anniversaire de mariage. Un huis clos de plus en plus oppressant, cadencé par de splendides parties musicales, magnifié par un noir et blanc superbe. A propos de noir et blanc, on apprécie la façon on ne peut plus naturelle dont le film aborde le sujet des couples interraciaux alors que Hollywood y voyait alors principalement des problèmes.
Une espèce de garce (That kind of Woman, Sidney Lumet, 1959)
1944. Un coup de foudre dans un train de nuit entre Miami et New York. Elle est une femme entretenue, il va partir au front. Hum. L'un des films les plus obscurs de Sidney Lumet et pas sans raisons. Au-delà de son titre français, odieux, il se révèle bavard et peu crédible dans sa continuité. Le cinéaste semble mal à l'aise dans cette histoire qui flirte avec le mauvais roman photos et sa mise en scène rugueuse cadre mal avec le propos, si tant est que celui-ci soit d'un intérêt quelconque. Cela dit, il n'y a pas de mauvais sujet, il est juste ici très mal écrit et impossible à sauver aussi grand soit le talent de Lumet. Quant à Sophia Loren, il vaut mieux ne pas parler de sa piètre performance.
La sorcellerie à travers les âges (Häxan, Benjamin Christensen, 1922)
L'un des premiers docu-fiction de l'histoire, moins intéressant dans son côté didactique, quoique l'obscurantisme et les superstitions méritent toujours d'être dénoncés, que par ses scènes jouées, lesquelles restent fidèles à l'imagerie traditionnelle du Moyen-Âge dans la représentation du Diable et de ses méfaits. Certains passages sont vraiment saisissants et tellement "vivants" qu'ils provoquèrent l'interdiction du film dans certains pays. La conclusion, sur le traitement de l'hystérie et le sort des personnes âgées dans la société des années 20 est largement moins convaincante.
Tel quel, le film reste tout de même fascinant et occupe une place à part dans l'histoire du cinéma.
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