Cinéphile m'était conté ...

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Provision de vieux films (Septembre/3)

Japanese War Bride, King Vidor, 1952

Blessé en Corée, un militaire américain tombe amoureux de son infirmière japonaise, l'épouse et revient vivre avec elle, dans sa famille, en Californie. Film un peu oublié de la carrière de King Vidor, Japanese War Bride, malgré une intrigue prévisible, ne démérite pas, bien au contraire. Les cicatrices de la seconde guerre mondiale ne sont pas encore refermées et le film traite sans faux-semblant et avec courage d'un certain racisme anti-japonais qui a perduré en Amérique durant une longue période. Pas étonnant qu'il n'ait pas eu beaucoup de succès à l'époque de sa sortie. Don Taylor manque d'épaisseur dans le rôle principal masculin et le film repose surtout sur les épaules de l'excellente actrice sino-japonaise Shirley Yamaguchi, vue auparavant dans Scandale de Kurosawa et La maison de bambou de Fuller. Sur un thème voisin, le Sayonara (1957) de Joshua Logan, avec Marlon Brando lui est largement inférieur.

 

Something for the Birds, Robert Wise, 1952

Membre de la Société de protection des condors de Californie, espèce menacé par une compagnie gazière, une jeune femme cherche des appuis à Washington. La première comédie de Robert Wise rappelle par son thème le célèbre Mr. Smith au Sénat de Capra. Something for the Birds est moins brillant mais la réalisation de Wise est fluide et le tempo rapide, même si la romance incluse n'a à peu près aucun intérêt. Victor Mature et Patricia Neal ne sont pas mal, respectivement en lobbyiste sans scrupules et en idéaliste obstinée mais c'est bien le vénérable Edmund Gwenn, 75 ans, qui domine le film, moitié escroc, moitié chevaleresque et absolument irrésistible.

 

Nobody's Darling, Anthony Mann, 1943

Un spectacle est en préparation dans une pensionnat chic de Hollywood, fréquenté par des enfants d'artistes. Nobody's Darling est le troisième film d'Anthony Mann qui fait encore ses gammes, en attendant de passer à la vitesse supérieure. Le film, au milieu de la seconde guerre mondiale, est destiné à un public d'adolescents avec quelques numéros de comédie musicale et une romance d'une grande platitude. Rien à se mettre sous la dent, hélas, et une actrice principale, Mary Lee, qui à défaut d'être une concurrente de Judy Garland, se retira du métier dès l'année suivante.

 

La loi et la pagaille (Law and Disorder), Ivan Passer, 1974

Devant la recrudescence des crimes dans leur quartier, plusieurs amis décident de s'engager dans la police auxiliaire de New York. Moins heureux dans ses choix que son compatriote Milos Forman, Ivan Passer n'en a pas moins signé quelques films importants en Amérique, éclairés par son ironie tchèque. La loi et la pagaille est une sorte de farce cruelle sur de quasi beaufs New-yorkais, observés avec une certaine empathie, produisant une vision fort désenchantée et critique de la société américaine au milieu des années 70. Passer pratique le mélange des genres de manière souvent déconcertante, une scène tragique venant conclure de larges moments de comédie. L'interprétation générale est remarquable avec un Ernest Borgnine royal et au-dessus du lot. Dommage que ce film soit finalement aussi peu connu, avec son ton original entre Lumet et Cassavetes.

 

A travers l'orage (Way down east), Henry King, 1935

Une famille de fermiers accepte d'employer une jeune femme inconnue dont ils ne connaissent pas le passé tumultueux. Remake raccourci du film muet de Griffith (1920), lui-même adapté d'une pièce de théâtre de la fin du 19e siècle, Way down east est l'occasion pour Henry King de démontrer qu'il est un formidable raconteur d'histoires et un humaniste patenté. Un peu à la manière de John Ford, en moins brillant, mais parfois pas si loin du maître. Mélodrame avant tout, Way down east possède nombre d'éléments comiques, avec quelques personnages stéréotypés mais vivants (le juge inflexible, le poivrot pittoresque, le bellâtre séducteur, le ravi de la crèche, la commère  ...) qui forment une communauté très américaine. Les scènes finales, en pleine débâcle de glace sur la rivière, sont somptueuses avant un final un peu bâclé. C'est le deuxième film de Henry Fonda dont le charisme est déjà indéniable. Il éclipse aisément l'actrice principale, Rochelle Hudson, choisie au dernier moment et qui manque un peu de personnalité.

 

 

 

 

 



22/09/2020
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