Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Provision de vieux films (Mars/1)

L'appel du destin, Georges Lacombe, 1953

A Venise, un musicien raté et alcoolique assiste au concert de son fils adolescent, qui ne l'a jamais rencontré, chef d'orchestre prodige. Trois ans après Prélude à la gloire, dont le but était de confirmer l'aura de l'enfant star Roberto Benzi, ce nouveau film brode une fiction autour des liens filiaux et des remords du père. Si Roberto Benzi, aussi impressionnant en chef que piètre acteur, fait ce qu'il peut, Jean Marais, qui sort de la première fois de ses rôles de jeune premier, est assez impressionnant. Avec l'aide d'excellents seconds rôles : Fernand Sardou, Edouard Belmont et Jacqueline Porel, il permet au film de s'élever quelque peu au-dessus de sa condition d'oeuvrette mélodramatique et convenue. La mise en scène de Georges Lacombe, sobre et élégante, ne dépare pas. Le film, bien que connaissant moins de succès que son prédécesseur, est célèbre pour avoir engendré bon nombre de vocations musicales parmi les jeunes gens de l'époque.

 

Sait-on jamais, Roger Vadim, 1957

Le film est très représentatif du cinéma de Vadim, avec son artificialité assumée et son côté dandy un rien décadent. L'aspect de thriller de Sait-on jamais n'a strictement aucune importance, on n'y croit pas un seul instant et Vadim s'y intéresse mollement. Non, c'est le caractère frelaté de l'ensemble qui est assez fascinant avec d'une part l'innocence pure (ou presque) et de l'autre la cupidité cynique avec, au milieu, bien entendu, le désir charnel et l'inconstance féminine (Vadim aimait les femmes d'une manière casanovesque, qui est aussi une façon d'exprimer une certaine misogynie (voir la scène où Françoise Arnoul se fait violemment gifler). Il y a une grande élégance désuète dans le film, lequel a beaucoup moins vieilli que bien d'autres de la même époque, dans la mise en scène, la musique de John Lewis, la photogénie de Venise et bien entendu celle de la belle Françoise, qui n'a malheureusement pas grand chose à faire. Robert Hossein, lui, excelle en petite crapule minable et perverse.

 

Fumée blonde, Robert Vernay, 1957

Une directrice d'agence de détectives, des microfilms cachés dans un paquet de cigarettes, des espions de toutes nationalités, armés jusqu'aux dents ... Fumée blonde est une comédie d'un autre âge, pas drôle et sans cohérence, qui n'a strictement aucune qualité, surtout quand Darry Cowl entre en scène, vers le milieu du film. Hormis la publicité éhontée pour la marque Philip Morris (dans les années 50, cela ne posait de problème à personne) et son intrigue fumeuse et fumiste, on est forcément déçu par la performance médiocre de Sophie Desmarets, capable de bien mieux. Quant au réalisateur, Robert Vernay, il n'a guère brillé si ce n'est, et encore, que dans ses adaptations littéraires (Le comte de Monte Cristo, Le père Goriot).

 

Les créatures, Agnès Varda, 1966

Noirmoutier : un écrivain et sa femme devenue muette après un accident. Les créatures est un film franco-suédois, Eva Dahlbeck y joue d'ailleurs un rôle important. Il y a aussi une partie d'échecs mais ce n'est pas à Bergman que l'on pense nécessairement, plutôt au Resnais de Providence. Comment la création littéraire nait-elle ? En observant ses contemporains et en imaginant des histoires les concernant. Peu ou prou. Le film se dérobe au fur et à mesure des minutes, agaçant par sa musique stridente et Lucien Bodard qui joue comme un cochon. C'est très arty et pas loin d'être ridicule (Piccoli parle avec un cheval puis un lapin) mais Varda est une cinéaste talentueuse et toujours intéressante même avec un scénario abscons. Et Piccoli est inexorablement parfait et Deneuve irrémédiablement lumineuse.

 

Cet homme est dangereux, Jean Sacha, 1953

Qu'importe l'intrigue de Cet homme est dangereux, qui est une série B comme les français n'ont jamais su en faire. Le film a beaucoup moins vieilli que certains longs-métrages "sérieux" des années 50. Il le doit à ses dialogues, étonnamment modernes, signés Marcel Duhamel, et à une mise en scène assez imaginative, Bertrand Tavernier la trouvant sous influence de Welles, qui travailla avec le dénommé Jean Sacha, lequel ne réalisa que 8 longs-métrages plutôt obscurs, par ailleurs. Oui, on se fiche de l'histoire autour de Lemmy (Caution) public n°1 avec un Eddie Constantine qui représentait une sorte d'archétype (pour les français) d'américain cool, élégant et séducteur. Le film est aussi marqué par la prestation onctueuse de Grégoire Aslan et surtout par la présence très engagée de la fort engageante (!) Colette Déréal, qui pervertit sérieusement le rôle habituel de la femme fatale.

 



09/03/2020
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 51 autres membres